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https://doi.org/10.11588/diglit.42068#0123
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MÉLANGES HULIN DE LOO
est le tableau dénommé Agnus Dei, dans l’église Saint-Jean,
à Gand. »
En 1604, l’élève de Lucas de Heere, Carel van Mander,
dans son célèbre Livre des Peintres, alourdit l’opinion de
son maître : « ... il est connu que les deux frères, tant
ensemble, que chacun d’eux isolément, peignirent plusieurs
œuvres... Le plus considérable et le plus insigne travail
exécuté par eux est le retable... Certains estiment
qu’Hubert aurait entrepris ce tableau et que Jean l’aurait
achevé : mais je suis convaincu que tous deux l’ont com-
mencé, mais qu’Hubert entretemps, et avant que ce travail
fût terminé, est décédé... ».
Et, dès lors, ce concept stupide du travail en commun
des deux frères jusqu’à la mort de l’aîné devint classique.
Grâce à la disparition de l’inscription de 1432, ce sera là
dorénavant la tradition pour tous les vulgarisateurs du
XVIIIe et XIXe siècle, pour J.-B. Descamps, pour Alfred
Miehiels, etc.
Pour ceux-là, Hubert et Jean ont pensé ensemble, comme
on chante en chœur, et peint ensemble le retable comme
deux badigeonneurs qui, coude à coude, enduisent une
muraille.
Par réaction contre cette vue par trop simpliste, l’esprit
critique commença, il y a un siècle, à s’exercer sur le polyp-
tyque. Et, dès 1822, Gustave Waagen1 ouvre cette compta-
bilité sur deux colonnes, irépartissant entre Hubert et
Jean, tels et tels éléments de l’œuvre. Comptabilité qui
subit depuis lors, de jour en jour, des ratures et des trans-
ferts, et qui n’est pas clôturée.
Waagen opéra de la façon distributive la plus élémen-
taire : Toute la partie supérieure (Dieu le Père, Marie,
Jean-Baptiste; Anges chanteurs et musiciens; Adam et
Eve) est d’Hubert. Quant à la partie inférieure, Waagen
la partage équitablement entre les deux frères : le côté
droit subjectif : moitié du panneau central et volets
mitoyens des Ermites et Pèlerins, à Hubert; et le côté
MÉLANGES HULIN DE LOO
est le tableau dénommé Agnus Dei, dans l’église Saint-Jean,
à Gand. »
En 1604, l’élève de Lucas de Heere, Carel van Mander,
dans son célèbre Livre des Peintres, alourdit l’opinion de
son maître : « ... il est connu que les deux frères, tant
ensemble, que chacun d’eux isolément, peignirent plusieurs
œuvres... Le plus considérable et le plus insigne travail
exécuté par eux est le retable... Certains estiment
qu’Hubert aurait entrepris ce tableau et que Jean l’aurait
achevé : mais je suis convaincu que tous deux l’ont com-
mencé, mais qu’Hubert entretemps, et avant que ce travail
fût terminé, est décédé... ».
Et, dès lors, ce concept stupide du travail en commun
des deux frères jusqu’à la mort de l’aîné devint classique.
Grâce à la disparition de l’inscription de 1432, ce sera là
dorénavant la tradition pour tous les vulgarisateurs du
XVIIIe et XIXe siècle, pour J.-B. Descamps, pour Alfred
Miehiels, etc.
Pour ceux-là, Hubert et Jean ont pensé ensemble, comme
on chante en chœur, et peint ensemble le retable comme
deux badigeonneurs qui, coude à coude, enduisent une
muraille.
Par réaction contre cette vue par trop simpliste, l’esprit
critique commença, il y a un siècle, à s’exercer sur le polyp-
tyque. Et, dès 1822, Gustave Waagen1 ouvre cette compta-
bilité sur deux colonnes, irépartissant entre Hubert et
Jean, tels et tels éléments de l’œuvre. Comptabilité qui
subit depuis lors, de jour en jour, des ratures et des trans-
ferts, et qui n’est pas clôturée.
Waagen opéra de la façon distributive la plus élémen-
taire : Toute la partie supérieure (Dieu le Père, Marie,
Jean-Baptiste; Anges chanteurs et musiciens; Adam et
Eve) est d’Hubert. Quant à la partie inférieure, Waagen
la partage équitablement entre les deux frères : le côté
droit subjectif : moitié du panneau central et volets
mitoyens des Ermites et Pèlerins, à Hubert; et le côté