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— 45 —

L’espace occupé par un poète de génie n’est qu’un
point sur la terre, et c’est l'immensité.

L’intelligence hésite davantage sur la voie qu’elle
doit prendre, à mesure que ses vues s’élargissent.
Chaque, jonr porte son enseignement en reformant
nos projets.

Il est une vertu dont on ne se lasse jamais : l’hon-
nêteté.

La plupart ne demandent l’égalité que pour abaisser
leurs ennemis.

O. P.

(illirontgue generale.

- M. Charles Verlat, professeur à l’Académie
royale d’Anvers, termine en ce moment une vaste
toile destinée à l’exposition universelle de Paris.
Le défenseur du troupeau tel est le titre de
cette page magistrale dont les acteurs principaux,
un taureau ët un lion, sont au point d’en venir aux
prises. On sait l’énorme difficulté qu’éprouve l’ar-
tiste à peindre les animaux en mouvement : ici, en
effet, il ne s’agit pas seulement de lignes et de con-
tours, le pelage de l’animal, frappé par la lumière,
reflète des chatoiements infinis sous l’action des
muscles et ces effets pour sembler vrais » doivent
forcément avoir été consciencieusement étudiés sur
nature. Or l’animal ne pose guère qu’au repos ab-
solu et pour fixer sur la toile un mouvement, une
attitude, qu’il garde à peine un instant, il faut sai-
sir sans cesse l’impression au vol. L’artiste doit
donc se mettre en frais d’ingéniosité vis-à-vis de son
capricieux modèle. Quand, l’été dernier, M. Verlat
faisait des études d’après les grands fauves du jar-
din zoologique d’Anvers, il avait constamment de-
vant lui un panneau divisé en six ou huit com-
partiments ; chacun d’eux offrait une attitude
différente lestement fixée. L’animal avait beau
arpenter sa cage forcément, il se trouvait presque
toujours - en pose » pour l’un des compartiments.
Pendant ce temps l’artiste passait sans se lasser de
l’un à l’autre et après quelques heures de cette
gymnastique du pinceau, la planchette était couverte
d’études d’une étonnante vérité et d’une vie débor-
dante. Nous avons été témoin de ce qui précède et
nous sommes heureux de consigner ici cette parti-
cularité ne fùt-ce que pour démontrer aux facilistes
au prix de quels efforts et de quelle ténacité l’ar-
tiste vraiment digne de ce nom parvient à ravir les
manifestations plastiques de “ la vie » et à les fixer
sur la toile avec cette intensité de vraisemblance
capable de tromper notre entendement jusqu’à nous
faire entrevoir, pour un instant, la vie réelle.

— La fabrique de l’église de N.-D. au Sablon
vient d’ordonner la démolition radicale du magasin
adossé au bas-côté gauche du grand portail vers la
rue des Sablons. Cet édifice parasite élevé au xvne
siècle cachait par bonheur dans ses massifs de ma-
çonnerie certains détails faisant absolument défaut
au côté droit de l'édifice et d’une conservation vrai-
ment providentielle.

La façade du grand portail dont il y a quatre
années on ne voyait guère que la voussure du por-
che encadrée de constructions sans aucun caractère,
s’étale actuellement à front de rue sur une largeur
de trente mètres. Tel qu’il est, incomplet, vandalisé,
rongé par les infiltrations de l’humidité séculaire,
il a vraiment grand air noble et imposant aspect.
Éa profusion, la richesse, le fouillé des sculptures

nous donnent une haute idée de la puissance et des
instincts artistiques de ces antiques Gildes armées
de la commune bruxelloise, les confrères de l’arc,
de l’arbalète, de l’arquebuse et de l’espadon.

Les plans de la restauration et du complément de
ce précieux morceau de notre art ogival de la fin
du xv° siècle, dressés avec beaucoup de soins et à
l'aide do nombreuses recherches par notre collabô-
rateur M. Schoy, ont été soumis à la sanction de la
commission royale des monuments.

Cette année même l’on se mettra à l’œuvre et l’on
espère ouvrir la grande fenêtre et son entourage
pour la fin de la campagne. L'aile droite du portail
est déjà entamée.

Toute la façade des bas-côtés regardant le Petit
Sablon est aujourd’hui terminée, vitraux compris,
jusqu’au portail méridional au sujet duquel une
étude complète de restauration est actuellement éla-
borée par M. Schoy qui fait exécuter dans ce but un
travail considérable d’estampages et de relevés de
profils.

— Les architectes de Bruxelles se sont réunis le
vendredi 15 mars au cercle artistique afin de statuer
définitivement sur la fondation d’une société d’archi-
tectes belges. L’ordre du jour portait 1° Constiuttion
de l’association; 2° Examen du projet des statuts
et règlement. Dans cette séance il a été résolu, à une
forte majorité, qu’il n’y avait pas lieu d’affilier la
société à l’union syndicale.

A la suite de cette décision, le président, trois
membres du bureau et la plupart des membres fon-
dateurs, ont donné leur démission.

L’association nouvelle s’élevant en dehors de
l’Union syndicale sera inoffensive et sans influence.
Son affiliation lui eût donné une grande autorité
sur le groupe important de l’industrie du bâtiment
dans l’agglomération bruxelloise.

