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N° 6.

31 Mars 1878.

Vingtième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l’aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Concours. — Le bronze
galvanoplastique. — Exposition au Cercle artis-
tique d’Anvers. — Eaux-fortes modernes belges,
prix. — Le peintre Beigaigne. — Bibliographie :
Daubigny et son œuvre. — France : L Exposition
universelle (corr. part.). — Venise. — Pensées
et maximes. — Chronique générale. Diction-
naire des..peintres. ■— Annoncés.

Belgique.

CONCOURS DE GRAVURE POUR 1878.

Nous rappelons aux intéressés que le délai
fatal de notre concours de gravure est le
30 avril prochain (Voir le programme inséré
flans notre numéro 1 de la présente année).

LE BRONZE GALVANOPLASTIQUE.

Le vendredi 22 mars une animation inac-
coutumée se remarquait, à l’arrêt du train, à
la petite station de Haeren près Vilvorde. Un
groupe compact d’invités, artistes, écrivains,
journalistes et actionnaires, venus de Bruxelles,
se dirigea bientôt directement vers l'usine
galvanoplastique de M. Aker, Chotteau et CR,
distante d’un demi-kilomètre.

Tout ce monde spécial avait été convoqué
Pour voir émerger de son bain ebimique la
statue de Jan Van Evck modelée par M. Pic-
kery. Il était onze heures quand les invités
Prirent place autour de l’immense cuve d’im-
ttiersion — la statue a quatre mètres et pèse
quinze cents kilogrammes. — Les pompes
d’épuisement fonctionnèrent et l’opération

commença.

C’était la seconde œuvre galvanoplastique
de dimensions colossales qui s’exécutait dans
Uotre pays. — La première fut le Tinctor de
M. Samain — qui désormais n avait plus rien
à envier à la Néerlande. Chez nos voisins du
’ford, en effet, on exécutait, il y a cinq ans
déjà, dans l’usine de MM. Van Kempen à Voor
Schooten, les figures modelées par M. Jacquet
Pour le monument national érigé sur la route
de la Haye à Scheveninge.

La réussite parfaite de l’œuvre nouvelle
'Impliquait décidément chez nous l’acclimata-
Loti décisive des procédés galvaniques et de
cctart nouveau qui réussit à reproduire, avec
l,ne égale facilité, les menues folioles d’une
J,'anche de fougère, les merveilleuses arabes-
(foes dont Van der Schelden enrichit capri-

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : g FRANCS

ÉTRANGER : 12 FR

cieusement le portail d’Audenarde et rêve
audacieusement de rêvetir d’une chape de
bronze immuable et solide les beautés friables
et gélives de la colonne du congrès.

Le bronze galvanoplastique constitue un
progrès inespéré et partout rend un immense
service au grand art de la statuaire. Pour
cela il suffira de jeter un rapide coup d’œil en
arrière. Autrefois, la statue, à cire perdue ou
moulée, sortait de sa chape hérissée d’une su-
perfétation de bavochures, de traits, de joints
et de jets de métal. Tous les raffinements de
l’ébauchoir du maître étaient destinés à dispa-
raître sous les morsures impitoyables des li-
mes grinçantes des traçoirs et des burins de
toute une nuée d’ouvriers ciseleurs.

Les grandes ombres des frères Relier — ces
fondeurs du Roi-soleil — ont dû maudire au-
jourd’hui le destin fatal qui les attache aux
rivages du Lethé... loin de Haeren-les-bains.

Quand le visage de la statue de Van Eyck
avec ses tons carnés de cuivre, chimiquement
pur, émergea des Ilots, bleu turquoise, de son
bain gigantesque, il eut comme un frémisse-
ment électrique. La face glabre et placide du
grand Jan, dans son immobilité sereine, sem
blait sous cette carnation métallique vivre et
penser. Ce fut un éclair : d’un élan unanime,
l’assistance applaudit à tout rompre. Chacun
courut serrer les mains de MM. Idès Chotteau
et Acker. Ce dernier surtout se voit entouré,
félicité, car il a bravement payé de sa personne
coram populo et les chaînes des poulies ont
grincé obéissantes sous l’effort de ses vigou-
reux biceps.

Tout le monde fut franchement heureux de
ce succès décisif,Pickery tout d’abord qui veut
au mois d’août inaugurer son œuvre métalisée
et vierge de ciselet ou de lime; tous les artis-
tes ensuite qui voient dans ce procédé galva-
nique, cette traduction rigide du plâtre ou de
la glaise fragile, une vulgarisation nouvelle
du grand art. Car elle se dressait devant nous
cette image colossale du peintre de Y Agneau
mystique, nous l’enveloppions d’un regard
charmé, reconnaissant presque.

Nous revenions aussi, malgré nous, â un
détail petit mais caractéristique de l’œu-
vre. Le sculpteur, en effet, a placé aux pieds
de Jan, l’alchimiste, le petit rechaud garni
d’un inatras au long col d’où sortit le fiat lux
de la peinture à l’huile et nous bénissions tout
bas la casta meretiix, muse étrange de Nico-

AUMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

RUE MARIE-THÉRÈSE, 22, LOUVAIN.

las Flamel qui fut la glorieuse aïeule de la
moderne chimie en ajoutant : ceci immortali-
sera cela. Aug. Sciioy.

EXPOSITION AU CERCLE ARTISTIQUE
A ANVERS.

La section des Arts plastiques ne se repose
pas sur ses lauriers. Quinze jours s’étaient à
peine écoulés depuis l’exposition, dont j’ai
rendu compte dans le dernier numéro du
Journal des Beaux-Arts, qu’elle nous conviait
à une nouvelle exhibition, qui pour n’être pas
aussi nombreuse, n’en présentait pas moins
un grand intérêt.

Le héros de cette nouvelle exhibition était
M. David Col, l’auteur de tant de scènes aussi
joyeuses que spirituelles, et dont on ne se
lasse pas de voir à notre Musée moderne, le
Jour de Barbe, qui, il y a quelques années, fit
tant de sensation au Salon triennal anversois.

Cette fois-ci M. Col a traité un Concours de
Canaris. La scène se passe sous l’Empire et,
naturellement, dans un estaminet de l’époque.
Dans une chambre à côté de la salle commune,
le jury du concours délibère sur le mérite des
concurrents. Sur une table, au milieu de la
chambre, sont rangés une collection de canaris
dans leur cage; aux murs bon nombre d’autres
cages, qu’un domestique, pénétré profondé-
ment de Pimportance de son rôle, décroche
tour à tour pour les soumettre au jugement de
l’aréopage, écoutant en discutant avec le sé-
rieux le plus imperturbable et le plus réjouis-
sant, le chant des oiseaux. Ce sont les membres
du jury, se tenant des deux côtés delà table,
leurs attitudes, leurs gestes, l’expression de
leur honnête face, qu’il faut voir! Rarement
l’artiste a rendu avec ce bonheur les types les
plus divers. Le président du jury est superbe
de gravité et de bonhomie. Les autres jurés
ne le cèdent en rien à leur digne chef. Ils sont
positivement à mettre sous verre, et il y a là
plus d’un personnage, qui à lui seul suffirait
à faire la fortune d’un tablean de genre. Une
servante aux allures accortes et légèrement
narquoise complète la société, et dans le fond
la foule des amateurs concurrents attend avec
une anxiété facileà comprendre, la décision du
jury. Tout cela pétille d’esprit sans une ombre
déchargé. C’est du réalisme sain dans toute la
force du terme et on ne sait ce qu’il faut ad-
mirer davantage de la composition aussi pit-
 
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