MÉLANGES HULIN DE LOO
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des anciens historiens, et le texte de Summonte en rattache
étroitement l’auteur au règne de René d’Anjou. Le Colan-
tonio, maître d’Antonello, et introducteur de la manière
flamande à Naples, dont il parle, ne peut donc être l’auteur
que du Saint Jérôme et non de la pala.
Nous ne relevons dans le Saint Jérôme, comme dans
l’Annonciation d’Aix, que des influences purement eyc-
kiennes, tandis que dans la pala de S. Pietro Martire, et
même dans le fragment qui semble inspiré du Saint Jérôme,
apparaissent des influences postérieures de Petrus Cristus,
de Bouts ou de Van der Weyden, peut être même celles de
quelques espagnols, imitateurs des flamands, qui datent
nettement cette œuvre de la période où règne à Naples la
famille d’Aragon. M. Lionello Venturi lui-même prononce:
1456-1465, et M. F. Nicolini penche vers la date la plus
tardive, ce qui me semble juste (1).
Ma conclusion est que le Saint Jérôme du Musée de
Naples, d’ailleurs antérieur à l’Annonciation d’Aix, est,
avec tous les panneaux composant le triptyque de cette
Annonciation, du même maître, vers 1436-1442. D’un autre
peintre, postérieur de vingt-cinq ans ou davantage, et que
l’on peut dire intermédiaire entre Part du premier et
celui d’Antonello, est l’auteur du polyptyque de S. Pietro
Martire.
Le portrait du Musée de Cleveland ne peut être que de
l’un ou de l’autre. Il faudrait pouvoir l’étudier de plus près
pour en juger avec justesse. Mais, personnellement, je
pense qu’il se rapproche très intimement du Maître de
l’Annonciation d’Aix.
Louis DEMONTS.
Conservateur honoraire
au Musée du Louvre.
(1) L’hypothèse que pose M. Nicolini (p. 220) d’une évolution d’un seul
artiste entre le St Jérôme et la Pala de S. Pietro Martire, me semble tout à fait
impossible, étant donnée la supériorité de valeur artistique qu’offre la St Jérôme
sur les meilleures parties de la Pala.
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des anciens historiens, et le texte de Summonte en rattache
étroitement l’auteur au règne de René d’Anjou. Le Colan-
tonio, maître d’Antonello, et introducteur de la manière
flamande à Naples, dont il parle, ne peut donc être l’auteur
que du Saint Jérôme et non de la pala.
Nous ne relevons dans le Saint Jérôme, comme dans
l’Annonciation d’Aix, que des influences purement eyc-
kiennes, tandis que dans la pala de S. Pietro Martire, et
même dans le fragment qui semble inspiré du Saint Jérôme,
apparaissent des influences postérieures de Petrus Cristus,
de Bouts ou de Van der Weyden, peut être même celles de
quelques espagnols, imitateurs des flamands, qui datent
nettement cette œuvre de la période où règne à Naples la
famille d’Aragon. M. Lionello Venturi lui-même prononce:
1456-1465, et M. F. Nicolini penche vers la date la plus
tardive, ce qui me semble juste (1).
Ma conclusion est que le Saint Jérôme du Musée de
Naples, d’ailleurs antérieur à l’Annonciation d’Aix, est,
avec tous les panneaux composant le triptyque de cette
Annonciation, du même maître, vers 1436-1442. D’un autre
peintre, postérieur de vingt-cinq ans ou davantage, et que
l’on peut dire intermédiaire entre Part du premier et
celui d’Antonello, est l’auteur du polyptyque de S. Pietro
Martire.
Le portrait du Musée de Cleveland ne peut être que de
l’un ou de l’autre. Il faudrait pouvoir l’étudier de plus près
pour en juger avec justesse. Mais, personnellement, je
pense qu’il se rapproche très intimement du Maître de
l’Annonciation d’Aix.
Louis DEMONTS.
Conservateur honoraire
au Musée du Louvre.
(1) L’hypothèse que pose M. Nicolini (p. 220) d’une évolution d’un seul
artiste entre le St Jérôme et la Pala de S. Pietro Martire, me semble tout à fait
impossible, étant donnée la supériorité de valeur artistique qu’offre la St Jérôme
sur les meilleures parties de la Pala.