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contre du type routinier qu’il a dû forcément
conserver à nombre de ses bâtisses ; men-
tionnons particulièrement le plan de maison
de campagne, Huijsing en Plantagie, plan-
ches LUI à LIX du premier volume de ce
recueil. Ces compositions témoignent encore
d’une prédilection singulière pour les refends
ou bossages : la façade de son projet de villa,
pages LVI1I-LIX, premier volume, décorée
d’un ordre toscan, en est littéralement cri-
blée. La toiture à grands versants que notre
architecte a le tact de n’esquiver jamais, est
marquée par-devant par une loggia d’ordre
dorique sans triglyphes ni mutules, motif
qu’il affectionnait également.

Citons aussi, dans un autre thème, les
projets figurés aux planches LXX, LXXII
du deuxième volume : leurs ordres majes-
tueux de pilastres corinthiens sont empruntés
aux types particuliers des palais d'Italie de
Palladio.

Les planches de ce recueil, à notre avis les
plus propres à exciter la curiosité, sont celles
ayant trait au projet que Vingboons élabora
pour l’hôtel de ville d’Amsterdam et dont
nous avons déjà parlé. D’après le texte que
l’on va lire, il résulterait que cette commande
avait été primitivement faite à notre artiste,
mais que de hautes influences la lui enlevè-
rent pour l’attribuer à van Campen. « Dese
» voorstelling », dit-il, « of ontwerpsel tôt
» een stadhuis deser stede, is over eenige
» jaeren gemaeckt; doch zijn de Heeren se-
» dert heel verandert van verdeeling, en bij
» dese gelegentheijd is dese hier mede bij
» gevoeght. T’voornemen was geweest dat
» op zijde oock te vertoonen, doch kan ten
» ten naesten bij wel uijt het voorste geor-
» deelt worden hoe het hem op de zijde en
» van achteren soude vertoonen ; want het
» rontom even schoon soude wesen. »

Franchement, en voyant le projet de Ving-
boons et le texte résigné et mélancolique
dont il accompagne le dessin de cette œuvre
dont l’adoption lui eût procuré la gloire et
la renommée, nous sommes pris d’un sincère
regret qu’on n’ait pas exécuté, par suite
d’inavouables intrigues, la plus importante
des œuvres d’un artiste laborieux. Peut-être,
dans cette œuvre hors ligne, Vingboons eût-il
fait preuve de ce génie architectural supérieur
que nous ne lui trouvons pas dans ses con-
structions urbaines.

Dans ce projet d’hôtel de ville, on perçoit
à première vue une vague ressemblance avec
le Capitole de Michel-Ange ; il y a là au
moins un parti pris qui se devine sans peine
et ne gâte rien à l’effet. L’ensemble du monu-
ment se compose d’un soubassement rustique
rachetant la hauteur d’un perron avec rampes
à balustres. Ce perron est en dehors du corps
de bâtiment. L’édifice était flanqué de quatre
pavillons, couronnés de balustrades et cou-
verts en dôme et d’autant d’avant-corps, la
masse demeurait quadrilatère. En dépit de

ces saillies accentuées, les huit façades en
retrait étaient rattachées aux pavillons et aux
avant-corps par des terrasses bordées de ba-
lustres.

Chacun des avant-corps, décoré d’un bal-
con, est cantonné de quatre pilastres corin-
thiens prenant la hauteur totale. Un fronton
triangulaire termine l’entablement qui fait le
tour de la façade, les pavillons et les arrière-
corps n’ont pas de pilastres.

Les détails des portes, fenêtres, mezza-
nines, sont en pur style italo-flamand du
XVIIe siècle. Ici encore se révèle l’esprit ju-
dicieux de nos architectes dans leurs appli-
cations de ces motifs italiens. Les baies des
fenêtres ont l’ouverture et l’ampleur néces-
saire pour admettre pleinement la lumière;
leur hauteur est divisée par des croisillons
destinés à recevoir ces élégants vitraux en
grisaille, l’un des luxes les plus appréciés de
ce temps. Notre Musée de la Porte de Hal
en possède de beaux spécimens.

Une élégante tourelle à huit pans, d’ordre
composite, surmontée d’une coupole octo-
gone, part d’un soubassement carré portant
cadran terminé par une balustrade. Fran-
chement, ce projet eût revêtu plus de cachet
et un caractère plus décoratif que les plates
et monotones façades de van Campen, dont,
à vrai dire, Quellijn et Bosboom ont fait
toute la réputation par leurs sculptures.

