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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Brancour, Félix René: Chronique musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0129

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CHRONIQUE MUSICALE

115

rompent soudain le divertissement de ces enfants de la balle. Tout s’apaise; l’époux
de Pénélope, présenté au monarque phéacien, ne tarde pasà seconciliertousles cœurs,
— et d’abord celui de la princesse. On le presse de demeurer en cette île de Corcyre
qui l’accepterait volontiers pour souverain, le vieil Alcinoüs ne demandant qu’à lui
céder son sceptre et sa couronne. Il hésite... Mais Pallas, déjà apparue au premier
acte, surgit de nouveau. Tandis que les voix caressantes du monarque, de sa famille
et de son peuple répètent à l’envi : « Tout a changé dans Ithaque, peut-être! »
la sage déesse répond, du tac au tac : « Tout a changé... mais non le cœur de
Pénélope! » Et la voici qui évoque l’image de la reine fidèle, celle de ses prétendants,
et aussi, je pense, l’attrait des musiques harmonieuses de M. Gabriel Fauré...
Ulysse n’hésite plus. Il va donc partir, chargé de cadeaux encombrants mais utiles.
Nausicaa qui, fidèle à son étymologie, avait auparavant brûlé ses vaisseaux en laissant
voir tout l’amour dont son cœur est rempli pour le fils de Laërte, lui offre, sans
nulle rancune, des voiles tissés de ses mains pour qu’ils soient remis à Pénélope.
Et tout finit à la satisfaction générale.

La partition inspirée à M. Reynaldo Hahn par cet honnête livret est parfois assez
agréable. Non point, certes, qu’il y faille chercher beaucoup d’originalité. Mais enfin
les personnages y déclament consciencieusement leurs rôles, selon la formule actuelle,
soutenus par un orchestre qui ne les gêne en rien. De temps à autre s’esquisse un
heureux dessin, tel celui qui encadre, au premier acte, les exhortations de Pallas,
ou encore les aimables chansons fredonnées par les amies de Nausicaa. D’autres sont
moins bien venus, et l’on peut estimer assez banale la phrase, complaisamment
réitérée :

Que disent-elles,

Ces immortelles?

Mais les bondissements de la balle ne manquent pas d’élasticité et ce premier
tableau s’achève sur un gracieux decrescendo.

Le deuxième acte n’offre rien de particulièrement notable, à part un morceau
assez savoureux en mode phrygien, les danses en sont quelconques, ainsi que le com-
mentaire de l’aède chargé d’en expliquer la signification. Nous attendions le récit de
la guerre de Troie fait par Nausicaa que guide Apollon lui-même. Et voilà que ce
dieu lui montre

L’ombre d’Hector flottant sur les remparts,
oubliant sans doute que la Gassandre de la Prise de Troie avait vu, elle aussi,
L’ombre d’Hector parcourir nos remparts.

Sur cette coïncidence, le cheval de bois, étonné, se met à hennir... Cela est regret-
table. A quoi donc songèrent Apollon, Nausicaa et M. René Fauchois en mettant
ainsi en concurrence Berlioz et M. Reynold Hahn?

Cette honorable cantate, déjà jouée à Monte-Carlo en 1919, par les soins de
M. Raoul Gunsbourg — encore un compositeur! — est très bien interprétée.
Mlle Davelli, dont la voix est fort jolie lorsqu’elle n’affronte pas le registre supérieur,
et Mme P errât incarnent respectivement avec grâce et avec majesté les rôles de la
 
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