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N° 1.

17 Janvier 1880.

Vingt-deuxième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l'aCADÉMIE ROY, DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Avis. — France : Arts
appliqués : Le métal. — France et Allemagne :
Les grandes publications modernes : Le Mont
Saint-Michel ; Les classiques italiens ; Le stam-
buch de Jordan. — Lettre de M. H. Delmotte.—
Chronique générale. — Cabinet de la curiosité.
— Dictionnaire des peintres. —■ Annonces.

Belgique.

AVIS.

La distribution de notre Album 1878-79
est terminée pour nos abonnés de Belgique.
Ceux de l'étranger voudront bien nous faire
connaître s'ils désirent le recevoir.

Nous tenons à la disposition de nos abon-
nés au prix de 1 fr. les planches qu'ils pour-
raient avoir égarées, édition in-8° ; 3 frs
pour les planehes de l'édition in-fol°.

Nous avons encore en magasin quelques
exemplaires de tous nos albums à l'exception
de eelui de 1870.

Il reste également en magasin quelques
exemplaires du cahier de 24 eaux-fortes
d'après l'Enfant de Bruges. Ces cahiers sont
devenus d'une extrême rareté. 10 frs l'édition
in-8°. — 3o frs l'édition in-4°. — Sur Japon
libre : 60 fr.

France.

ARTS APPLIQUÉS. — LE MÉTAL(1).

Paris, 20 décembre.

Je rentrais hier, par douze degrés de froid,
de la fonderie Thiébault où j'avais assisté
aux préliminaires de la fonte d'une statue,
lorsqu'au détour du quai Bourbon je rencon-
trai M. de Lajolais.

Je vous ai dit autrefois ce qu'est Y Union
centrale des Beaux-Arts appliqués à VIn-
dustrie. C'est tout ensemble une œuvre
d'éducation et une institution patriotique.
L'Union centrale suscite l'effort, elle le disci-
pline, l'affermit et le récompense. Elle suscite
l'effort par ses concours et ses expositions
scolaires; elle le discipline et l'affermit par
le Musée des Arts décoratifs ; elle le récom-
pense par la publicité de ses grandes exposi-
tions biennales à l'issue desquelles de nom-

(2) Cette lettre de notre correspondant devait
prendre place dans notre dernier numéro. L'a-
bondance des matières ne nous a pas permis de
la publier, N, D, L, R.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

étranger : 12 fr.

breuses primes sont distribuées aux industries
d'art les plus méritantes. Or, le vrai lauréat
de ces solennités pacifiques ce n'est ni Barbe
dienne, ni Carrier-Belleuse, c'est la France.

Un grand peuple ne lutte pas seulement
avec les armes, il combat aussi par l'idée.
La guerre qu'il fait ainsi est permanente.
Elle ne connaît ni suspension d'hostilités, ni
trêve, ni armistice, ni conventions, ni traités.
Elle est de toutes les heures, de toutes les
saisons, de tous les siècles, et l'enjeu de ce
conflit gigantesque, ce n'est pas un lambeau
de territoire, ce n'est pas même la richesse
du pays, c'est plus que cela, c'est l'honneur
national.

Des Français apprirent un jour que l'in-
dustrie d'art dans leur patrie était en péril.
Sans regarder aux obstacles, jugeant que
l'humiliation de la défaite sur les champs de
bataille ne devait pas être suivie de l'humilia-
tion plus grande d'une défaite devant [les
ateliers européens, les Français dont je parle
fondèrent YUnion centrale des Beaux-Arts
appliqués à l'Industrie. Pendant que l'Etat
reformait les cadres de ses armées et rem-
plissait les arsenaux, Vtyiion centrale redonnait
confiance à cette autre armée toujours en
marche, celle des travailleurs. Et depuis
qu'elle s'applique à la formation de l'ouvrier
d'art, déjà YUnion centrale a pu constater de
sérieux progrès chez les jeunes recrues qu'elle
entraîne à sa suite. Avant peu les traînards
d'hier deviendront des éclaireurs.

Mais vous l'avez deviné, cette œuvre mer-
veilleuse qui repose sur l'initiative individu-
elle doit la meilleure part de son succès à un
homme d'élite qui a su mettre dans l'entreprise
ses forces, son intelligence et son cœur.

Cet homme, je le nommais tout à l'heure,
c'est M. de Lajolais, directeur de l'Ecole des
Arts décoratifs.

J'entends dire qu'il a cinquante ans. Je n'en
crois rien, et l'état-civil ne parviendrait pas
à m'en convaincre. L'activité pondérée d'un
homme de trente-cinq ans, le regard pénétrant,
la voix claire, les lèvres souriantes, la main
naturellement ouverte, tel est M. de Lajolais.

Au moral, la loyauté faite homme.

— Vous dehors, me dit-il en me rencontrant
près du quai Bourbon ?

— Vous y êtes bien, ce me semble ?

— Moi, c'est différent, nous'préparons
l'Exposition du Métal.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE :

a s'-nicolas (belgique).

— Votre zèle le ferait entrer en fusion,
répliquai-je, car vous avez les mains brûlantes.

— Bah ! quelques heures de courses et un
peu de discussion, cela réchauffé.

— C'est bien, vous me donnez l'exemple.
Sur ce mot, nous nous séparâmes. Mais

ponvais-je oublier ma rencontre et vous entre-
tenir en dillettante, dans mon cabinet bien
clos, des dessins de Gérôme ou deMeissonnier
que tout le monde a vus dans Paris-Murcie ?
Il y aurait eu de l'égoïsme à en agir ainsi.
D'autres ne ménagent ni leur temps ni leurs
forces pour assurer la primauté de notre in-
dustrie d'art : ne pouvant mieux faire, je les
dénonce.

Donc, en 1880, YUnion centrale des Beaux-
Arts appliqués à l'industrie ouvrira sa sixième
exposition. Elle aura pour objet le Métal.
Tous les corps de métiers qui mettent en
œuvre le fer, la fonte, le cuivre, le bronze,
l'or, l'argent, le platine, le mercure, l'alumi-
nium, etc. sont conviés à cette exposition
technologique. Plus tard, les industries des
Tissus, du Papier, des Peaux, du Bois, de la
Pierre, de la Terre, du Verre et la Plante
auront leur tour dans des concours similaires.
C'est ainsi que YUnion centrale s'engage à
parcourir le cycle des métiers en l'envisageant
toujours sous son aspect le plus brillant et le
plus élevé, celui par lequel il confine à l'art.

La première classe de l'Exposition de de-
main comprendra l'outil, mais la seconde est
réservée aux Modèles des Artistes et la treizième
aux Publications modernes relatives au travail
du métal. J'oserais dire que ces deux dernières
classes équivalent à une signature. Elles sont
le sceau vraiment original d'une exhibition
dans laquelle on ne poursuit qu'un but le
progrès de l'art industriel. Fi de la routine.
Vive l'artiste qui la-bas se dirige vers nous
une maquette dans la main, un dessin roulé
sous le bras. Honneur à cet homme de goût,
à ce penseur, à ce maître d'œuvre dont
l'ouvrier d'art sera le docile auxiliaire !

Un concours est d'avance réservé aux artistes
qui auront présenté des projets ; il sera distinct
dn concours de l'industrie à l'issue duquel
les œuvres exécutées en métal et complète-
ment achevées, jugées les meilleures, seront
primées.

Il y a: dans l'exposition technologique du
Métal comme un hommage inconscient rendu
aux anciennes corporations. Sous Louis XIV,
 
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