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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 4
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Leprieur, Paul: Un triptyque de Roger de la Pasture au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0299

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

commune des jeunes époux, durant leur courte union, c’est-à-dire
entre 1450 et 1452, ainsi que l'a conjecturé M. Ilocquet. Ce n’est guère
dans les premiers temps d’un mariage pourtant, et à la lleur de l’âge,
que de telles pensées viennent. Combien n’est-il pas plus naturel
d’imaginer que ce fut justement la mort prématurée du mari
(25 juin 1452) qui détermina la commande par sa veuve d’une
sorte d’ex-voto funèbre, témoignage d’amour et de regrets, en même
temps qu’liommage religieux où elle s’unit à lui! L’œuvre prend
ainsi un sens émouvant et profond, conforme à toutes les vraisem-
blances. Dans l’une et l’autre hypothèse, d’ailleurs, que le triptyque
ait été peint par Roger de la Pasture au moment où se terminait le
retable de Reaune, ou, comme nous le supposons, dans les années
qui en suivirent immédiatement l’achèvement, vers 1452-1455, les
renseignements historiques, appuyant et confirmant les indications
du style, permettent de le rattacher indubitablement à une période
précise, touchant à la fin de la carrière du maitre.

Les deux familles dont les noms demeurent associés à l’exécu-
tion de ce chef-d’œuvre nous sont inégalement connues. Si les
Braque ou Bracque (selon qu’on adopte l’une ou l’autre orthographe)
tiennent une place importante dans le nobiliaire français1, en
revanche, on sait peu de chose des Brabant . Il est curieux de constater,
en tout cas, que l’une et l’autre famille semblent originairement
venues de Paris, pour s’installer à Tournai et y faire souche. On ne
saurait trouver exemple plus typique des déplacements et acclima-
tations en divers pays, entraînés si fréquemment alors par les cir-
constances, et qui eurent généralement pour suite des changements
de nationalités. Les Braque pourraient bien, comme l’ont supposé
certains généalogistes, être primitivement d’origine italienne, chan-
geurs lombards peut-être (les Bracche) attirés, comme tant de leurs
congénères, par le renom de Paris, qu’on trouve fixés dans l’Ile-de-
France dès le xie siècle et complètement naturalisés parisiens au xivc.
Quant aux Brabant, leur nom même indique que, bien que trans-
plantés également à Paris, ils étaient originaires du Nord et que la
branche de leur famille qui y retourna ne faisait que reprendre pied
dans son pays d’origine. La Généalogie de la famille de Brabant déjà

i. D’Hozier leur consacre une centaine de pages dans son Armorial général
(registre III, lre partie, p. 131-228; Paris, 1752, in-fol.). Cf. la réimpression
Didot de l’édition originale. Au Cabinet des titres de la Bibliothèque Nationale
sont conservés, en outre, de volumineux dossiers manuscrits les concernant,
que nous avons également consultés.
 
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