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Hulin de Loo, Georges [Honoree]
Mélanges Hulin de Loo — Bruxelles [u.a.], 1931

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https://doi.org/10.11588/diglit.42068#0315

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MÉLANGES HULIN DE LOO

Qu’il me soit permis d’ajouter quelques mots à ce plai-
doyer en faveur de Jean de Bruges.
Alors que dans les manuscrits, les compositions ne consti-
tuent qu’une concrétisation indispensable et minimum du
sujet, dans l’œuvre de Hennequin de Bruges, elles com-
portent des éléments superflus à la compréhension du récit,
— éléments artistiques — le personnage anonyme y devient
l’individu, l’attitude observée remplace le geste purement
explicatif, la réalité se substitue à la convention.
Tantôt c’est l’un des vingt-quatre vieillards qui soulève
avec effort sa couronne pour la déposer aux pieds du
Sauveur; tantôt c’est un moine aux joues rebondies qui
prend part à la lutte du dragon contre les fidèles. Ailleurs
encore, c’est une tempête au cours de laquelle une barque,
mât brisé, voile déchirée, est précipitée dans les flots avec
ses occupants.
L’une des scènes où se manifeste de façon la plus frap-
pante un naturalisme annonciateur du XVe siècle, est celle
du « Massacre du tiers des hommes par des cavaliers
montés sur des chevaux à tête de lions et à queue de
serpents » (Ch. IX. v. 16-19, 28e tableau). Confrontée avec
la représentation du même sujet dans les manuscrits de
Cambrai, de Namur, etc., elle donne la mesure de l’inspi-
ration de Hennequin de Bruges et de son interprétation
personnelle. En même temps, elle trahit une conception dia-
métralement opposée à celle de ses modèles. Dans les
manuscrits, c’est l’expression de la collectivité et l’assu-
jettissement au seul souci décoratif. C’est, dans la tapis-
serie, la recherche de l’individualisation, de la vie, du mou-
vement, du drame. Le groupe des cavaliers s’anime, les
attitudes, les expressions se diversifient ; la brutalité de la
scène s’exprime dans l’horreur des humains piétinés par
le sabot des chevaux. Le cavalier dont le casque dérobe une
partie du visage est un instantané dont on peut rapprocher
un groupe de soldats dans la scène du « Siège de la Sainte
cité » (Chap, XX, v. 7-9, 81e tableau). L’un d’eux, le regard
 
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