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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Bertaux, Émile: Le mausolée de Charles le Noble à Pampelune et l'art franco-flamand en Navarre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0127

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LE MAUSOLÉE DE CHARLES LE NOBLE A PAMPELUNE l ! L

ouvrages de pierre »L Mais à Tournai meme, les petits bas-reliefs
funéraires qui ont été recueillis à l’académie de Saint-Luc donnent
une assez piètre idée des sculpteurs tournaisiens du xive et du
xv° siècle : « Que sont », écrit M. Kœchlin, « ces moines endormis au
pied de la couche funéraire du frère Jean de Fienne (1413 on 1423),
si simples d’attitude et si bourgeoisement saisis sur le vif, au prix
des extraordinaires pleurants, d’une furieuse violence et outrance de
réalisme, des tombeaux bourguignons ? »

Au milieu de ces œuvres médiocres et décevantes, dont la
Flandre conserve les morceaux, le groupe des tombeaux sculptés à
Pampelune par un Tournaisien apparaît comme un fait nouveau. Le
tombeau de Charles le Noble, commencé cinq ans après l’achève-
ment du tombeau de Philippe le Hardi, est, dans l’Europe entière,
le seul monument actuellement conservé qui puisse être rapproché
des tombeaux des ducs de Bourgogne. Je sens ce qui lui manque
pour égaler l’œuvre de Claux Sluter et de Claux de Werve. Il manque
d’abord au tombeau de Pampelune les minuscules angelots qui, à
Dijon, étaient posés sur les pieds-droits des arcades, avec des mines
contristées, comme autant de « pleurants » ailés. Les « pleurants »
eux-mêmes sont isolés, et immobiles, autour du tombeau du roi de
Navarre ; l’on ne suit pas dans leur assemblée ce mouvement qui
entraîne autour des sarcophages des ducs tous les petits personna-
ges et en forme une longue procession qui semble passer derrière la
colonnade d’un cloître. Les figurines sont plus raides et plus minces,
les draperies moins opulentes, les attitudes plus monotones, les
mines moins arrogantes ou moins piteuses : le deuil d’apparat a perdu
son comique énorme et sinistre.

Peut-être l’albâtre cireux et mou convenait-il moins au sculpteur
de Tournai que la rude et robuste pierre. Les statuettes du tombeau
de Lionel de Navarre, que l'on ne peut refuser de rendre à Janin
Lomme, ont la virilité superbe des pleurants et des Prophètes de
Dijon; le Dieu le Père, qui bénit du haut du pinacle, fait penser
de loin à l’immortel Moïse.

Rien n’autorise à supposer que Lomme ait jamais vu la Bour-
gogne. L’art dont il est le représentant, nous devons admettre,
jusqu’à preuve du contraire, qu’il Fa appris dans sa ville natale.
Voici que le chef-d’œuvre de la sculpture tournaisienne se retrouve 1

1. On a attribué sans raison à ce Tournaisien la Vierge du portail de
l’église de Champmol. Cf. A. Kleinclausz, Claus Sluter (coll. Les Maîtres de l’art),

p. 1)2-62.
 
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