N° 3.
15 Février 1880.
Vingt-deuxième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
directeur : m. Ad. siret.
MEMBRE DE l'aCADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.
SOMMAIRE : Concours de gravure. — Italie :
Palais San Donato. — Salon de Pau. — France :
Illustrations des écrits de Savonarole. — Bel-
gique : Encouragements à la céramique. — His-
toire de la gravure sous Rubens. — Chronique
générale. — Cabinet de la curiosité. — Diction-
naire des peintres. — Annonces.
SEPTIÈME
CONCOURS DE GRAVURE
A L'EAU-FORTE
ouvert par le JOURNAL des BEAUX-ARTS
POUR 1880.
SIX PRIX.
De même que les années précédentes nous
ouvrons pour 1880 un concours de gravure
à l'eau-forte. Une somme de douze cents
francs est affectée aux prix divisés comme
suit.
Histoire.
Un prix unique de 400 francs. L'auteur
pourra fournir soit un sujet inédit, soit la
copie d'un tableau flamand ancien ou mo-
derne.
Genre.
Un prix unique de 200 francs.
Paysages, intérieurs, marines etc.
Prix uniques.
Paysages.........200
Intérieurs de ville......i5o
Marines.........i5o
Fleurs, fr. nat. morte, ornements . 100
La dimension des cuivres ne pourra excé
der, en hauteur : 260 millimètres, et en lar-
geur : 190 milimètres. Dans cette limite, les
artistes sont libres d'assigner telles mesures
et telles formes qu"ils jugeront nécessaires à
leur travail.
Les artistes couronnés aux concours pré-
cédents, ne peuvent prendre part au concours
que nous ouvrons aujourd'hui qu'à la con-
dition de ne point remporter un prix égal en
rang à celui qu'ils auraient obtenu dans les
concours antérieurs. Cette observation ne se
rapporte pas-aux prix partagés. Si l'ouverture
du billet cacheté amenait un cas semblable,
le prix sera donné à la planche venant après,
dans l'ordre indiqué par le jury.
Les artistes étrangers sont admis à concou-
rir s'ils ont deux ans de résidence dans les
pays.
Les artistes devront faire remettre leurs
PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.
prix par an : belgique : 9 francs,
étranger : \% fr,
cuivres, avec deux exemplaires,, tirés, l'un
sur chine, l'autre sur papier blanc ordinaire,
à l'Administration du journal, rue de Plai-
sance, àSt-Nicolas (Flandre Orientale), avant
le i5 juin 1880 (affranchir). Toute planche
remise après cette date, sera exclue du con-
cours. Les auteurs ne pourront pas se faire
connaître, mais ils accompagneront leur envoi
d'un billet cacheté contenant leur nom et leur
adresse.
Les gravures couronnées seront la pro-
priété du Journal des Beaux-Arts qui s'en-
gage à les publier et à en remettre 25 exem-
plaires d'artiste aux auteurs. Les cuivres non
couronnés seront restitués.
Italie.
AU PALAIS SAN-DONATO.
Florence.
Mon cher Directeur,
C'est un événement qui cause un grand
émoi un peu partout, que cette vente des
objets d'art du palais de San-Donato, objets
d'art d'une nature complexe auxquels se
rattachent des souvenirs illustres. Le Journal
des Beaux-Arts se doit de donner à ses lec-
teurs un aperçu rapide des trésors de tous
ganres qui vont se dérouler aux yeux du pu-
blic. Qu'on me suive donc dans cette prome-
nade éblouissante digne des Mille et une
nuits. J'aurais voulu vous parler un peu du
Palais lui-même, mais ce n'est point là ma
mission aujourd'hui ;'j'entre de plein pied
dans la matière.
J'aurai à entremêler les grands bibelots, les
splendides meubles, les précieuses tapisseries,
les tableaux de maître, la luxueuse orfèvrerie,
que sais je encore? Ce royal fouillis de
magnificences sera vendu sur place et non
par catégorie, c'est, du moins, ce que l'on
vient de m'affirmer.