L’union syndicale avait cependant, en vue d’une
fusion désirable, modifié ses statuts dont le § IV
portait qu’à l’avenir des sections seraient « insti-
tuées pour la défense des intérêts des arts et des
sciences dans leurs rapports avec le commerce et
l’industrie. » Il y aurait eu une section artistique —
scientifique •— d’économie politique — de droit
commercial, etc.

Nous ne pouvons qu’applaudir à l’utile institution
des chambres syndicales qui succèdent en fait avec
les transformations obligées requises par le progrès
moderne et les larges libertés dont nous jouissons,
aux historiques jurandes et maîtrises des vielles
communes flamandes qui surent se montrer pen-
dant des siècles les gardiennes vigilantes de l’hon-
nêteté et de la valeur artistique de l’industrie natio-
nale.

Chaque chambre syndicale de l’union jouit d’après
les statuts d’une autonomie complète, est maîtresse
absolue de son régime intérieur et pourvoit aux
dépenses de son service particulier. Elle nomme
elle-même ses syndics et délègue annuellement trois
de ses membres pour la représenter au comité cen-
tral. Une assemblée générale de tous les membres
effectifs de l’Union a lieu chaque année dans le
courant du mois de décembre. Le local est au palais
de la Bourse.

On sait que cette utile et patriotique institution,
en pleine voie de prospérité et appelé à exercer une
influence décisive sur la valeur future de l’art in-
dustriel belge, est due principalement à l’initiative
et aux efforts de MM. Mignot-Delstanche et An-
toine Dansaert.

— Il est sérieusemement question, en la section

des travaux publics à l’hôtel-de-ville de Bruxelles
de créer au point central une grande place qui di-
minuerait les dangers que le public court à cet en-
droit par suite du grand nombre de voitures qui s’y
entre-croisent constamment. Cette place serait créé
par la démolition de l’Eglise de St-Nicolas et des
maisonnettes qui y sont accolées.

La création d’une place de « dégagement » a
proximité de notre incomparable forum bruxellois
nous semble fort intelligente de la part de nos édi-
les. C’est du reste un moyen excellent d’assurer
l'intégrité actuelle des abords de notre Signoria
contre les vandalismes futurs colorés de spécieux
prétextes de voierie. La « place St-Nicolas » qu’on
pourrait appeler aussi « Place de beffroi >> permet-
trait de rétablir immédiatement la maison histori-
que dite de “ l’Étoile » provisoirement démolie il
y a vingt ans.

— Les matériaux belges figureront avec une
incontestable supériorité à l’exposition du Troca-
dero. Certes, en voyant le “ quart » architectural,
en style flamand, exécuté par des compatriotes en
matériaux tous extraits de notre sol, ceux qui ont
préconisé envers et contre tous pour nos plus im-
portants monuments nationaux et en dernier lieu
pour le Palais de Justice de Bruxelles, des pierres
de provenance étrangère d’une solidité sujette à
caution, auront à faire leur mea culpa. Par mal-
heur, ce sont là des ratures bien chères et nous lais-
serons à nos neveux une lourde charge dans l’ave-
nir, celle de restaurer en matériaux extraits du sol
les monuments élevés en pierres françaises pendant
la funeste et illogique période d’engouement que
nous venons de parcourir.

Alors, régnait le style “ badinguet » et ses insa-
nités architecturales. Avec le retour sincère au style
flamand, si pittoresque, si coloré, si bien appro-
prié à nos mœurs et à notre caractère, on en est
tout naturellement revenu aux richesses granitiques
ou calcaires que présentent nos provinces. A part
les marbres des nuances les plus riches et les plus
variées les plus rares même — le noir de Golzin-
nes — on y verra figurer les pierres de Soignies,
des Ecaussines, de l’Ourthe, de Tournay, de Diest
(ferrugineuses) et de Gobertange sans oublier toute-
fois nos briques sans rivales, nos ardoises et nos
fers forgés, laminés et fondus.

En 1867, le compartiment belge n’avait aucune
valeur architectonique; en 1878 il sera une des
grandes curiosités pour les architectes, ingénieurs,
entrepreneurs et bâtisseurs de tous les pays.

— La société pour Vencouragement des œu-
vres cüart, à Vienne, vient de publier son contin-
gent de gravures pour 1877. Nous nous occuperons
prochainement des gravures de ces livraisons nou-
velles notamment de la Violante de Palma Vecchio,
gravée par Burger. Pour aujourd’hui bornons-nous
à informer nos lecteurs que les gravures de la col-
lection entière sont visibles à la maison Goupil
montagne de la Cour, à Bruxelles, qui seule repré-
sente la Société viennoise en Belgique. On se rap-
pellera que l’année dernière nous avons consacré
aux travaux de cette association réputée un long
article dans lequel nous avons analysé les œuvres
principales en y insistant. Alors comme aujourd’hui
notre but était d’attirer l’attention de nos lecteurs
sur l’excellence de la Société devienne et de provo-
quer, s’il était possible, une institution semblable
dans notre pays. Nous n'ignorons pas que cela a été
tenté en 1839 avec un certain succès, mais alors
on ne disposait point des ressources acquises depuis
 
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