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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
et à Jean de Donon de « faire et parfaire » le tout en fournissant les
matériaux nécessaires pour « le jour et feste de Notre Dame d’août
prochain venant », moyennant la somme de 9400 livres tournois.
En février 1636, Le Roy délivrera la quittance finale de cette
somme
D’après les devis mentionnés par tous ces contrats, Philbert Le
Roy devait toucher en tout 204 476 livres. D’après les comptes de
M. Forest, il a reçu 213 600 livres, soit une différence de 9124 livres.
Nous supposons que celle différence représente le chiffre des frais de
l’aménagement de l’aile droite, que nous n’avons pas retrouvé et qui
a pu être plus élevé que celui des frais de l’aile gauche.
Tels sont les contrats qui furent passés entre Philbert Le Roy et
Louis XIII au sujet du château de Versailles. La preuve décisive était
donc acquise. Le château de Versailles de Louis XIII, celui que nous
connaissons, celui que Louis XIV a plus au moins respecté, celui
dont on admire encore aujourd’hui, sur les côtés de la cour de Marbre,
les élégantes dispositions et l’heureux effet de décoration brique et
pierre, ce château ne date pas de 1624: il n’est ni de Le Mercier, ni
de Salomon de Brosse — qui était mort en 1626 ;— il a été construit
de 1631 à 1634; il est l’œuvre certaine, indéniable, définitive, de
l’architecte Philbert Le Roy.
Le Roy avait-il aussi construit le château de 1624? Nous l’igno-
rons. 11 y a même des raisons de ne pas le croire'2. De qui est ce
château? Nous l’avons longtemps et vainement cherché. De fait, la
question n’a qu’une importance secondaire. Si ce château de 1624 a
entièrement disparu, s’il n’en subsiste que des fondations qu’on
retrouverait sans doute, pour la façade ouest, au fond de la cour de
Marbre, à six mètres — à l’intérieur — de la façade actuelle; si la
construction était à ce point petite — six mètres de large sur 24 de
long — que les contemporains s’appliquent à n’en parler qu’avec
dédain : — « picciola casa », écrivait l’ambassadeur vénitien ! ; « chétif
in-8, p. 27), parle de « ces grandes arcades où l’or et le vert sont si bien
mêlés ensemble ».
1. Quittance notariée figurant à la suite de l’acte.
2. On va voir, en effet, que Le Roy n’a été nommé architecte du roi qu’en
1626. D’autre part, durant cette année 1624, il est très occupé par un grand
projet de canal dont il va être question ; dans ce projet, il ne s’intitule qu’in-
génieur et on ne constate pas qu’il paraisse occupé ailleurs par Louis XIII.
3. Dépêche de G. Pesaro du 11 juillet 1624 (Bibl. Nat., ms. italien 1782,
p. 376).
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et à Jean de Donon de « faire et parfaire » le tout en fournissant les
matériaux nécessaires pour « le jour et feste de Notre Dame d’août
prochain venant », moyennant la somme de 9400 livres tournois.
En février 1636, Le Roy délivrera la quittance finale de cette
somme
D’après les devis mentionnés par tous ces contrats, Philbert Le
Roy devait toucher en tout 204 476 livres. D’après les comptes de
M. Forest, il a reçu 213 600 livres, soit une différence de 9124 livres.
Nous supposons que celle différence représente le chiffre des frais de
l’aménagement de l’aile droite, que nous n’avons pas retrouvé et qui
a pu être plus élevé que celui des frais de l’aile gauche.
Tels sont les contrats qui furent passés entre Philbert Le Roy et
Louis XIII au sujet du château de Versailles. La preuve décisive était
donc acquise. Le château de Versailles de Louis XIII, celui que nous
connaissons, celui que Louis XIV a plus au moins respecté, celui
dont on admire encore aujourd’hui, sur les côtés de la cour de Marbre,
les élégantes dispositions et l’heureux effet de décoration brique et
pierre, ce château ne date pas de 1624: il n’est ni de Le Mercier, ni
de Salomon de Brosse — qui était mort en 1626 ;— il a été construit
de 1631 à 1634; il est l’œuvre certaine, indéniable, définitive, de
l’architecte Philbert Le Roy.
Le Roy avait-il aussi construit le château de 1624? Nous l’igno-
rons. 11 y a même des raisons de ne pas le croire'2. De qui est ce
château? Nous l’avons longtemps et vainement cherché. De fait, la
question n’a qu’une importance secondaire. Si ce château de 1624 a
entièrement disparu, s’il n’en subsiste que des fondations qu’on
retrouverait sans doute, pour la façade ouest, au fond de la cour de
Marbre, à six mètres — à l’intérieur — de la façade actuelle; si la
construction était à ce point petite — six mètres de large sur 24 de
long — que les contemporains s’appliquent à n’en parler qu’avec
dédain : — « picciola casa », écrivait l’ambassadeur vénitien ! ; « chétif
in-8, p. 27), parle de « ces grandes arcades où l’or et le vert sont si bien
mêlés ensemble ».
1. Quittance notariée figurant à la suite de l’acte.
2. On va voir, en effet, que Le Roy n’a été nommé architecte du roi qu’en
1626. D’autre part, durant cette année 1624, il est très occupé par un grand
projet de canal dont il va être question ; dans ce projet, il ne s’intitule qu’in-
génieur et on ne constate pas qu’il paraisse occupé ailleurs par Louis XIII.
3. Dépêche de G. Pesaro du 11 juillet 1624 (Bibl. Nat., ms. italien 1782,
p. 376).