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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Bouyer, Raymond: L' exposition de la Vénerie française au pavillon de Marsan
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0042

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tardivement éclairci par l’impressionnisme naissant : l’élève de Belloc et de
Roqueplan, qui fut d’abord l'un de nos meilleurs peintres militaires à côté de
Guillaume Régamey, mort si jeune, traitait déjà, de i85o à 1870, quelques
sujets de chasse ou de courses, ici représentés par deux excellents morceaux :
Le Rendez-vous en forêt et La Curée, en pleine lumière, où l’évolution sensible
de la facture nous conseille d’intervertir les dates proposées par le catalogue.

Entre Ary Scheffer et le fameux auteur du Fauconnier, Thomas Couture,
au second plan se placent d’eux-mêmes deux bons portraitistes des infati-
gables piqueurs de Charles X : François Lepaulle et Godefroi Jadin, l’ani-
malier naguère plus réputé qu’aujourd’hui, qui remontait parfois à la légende
en évoquant Le Cerf de saint Hubert, avec sa croix d’or dans la nuit ; et
parmi des exposants très oubliés, comme Paul Chardin, le dessinateur Géli-
bert ou l'honnête portraitiste des chiens courants que fut Olivier de Penne,
il ne faut pas omettre le nom du meilleur des peintres à particule, le comte
Albert de Balleroy, l élève de J.-L. Schmitz, un spécialiste, et dont le portrait
figure au second plan de Y Hommage à Delacroix que Fantin-Latour montrait
au Salon de 1864-

Mais comme l'infériorité du xixe siècle se comprend mieux encore aus-
sitôt que se trouve constatée l'absence de son plus beau peintre de chasse, qui
n'est autre que le maître-peintre d’Ornans ! Ce Gustave Courbet, que les
jeunes novateurs du réalisme admiraient si partialement, n’apparaît-il pas,
au cours de sa carrière entière, avant l’exil, comme l’auteur singulièrement
puissant de très nombreux morceaux cynégétiques? Paysagiste, animalier,
toujours praticien sans rival pour qui «le paysage est une affaire de tons»,
n’est-ce pas lui qui manifeste ses plus beaux dons d’ouvrier pour enfouir Le
Renard sous la neige, au Salon de 1861, pour nuancer, en 1866, l’admirable
et silencieuse symphonie des verts où s’abrite presque tendrement La Remise
des chevreuils, pour évoquer plus largement La Curée, partie pour Boston,
ou IC Hallali du cerf, épisode de chasse ci courre par un temps de neige, qui par-
tageait avec La Sieste la cimaise du Salon de 1869? Un tel morceau, radieux
comme une page de Flaubert, dénonce une lacune ; et comme on opposerait
volontiers son réalisme grandiose à l'idéal d’un Retour de chassez lâge héroïque
que Puvis de Chavannes envoyait, pour ses débuts au Salon de 185g!

Ici, cependant, parmi tant d'anecdotes, la trace de l’art n’est pas absente,
et la poésie de ce sport séculaire, dont la cruauté primordiale se dérobe sous
un vernis d’aristocratique et vive élégance, se réfugie dans la solitude ; c’est
la forêt, tout le calme de la forêt qui s’exhale d’un dramatique fusain de
Karl Bodmer : Le Cerf sur ses fins ; nous ressentons, cette fois, dans toute son
ombreuse fraîcheur, la sereine émotion qui monte de la nature, même sans
éprouver les remords légendaires de ce saint Julien l’Hospitalier que le plus
 
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