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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 2
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Dorbec, Prosper: Les influences de la peinture anglaise sur le portrait en France (1750 - 1850)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0117

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GAZETTE DÈS BEAUX-ARTS

i02

11 fallait que ces idées des temps enthousiastes lui fussent demeu-
rées chères, puisqu’il les exprimait encore en 1858 à Théophile
Silvestre, quand déjà l’école de Reynolds et de ses successeurs prenait
sa place dans l’histoire1. Tlioré, en 1861, l’ayant amené, au sujet de
Bonington, à reporter sa pensée vers les années des débuts et des
luttes, il aurait pu témoigner de la trace profonde laissée en lui par
son camarade de jeunesse, en montrant certaine tête de Femme
âgée qu’il avait exposée à l’un des derniers Salons ( 1855)2, et qui
offrait bien de l’analogie avec la Vieille servante du peintre anglais,
possédée aujourd’hui par le Louvre.

En dépit de cet engouement des ateliers romantiques pour la
leçon anglaise, elle est loin d’avoir exercé sur nos peintres de por-
traits une action aussi importante que sur nos peintres de paysages.
Peut-être nos peintres de portraits lui durent-ils, du moment que le
costume d’outre-Manche avait été adopté, le talent d’en exprimer un
peu mieux l’élégance aisée que n’y avaient réussi leurs prédécesseurs
de l’époque impériale, le talent, comme le disait Charles Lenormant,
« de mettre un frac sur le dos d’un honnête homme sans lui donner
tournure gauche et bourgeoise ». Ils lui durent aussi un sentiment
des colorations raffinées qui s’était bien perdu depuis la brillante
pléiade des pastellistes du règne de Louis XV, et qui a inspiré, vers
1830, d’agréables effigies de contemporains. Mais la leçon n’a pas eu
de portée plus appréciable.

Bien que l’on voie toujours avec plaisir réapparaître le goût
anglais dans nos portraits, il connaît trop les faciles moyens de
plaire accessibles au pinceau simplement habile; il ne pouvait
éclipser notre vieille méthode française et ses procédés d’observation
raisonneuse et déductive. La tradition d’un pays n’a-t-elle pas fait
l’épreuve de certaines règles appropriées à la représentation des
nationaux? Justement, en ces années mêmes où le goût anglais était
parvenu chez nous à la pleine faveur et y était imité sans réserve, la
discipline ingriste veillait au maintien des antiques principes.

PRosuer nonBEC

î. Lettres d'Eugène Delacroix recueillies et publiées par Pli. Burty, 2e éd.
1880, t. 11, p. 189-194.

2. Reproduite dans la Gazette des Beaux-Arts, 1910, t. II, p. 15.
 
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