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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
des qualités sérieuses de dessin que nous trouvons dans les autres
œuvres de l’artiste. Le personnage porte une perruque bouclée
avec catogan et nœud en ruban noir, un jabot de dentelle et un habit
marron clair. Lemoine n’avait alors que vingt-trois ans. On voit
déjà qu’il avait profité des leçons de son mailre, Jean-Baptiste Des-
camps, directeur de l’Ecole de peinture et de dessin de Rouen.
JM. R. Garreta possède un portrait d’homme, de profil également,
et aux trois crayons, qui porte cette inscription : « Dessiné par
Lemoine en 1776 ».
A l’àge de vingt-huit ans, le peintre rouennais est à Paris. Il y
connut La Tour. Fréquentant le monde du théâtre, quelques-unes des
actrices et danseuses les plus en vue deviennent ses modèles. En
1779 il fit le portrait de la Duthé, la comparse de l’Opéra qui fut
plus tard la favorite des princes. Le dessin aquarellé de ce portrait
se trouve dans la collection de M. Albert Lehmann. Il a été gravé en
couleurs par Janinet, et l’on sait quels prix élevés les épreuves de
cette gravure atteignent aujourd’hui dans les ventes.
A la même année 1779 appartient un croquis à la pierre d’Italie,
de la collection de M. Marius Pauline : trois dames assises autour
d’une table et jouant aux cartes. Auprès de la signature « Lemoine
ciel. 1779 », on lit cette inscription tracée par le dessinateur lui-
même : « Madame de Marolles, Madame des Anbris et Madame de
Labcct, dessiné au château de Madame..., par Lemoine 1779.
Les Affiches de Paris mentionnent en 1781 un portrait de Fontc-
nellc, par Lemoine, d’après un buste dont le sculpteur est Jean-
Baptiste Lemoyne; celles de 1783 signalent le portrait de la Saint-
Huberty, la célèbre cantatrice du théâtre de l’Opéra. La gravure en
couleurs de ce portrait par Janinet 1 faisait comme pendant, disent
les Affiches, au portrait de Mlle Colombe], du même auteur.
Le portrait de l’artiste par lui-même, daté de 1783 et apparte-
nant à M. Marius Pauline, dessiné au crayon noir et à l’estompe et
rehaussé de gouache, est d’une exécution très souple. 11 porte cette
inscription, de l’écriture de l’artiste : « Dédié ci Mme Lemoine, l'aînée,
par l’original ». Ne serait-ce pas cette dame Lemoine qui avait signé
à l’acte de baptême de Jacques-Antoine? Dans tous les cas, ce por-
trait présente un réel intérêt pour la biographie de l’artiste, qui avait
alors trente-deux ans.
Nous possédons un portrait de Mme Le Hayer (née Françoise le
1. Costumes et Annales des grands théâtres de Paris, par Le Vacher de Cliar-
nois, 1780-1789, 7 vol.
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des qualités sérieuses de dessin que nous trouvons dans les autres
œuvres de l’artiste. Le personnage porte une perruque bouclée
avec catogan et nœud en ruban noir, un jabot de dentelle et un habit
marron clair. Lemoine n’avait alors que vingt-trois ans. On voit
déjà qu’il avait profité des leçons de son mailre, Jean-Baptiste Des-
camps, directeur de l’Ecole de peinture et de dessin de Rouen.
JM. R. Garreta possède un portrait d’homme, de profil également,
et aux trois crayons, qui porte cette inscription : « Dessiné par
Lemoine en 1776 ».
A l’àge de vingt-huit ans, le peintre rouennais est à Paris. Il y
connut La Tour. Fréquentant le monde du théâtre, quelques-unes des
actrices et danseuses les plus en vue deviennent ses modèles. En
1779 il fit le portrait de la Duthé, la comparse de l’Opéra qui fut
plus tard la favorite des princes. Le dessin aquarellé de ce portrait
se trouve dans la collection de M. Albert Lehmann. Il a été gravé en
couleurs par Janinet, et l’on sait quels prix élevés les épreuves de
cette gravure atteignent aujourd’hui dans les ventes.
A la même année 1779 appartient un croquis à la pierre d’Italie,
de la collection de M. Marius Pauline : trois dames assises autour
d’une table et jouant aux cartes. Auprès de la signature « Lemoine
ciel. 1779 », on lit cette inscription tracée par le dessinateur lui-
même : « Madame de Marolles, Madame des Anbris et Madame de
Labcct, dessiné au château de Madame..., par Lemoine 1779.
Les Affiches de Paris mentionnent en 1781 un portrait de Fontc-
nellc, par Lemoine, d’après un buste dont le sculpteur est Jean-
Baptiste Lemoyne; celles de 1783 signalent le portrait de la Saint-
Huberty, la célèbre cantatrice du théâtre de l’Opéra. La gravure en
couleurs de ce portrait par Janinet 1 faisait comme pendant, disent
les Affiches, au portrait de Mlle Colombe], du même auteur.
Le portrait de l’artiste par lui-même, daté de 1783 et apparte-
nant à M. Marius Pauline, dessiné au crayon noir et à l’estompe et
rehaussé de gouache, est d’une exécution très souple. 11 porte cette
inscription, de l’écriture de l’artiste : « Dédié ci Mme Lemoine, l'aînée,
par l’original ». Ne serait-ce pas cette dame Lemoine qui avait signé
à l’acte de baptême de Jacques-Antoine? Dans tous les cas, ce por-
trait présente un réel intérêt pour la biographie de l’artiste, qui avait
alors trente-deux ans.
Nous possédons un portrait de Mme Le Hayer (née Françoise le
1. Costumes et Annales des grands théâtres de Paris, par Le Vacher de Cliar-
nois, 1780-1789, 7 vol.