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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 6
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Beaunier, André: Les salons de 1908, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0528

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LES SALONS DE J 908

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malgré eux, le geste héréditaire. Seulement, ils le font mal, à force
de le faire avec mauvaise humeur, et, en même temps qu'ils le font,
ils font aussi de bien puérils petits gestes. Il n’y a rien de plus
laid que ces vieilles gamineries.

Je ne dis pas que les peintres doivent traiter uniquement les
éternels sujets religieux que les peintres de la Renaissance avaient
hérités du moyen âge et qui venaient presque tous de l’Evangile.
Certes, non, je ne dis pas cela! Mais enfin, les différences sont assez
nettes et nombreuses, qui séparent une Annonciation de l’Angelico
d’une de Giotto ou d’une de Memling, pour qu’on voie que l’indivi-
dualité d’un artiste vaut par elle-même, se marque indépendamment
des doctrines d’art et des pratiques.

Et, d’autre part, combien est plus émouvante, plus profonde et
plus belle une œuvre si, liée aux réalités d’un peuple, à ses réalités
anciennes et durables, elle dépend de nos fibres assez pour les faire
tressaillir toutes !...

A cela on objecte les bouleversements qui se produisent dans la
vie d’un peuple : ils ne le transforment pas. On objecte, disons
tout, la Révolution française : eh bien ! elle a évidemment apporté
des nouveautés — bonnes ou non, ce n’est pas la question ; —
elle n’a point aboli le passé. Messieurs, aurait pu s’écrier un conser-
vateur de 1789 et même de 1793, marchant à l’échafaud, — mes-
sieurs, ou citoyens, la France continue!

Elle ne continue pas toute pareille; mais non plus ce n’est pas
une France toute neuve qui soudain naît. Dans l’évolution, et, puis-
qu’on abuse et de ce mot et de l'idée ou de la théorie qu’il résume,
dans le simple devenir d’un peuple il y a plus de permanent que
d’imprévu. C’est folie de consacrer l'art à la seule expression de
l’imprévu, sans tenir compte du permanent ; et il faut donc que la
tradition dure en même temps que la trouvaille se manifeste.

En même temps que la trouvaille se manifeste, — car je ne
désire pas qu’on recopie sans cesse le passé ni que, pour n’être point
révolutionnaire, on fasse de l’archéologie et, en l’espèce, des pas-
tiches.

A la lumière de ces idées qui sont, je crois, celles d’un judicieux
traditionalisme, visitons l’exposition des Artistes français.

La sculpture y abonde : neuf cent soixante-neuf numéros. Quelle
époque de bronze et de marbre, la nôtre!... Quelle époque où, en
douze mois, il y a un si grand nombre de personnages ou d’idées
 
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