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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

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Nr. 4
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Rosenthal, Léon: La genèse du réalisme avant 1848, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0344

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

raitre comme une source de joies esthétiques égale ou supérieure à
toute autre, puissante, imposante et épique. Ainsi elle s’était révélée
à Géricault lorsqu’il peignait le Cuirassier blessé, le Radeau de la
Méduse; ainsi il l’aurait affirmée s’il avait pu donner une forme défi-
nitive à la Course des chevaux libres, développer les idées qu’il avait
indiquées dans des dessins magnifiques comme Y Abattoir, dans des
croquis hâtifs comme la Traite des noirs ou Y Inquisition. Mais, entre
la mort de Géricault et le moment où, après la Révolution de 1848,
Courbet eut pris conscience de son propre génie, aucun artiste n’eut
assez d’envergure pour reprendre l’œuvre interrompue. Toutefois,
à maintes reprises, des velléités se produisirent, coups frappés
par des mains trop faibles ou donnés au hasard, manifestations
incomplètes sans lendemain, qui suscitèrent une émotion partielle
et vite apaisée, velléités qui, du moins, pour nous jalonnent le temps.

Dès 1833, Odier expose Le Dragon blessé', où le souvenir de Géri-
cault, celui de Gros aussi sont présents. La composition est à la fois
très simple et frappante, dramatique avec discrétion ; les dimensions
considérables, la vigueur sombre du coloris, attestent la netteté du
parti pris. Mais le dessin manque de caractère, les formes restent
un peu creuses ; le tableau reçoit des éloges sans portée2 et ne s’im-
pose pas à l’opinion.

Deux ans plus tard, sur un thème analogue, Boissard expose un
Épisode de la retraite de Russie3. Cette fois, l’œuvre est de premier
ordre; elle a fait sensation quandellea reparu,en 1900, à l’Exposition
centennale; elle a grande allure au musée de Rouen, et je ne doute
pas qu’elle ne devint populaire si elle était conservée à Paris. Ce tableau,
d’après le rédacteur des Annales du Musée, « est effroyable de vérité.
Un homme et un cheval, couchés et groupés comme s’ils avaient
voulu se réchauffer l'un l’autre, sont saisis par la mort dans un hor-
rible état de déformation. Quel sujet4! » Malheureusement, Boissard,
homme à talents, physionomie très curieuse5, ne renouvelle pas sa
tentative et, comme Odier, il abandonne le combat.

En 183G, Y Épisode de la retraite de Russie de Charlet0 obtient un
succès peut-être supérieur à sa valeur intrinsèque, succès auquel

1. Au musée d’Amiens, sous le numéro 220.

2. « En somme, c’est une étude distinguée » (Le National, 23 mars 1833).

3. Au musée de Rouen.

4. Salon de 1833, p. 42 (Annales du Musée).

5. Théophile Gautier trace de lui un piquant portrait dans la préface des
Œuvres complètes de Baudelaire.— Voir aussi Delacroix, Journal, t. I, p. 227.

G. Au musée de Lyon, sous le numéro 200.
 
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