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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Nr. 1
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Venturi, Lionello: La critique d'art en Italie à l'époque de la Renaissance, [2]: Léonard et Michel-Ange
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0059

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LÉONARD ET MICHEL-ANGE

47

l’ombre il sacrifie ses observations si subtiles sur l’efïet des couleurs, car
il n’aimait pas ce qu’il avait vu. Il avait observé la couleur en homme de
science, et*il aimait les ombres nuancées en artiste.

Plusieurs fois dans ses notes il revient sur ses impressions des nuances
dans la nature, avec l’esprit d’un poète : « Sur les routes, lorsque la nuit
tombe et que le temps est nuageux, regarde les visages des hommes et des
femmes : que de grâce et de douceur n’y voit-on pas ! » — « Une très
grande grâce d’ombres et de lumières se répand sur les visages de ceux
qui sont assis sur les portes
des habitations obscures. Les
yeux de l’observateur voient
le côté ombreux de ces vi-
sages obscurci par les ombres
de l'habitation, et le côté
éclairci des mêmes visages
dans une clarté intensifiée
par la splendeur de l’air.

Et par cette augmentation
d’ombres et de lumières le
visage obtient un grand relief,
avec des ombres presque in-
sensibles dans le côté éclairé
et des lumières presque insen-
sibles dans le côté ombré.

C’est alors que, par cette
augmentation d'ombres et de
lumières, le visage acquiert
le plus de beauté. » — c( Il
faut donc éviter en pein- ange, détail de la « vierge aux rochers »

. 1 . ,A PAR LÉONARD DE VINCI

ture les accents extremes, car

# (Musée du Louvre.)

1 excès de lumière est cru,

l’excès d ombre se soustrait à la vue : il faut choisir la nuance. »

Voilà comment Léonard affirme que la beauté est la nuance de la pénombre :
il lui a suffi de substituer à l’habitation une grotte de rochers, avec un senti-
ment délicat de mystère, pour créer la Vierge aux rochers du Musée du Louvre.

Pou r compléter sa pensée, il fallait que Léonard différenciât sa conception
de celle des peintres coloristes en ce qui concerne la lumière, et de celle des
peintres plastiques en ce qui concerne la forme.

Il dit à ce propos : « Les figures ont plus de grâce quand elles sont situées
dans une lumière universelle que quand elles sont situées dans des lumières
 
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