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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 2
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Dorbec, Prosper: Les influences de la peinture anglaise sur le portrait en France (1750 - 1850)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0114

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

au Salon do 4831 \ On no fut pas non plus, soit par les voyages,
soit par ce qu’en apprenaient les estampes eu circulation, sans se
familiariser avec l’art de Gainsborough. 11 fut un moment — mettons
de 1827 à 1835 — où nos peintres étaient à ce point hautes par la
méthode voisine, qu’ils ne pouvaient plus envisager qu’à travers elle
les réalités. Decaisne s’entendait reprocher d’avoir converti la Mali-
bran, interprétant Desdémone, en une Malvina ossianique2. Il y eut
des pasticheurs quasi professionnels comme ce baron Schwiter que
nous signale Gustave Planche et qui fut l’ami de Delacroix. L’école
anglaise fut la directrice de Champmartin, qui lui dut sa vogue de
portraitiste durant surtout les premières années du règne de Louis-
Philippe3. Elle fut celle de Louis Boulanger, de Jean Gigoux dans la
figuration de leurs contemporains. Une effigie d'homme par Jean
Court, qui fut très remarquée à la partie rétrospective du Salon
d’Automne do I9124, attestait son influence. L’esprit éclectique d’Ary
Scheffer revint à elle toutes les fois qu’il en jugea les procédés con-
venir au caractère du modèle; c’est dans ce goût qu’au sentiment de
Philippe Bu ri y il interpréta la duchesse d’Elchingen.

Mais l’artiste sur lequel l’exemple de la figure anglaise eut l’in-
fluence la plus capitale est Eugène Delacroix. Il confie quelque part
qu’il n’abordait pas le portrait sans une certaine appréhension. En
tout cas la conception qu’il s’en faisait était nettement dans les
données anglaises, et il trouva en elles la véritable formule du por-
trait romantique. 11 avait rapporté celte formule de son séjour
outre Manche en 1825, de ses visites aux ateliers de Lawrence,
Wilkie, Elty, Ilaydon, de ses stations devant les œuvres de Gainsbo-
rough, qu’il proclamait « ravissant ». Mais Lawrence surtout exerça

\. Cli. Lenormant, Salon de 1831.

2. Cli. Lenormant. Ce portrait a été gravé par Ch. Turner.

3. Portraits (le Mme de Mirbel, Salon de 1831 (au musée deVersailles), du Duc
de Crussol, Salon de 1833. Gustave Planche se souvenait d’avoir vu de lui, à l’expo-
sition de 1831, (( une tète d’enfant, d’une transparence délicieuse, comparable aux
chefs-d’œuvre de Lawrence ». On vit, il y deux ans,à Bagatelle (à l’occasion d’une
exposition organisée par la Société des artistes de Neuilly), quelques morceaux
de Champmartin, comme les images de sa femme, de Louis-Philippe (1835), de
« Paquita », de M. Raulin..., dénonçant bien l’étude des procédés du maître
britannique. Il semble avoir voulu, dans la suite, s’affranchir un peu de cette
méthode; ses carnations, comme le lui reprocha G. Planche, tournèrent au
«beurré » : on en a la preuve, au Musée Carnavalet, par son portrait d’Eugène
Delacroix peint vers 1840; il perdit alors beaucoup de son charme, lequel du
reste était surtout un charme d’emprunt.

4. Reprod. dans la Gazelle des Beaux-Arts, 1912, t. 11. p. 417.

5. Article déjà cité.
 
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