Vingboons fut le promoteur, en Hollande,
d’une espèce d’architecture mixte donnant
l'expression des ordres classiques sans en
offrir l’ordonnance; il fut le père du « type
néerlandais » qui s’est perpétué jusqu’à la
fin du XVIIIe siècle dans les provinces et loin
des grands centres, en dépit du style rocaille
qui fit fureur dès son apparition dans toutes
les grandes villes des « États-Belgiques-
Unis. » Nous avons déjà dit que cette intro-
duction se fit sans heurter le patriotisme
des Hollandais par l’influence des traductions
en langue néerlandaise des œuvres de Paul
Decker, Schübler et autres. Ces petites ha-
bitations hollandaises avec leurs murs de
briques rouges bien rejointoyées, relevés par
des appuis, chambranles, corniches, perrons
et balcons en pierres blanches et bleues, se
retrouvent dans tous les tableaux de vues de
villes ou les paysages étoffés de fabriques des
méticuleux « petits-maîtres » qui florissaient
en Hollande dans la seconde moitié du
XVIIIe siècle

Nous citerons comme présentant ce type
parmi les constructions de Vingboons : la
charmante résidence appelée Groen hoven,
bâtie pour le sieur Michiel Popta sur YAm-
sterveender week, non loin du Klein Looij-
velt„ un des plus charmants rendez-vous de
villégiature des habitants d’Amsterdam, à
trois quarts de lieue de cette ville ; puis la
maison qu’il bâtit en 1641 sur le Geldersche
Kaij, près du Kamper hooft brugli, pour le
sieur Abraham Peeter Croock.

Ajoutons-y, d’abord, la grande maison
bâtie en 1649, dans même ville, sur l’em-
placement du Wael — desséché sept à huit
années auparavant — pour un négociant du
nom de Marten Frantz van der Schilde :
ensuite, celle bâtie en 1665-66 « op d’Oost
zijde van de nieuwe Keijsers gracht, » pour
le sieur Isaac Jan Nijs, également négociant
à Amsterdam, dont le rez-de-chaussée est
décoré de grillages ouvragés, d’ornements,
d’armoiries et de festons.

A côté de ses villas italiennes, Vingboons
produisit aussi le type de la Landsliuijs in
plantagie et même du traditionnel Burgh
néerlandais. Dans ce dernier style, nous con-
naissons de lui, à trois lieues de Groningue,
a in Fivalingo quatertot steem, » un château
bâti en 1669 sur les anciennes fondations
d’un édifice antérieur détruit par les Espa-
gnols en 1579, pour « Joncheer Joan Clant
van Stedum heer tôt Stedum en Nitwierda-
burgh. » L’architecte y conserva la masse
des anciennes lignes du plan.

Comme type de la petite maison hollan-
daise, signalons celle bâtie au milieu d’une
plantagie appelée Pijnenbrugli située dans
le Sticht, à deux milles de la ville d’Utrecht,
appartenant à noble Demoiselle Sara de
Wael, veuve de feu Jacobsz Hinlopen, en
son vivant échevin d’Amsterdam.

Dans le genre du Land-huijs, citons Het
Huijs Vanenburg, bâtie en iôôqpour Jone-
beer Hendrick van Eessen, seigneur de Hel-
bergen et Vanenburg, Land Drost du pays
du Veluw, et président du collège des dépu-
tés des États, située près du Zuyderzée à
deux lieues environ de Hardenwijck et Nij-
kerk ; remarquable par son portail et ses che-
minées sculptées.

A la construction précédente se rapporte
encore l’agréable résidence appelée Gan\en-
hof élevée en 1665 pour la villégiature d’un
négociant amsterdammois, le sieur Rémond
de Smit, située « in de sticht van Utrecht, in
de gerechte van Maerseveen, » près du char-
mant et renommé petit village de Maesen.
La plantagie de cette propriété, située le
long de la rivière de Vecht à côté du Sand
Padt, avait été créée par le sieur Rotgans.
Le type de cette construction se rapprochait
du motif de la résidence du Harsvelt « in den
gerechte van Ootmerssum, » dans l’Over-
Yssel, commencée en 1663 par M. Bartho-
lomeus van der Brugh. Une construction
identique aux deux précédentes était la mai-
son élevée en 1656 à l’endroit nommé Pec-
kendam, « onder de gerechte van Diepen-
hem, » appartenant à Joncheer Nicolas van
Huevel.

Mentionnons, en terminant cette nomen-
clature des constructions de Vingboons dans
le style hollandais, la résidence que Messire
van Rollecate, Landt Drost du pays de Vol-
lenhove, et député aux États pour la pro-
vince d'Over-Yssel, bâtit en i65q dans sa
 
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