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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 2
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Roche, Denis: Nicolas Rœhrich: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0165

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

historiques et par les réflexions qu’ils peuvent suggérer. Outre qu’il est
lié avec tous les spécialistes de Russie sur ces questions, il n’est pas
inutile de dire que la collection qu’il s’est formée comprend
quelque 12 000 numéros; c’est de la documentation! Et quand
M. Rœhrich retrouve dans une forêt septentrionale un Finnois aux
bras maigres, mais tout muscles, aux mains gourdes, dont les ongles
sont déjetés et usés comme seraient des griffes, et quand, lui mettant
dans les mains un « grattoir », il le fait s’escrimer aux bribes de
chair d’une peau fraîche, on peut non seulement admirer le dessin,
mais croire de confiance au sujet qu’il réalise.

La « vie primitive » ! M. Rœhrich l’évoque sur les eaux jaunes
d’une cité lacustre, — les rives du lac sont couvertes de vieux petits
pins rabougris, tout japonais —; il l’évoque dans la belle synthèse
dessinée (un peu trop traitée en lamelles plates à la Segantini et
tenue dans des verts frigides) de ses Slaves préhistoriques clés bords
de la mer. De jeunes hommes transpercent de leurs flèches, en plein
ciel, des canards sauvages au vol ramé tandis que, assis, un vieillard
infiniment mélancolique les regarde faire. En d’autres toiles,
M. Rœhrich montre de puérils sorciers, couverts de peaux de loups,
d’antiques croyants conjurant la terre ou les eaux, de vives chasses
princières dont le retour est lourd de venaison, puis Alexandre
Nevski combattant Jarl Birger, des Slaves sur le Dniéper, etc.

En 1904, le peintre entreprit un voyage dans les vieilles villes
de la Russie qui se trouvent au nord de Moscou. Il en rapporta
une centaine de vues d’architecture, les plus fortes de couleurs, les
plus simplifiées et, en même temps, les plus démonstratives qui
aient été faites. En quelques coups d’une brosse large qui maçonne
un peu, il rend toutes ces murailles qu’encrassent des couches de
lait de chaux et des crépis de toutes couleurs, ces lignes souvent
pataudes et titubantes, ces créneaux variés, ces pavillons aux toits
en damier, ces vieilles coupoles au bulbe plus ou moins léger,
recouvert d’aisseaux. De cette course d’orientation, M. Rœhrich
rapporta quelques tableaux à sujets religieux et, sans doute, il y
fixa ses idées sur la décoration des églises. De superbes cartons
pour de riches mosaïques exécutées dans une église de Schlüssel-
bourg remontent à cette époque ainsi que des projets de décora-
tion commandés par MM. Goloubév. L’artiste s’y est tenu avec
aisance dans les termes des problèmes spéciaux qu’on lui imposait,
en humanisant toutefois les vieilles figures consacrées et en éclair-
cissant les couleurs trop sombres. 11 apparaît en tout capable de
 
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