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MÉLANGES HULIN DE LOO
encore comme le portrait de Sotte Cleef peint par lai-
même. Le portrait avait été acquis, dans l’intervalle, par
le roi d’Angleterre. En l’année 1639, quand la galerie de
peintures de Charles I fut inventoriée (1) nous le trouvons,
ainsi que son pendant féminin désignés comme suit : « The
picture of the painter called Sotto Cleeve, said to be his
own picture ; done by himself.—The aforesaid fellow-piece
of Sotto Cleeve, being his wife; done by Sotto Cleeve. »
En 1639, on croyait donc connaître deux portraits authen-
tiques de la main de Sotte Cleef. De ce fait Sotte Cleef
était sacré portraitiste.
Mais on ne se tint pas à ces deux œuvres qui figurent
encore à Windsor sous le nom de Sotte Cleef. On rattacha
à elles, au cours du XIXe siècle, un amas d’autres por-
traits, qu’on croyait exécutés par la même main, comme
par exemple les deux portraits, datés de 1543 et représen-
tant un couple, qui se trouvent actuellement aux musées
de Berlin et d’Anvers (autrefois dans la collection G-rim-
storpe). Et on réserva à ce portraitiste pour le distinguer
de Joos, décédé en 1540, la dénomination de Joos van Cleef
jeune, alias Sotte Cleef.
Ce « portraitiste Joos van Cleef jeune » était un curieux
mélange de vérité et d’erreurs. Le prénom était erroné
(ce n’était pas Joos, mais bien Cornelis), la maladie céré-
brale pendant le séjour en Angleterre était bien réelle,
tandis que l’œuvre entière du peintre était échafaudée
sur un seul portrait, qui malgré la mise au point de van den
Branden continuait à passer pour l’autoportrait du fils
de Joos van Cleef, bien que Lampsonius l’avait tenu pour
le portrait du père.
Avant même que la nouvelle étude de van den Branden
(Burlington Magazine, janvier 1915) fut universellement
répandue, l’œuvre du « portraitiste Joos van Cleef le
jeune » était devenu suspecte aux historiens d’art par
(1) Voir le catalogue publié par Bathoe en 1757. p. 153. n05 7 et 8.
MÉLANGES HULIN DE LOO
encore comme le portrait de Sotte Cleef peint par lai-
même. Le portrait avait été acquis, dans l’intervalle, par
le roi d’Angleterre. En l’année 1639, quand la galerie de
peintures de Charles I fut inventoriée (1) nous le trouvons,
ainsi que son pendant féminin désignés comme suit : « The
picture of the painter called Sotto Cleeve, said to be his
own picture ; done by himself.—The aforesaid fellow-piece
of Sotto Cleeve, being his wife; done by Sotto Cleeve. »
En 1639, on croyait donc connaître deux portraits authen-
tiques de la main de Sotte Cleef. De ce fait Sotte Cleef
était sacré portraitiste.
Mais on ne se tint pas à ces deux œuvres qui figurent
encore à Windsor sous le nom de Sotte Cleef. On rattacha
à elles, au cours du XIXe siècle, un amas d’autres por-
traits, qu’on croyait exécutés par la même main, comme
par exemple les deux portraits, datés de 1543 et représen-
tant un couple, qui se trouvent actuellement aux musées
de Berlin et d’Anvers (autrefois dans la collection G-rim-
storpe). Et on réserva à ce portraitiste pour le distinguer
de Joos, décédé en 1540, la dénomination de Joos van Cleef
jeune, alias Sotte Cleef.
Ce « portraitiste Joos van Cleef jeune » était un curieux
mélange de vérité et d’erreurs. Le prénom était erroné
(ce n’était pas Joos, mais bien Cornelis), la maladie céré-
brale pendant le séjour en Angleterre était bien réelle,
tandis que l’œuvre entière du peintre était échafaudée
sur un seul portrait, qui malgré la mise au point de van den
Branden continuait à passer pour l’autoportrait du fils
de Joos van Cleef, bien que Lampsonius l’avait tenu pour
le portrait du père.
Avant même que la nouvelle étude de van den Branden
(Burlington Magazine, janvier 1915) fut universellement
répandue, l’œuvre du « portraitiste Joos van Cleef le
jeune » était devenu suspecte aux historiens d’art par
(1) Voir le catalogue publié par Bathoe en 1757. p. 153. n05 7 et 8.