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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 1
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Mély, Fernand de: Jean Fouquet et les "Heures de Laval": les primitifs et leurs signatures
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0020

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10

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des Laval, peintes sur une housse supportée par un guépard1.

En dehors de la Création et de ces Sibylles, tout le reste du
volume sera d’une unité parfaite.

Pour être mis entièrement en lumière, ce manuscrit demanderait
de bien longues pages. Je laisse donc de côté les encadrements
exécutés certainement d’après des modèles excellents, mais qui sont
d’artistes de second ordre; je parlerai surtout des grandes miniatures.

Le Christ et les Sibylles sont admirables. La gravure ne saurait
rendre le charme exquis de ces peintures lumineuses, le teint velouté
des chairs, le blanc des voiles qui tranche si nettement sur l’or des
cheveux, enfin l’opposition du manteau bleu avec la robe de laque
ombrée d’or et le vert d’eau de la chaise sculptée où est assise la
Sibylle libyenne.

Au f° 39, une Pietà rappelle celle qu’on croit pouvoir attribuer à
Rogier van der Weyden.

Au f° 50 v° est une Vierge très particulière, devant laquelle est
agenouillé Louis de Laval. C’est du très grand art.

Avec le fü 96 commence une série d’enluminures d’une technique
très différente. Elles sont très gouachées, très gommées, extrême-
ment brillantes : on les dirait vernies; elles se poursuivent jusqu’au
f° 160, mais elles sont d’une facture des plus courantes. Au milieu
d’elles on rencontre, cependant, çà et là quelques pages de la pre-
mière main, entre autres un Couronnement cle la Vierge qui rappelle
Memling, avec des ombres violettes très inattendues à cette époque
sur les vêtements blancs (f° 147 v°).

Avec le f° 179 reprennent les extraordinaires décorations, cer-
tainement françaises. Mais, au lieu de rester dans la technique
ponentaise, comme les premières, elles rappellent par la présenta-
tion, par le faire, par le coloris, Fra Angelico. Ce sont, aux fos 179,
180, 181, des Saints assemblés aux figures singulièrement énergiques,
des portraits certainement ; au f° 182 des Saintes, dont les auréoles
d’or innombrables se perdent dans l’infini, pendant qu’au premier
plan les voiles blancs, les manteaux d’or, les robes bleues et blanches,
les vêtements laqués, se jouent avec une incomparable douceur sur
les nimbes brillants qui vont s’étageant par milliers, jusqu’aux
limites de l’horizon. L’auteur de cette fresque minuscule est certaine-
ment un de nos plus grands maîtres français.

J. Les Sibylles des Heures de Laval ont été rapprochées de celles d’Engrand
Le Prince, auteur des verrières de Beauvais, par M. Gaston Varenne dans la
Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 1907, p. 400.
 
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