Entrons et traversons le péristyle en jetant
un regard sur le Triton de bronze florentin
qui sert de lave-mains pour arriver aux por-
tières tissées d'or du XVe et du XVIe siècles,
ainsi qu'aux tapisseries du flamand François
Van den Hecke, signées de son monogramme ;
longeons ce panneau où rayonnent, c'est le
cas de le dire, des chaises, des tables, des
sophas, des consoles, etc. du temps de
Louis XV et de Louis XVI, tous d'une ri-
chesse presqu'aveuglante: puis des bronzes et
des bustes reproduisant les traits des princi-
paux membres de la famille Bonaparte par
les premiers artistes de l'époque; plus loin je
remarque un mortier qui doit vous intéres-
ser : il est de cuivre avec des rinceaux d'un
excellent travail d'artiste. Tout au pourtour
administration et correspondance
a s'-nicolas (Belgique),
on lit cette inscription : peeter van den
ghein heft my geghoten mccccclvi,
puis des vases de chine, des coupes en mala-
chite, des colonnes en marbre de Sienne,
puis de vastes tableaux de Morelli et
d'O'Connel. tableaux modernes qui ont grand
air Dans la salle de concert qui fait suite,
nous nous trouvons en présence de cinq ta-
pisseries qui viennent du grand Trianon et
qui sont de ravissantes pastorales sur les des-
sins de Boucher; autour de la salle sont ex-
posés des morceaux d'étoffe d'une richesse et
d'une rareté excessive y compris des rideaux,
une magnifique jupe génoise, des satins, des
soies, etc. Aux murs des appliques de Dela-
fosse, de Caffieri, des torchères de Thomire,
puis encore des tapisseries uniques, notam-
ment un panneau de satin bleu brodé d'or,
d'argent et de soies diverses ayant fait partie
d'un ameublement de Charles V, puis un
fragment de la célèbre tenture de l'apparte-
ment de Marie-Antoinette au grand Trianon,
puis une garniture de lit d'enfant avec armoi-
ries et monogrammes, puis encore des détails
d'ameublement du caractère le plus artistique
et le plus opulent. Ce n'est plus à proprement
parler une exhibition d'objets à vendre que
je parcours, c'est un musée du caractère le
plus étrange et le plus émouvant : à chaque
pas les yeux et les souvenirs s'ouvrent, l'art
et l'histoire nous éblouissent et une sorte de
vertige s'empare de tout votre être. Mais con-
tinuons.
Dans la grande cage de l'escalier d'hon-
neur notons les portières qu'on disait d'or
flexible, des tables en malachite, des vas-
ques, des fanaux, curieusement sculptés, de
gondole vénitienne, encore et toujours des
bustes, des plus grands maîtres, David (d'An-
gers), Rauch, fiartholini, etc., des vases
dont un de Clodion, en marbre blanc, mer-
veille d'élégance et d'ingéniosité, et encore
des tapisseries rares dont neuf de K. Van
Mander (le fils) (1619), représentant des ba-
tailles d'Alexandre, le tout d'une admirable
conservation. Les gaines de marbre rouge,
les vases de Sèvres, les colonnes en labrador,
des fers forgés, des sièges et banquettes sculp-
tés, des haut et bas reliefs, des raretés de tout
genre debout contre les lambris sont là qui
étonnent et émerveillent.Dans le grand foyer
j'aperçois une chaise à porteurs Lous XV sur
fond d'or, avec bronzes dorés à jour, des
glaces de Venise, des peintures exquises de je
ne sais qui, une petite merveille de boîte hu-
maine ; dans la salle de bal des meubles et
des tentures de tous genres et de toutes les
époques. J'y trouve les modèles les plus élé-
gants et les plus raffinés de Fart de la déco-
ration. Dans le salon impérial... mais je sens
qu'il me faut quitter ce milieu où se déploie
tant de grâce, de richesse, de coquetterie et
de génie; les tableaux nous réclament. Mar-
chons y directement,
15 Février 1880.
Vingt-deuxième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
directeur : m. Ad. siret.
MEMBRE DE l'aCADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.
SOMMAIRE : Concours de gravure. — Italie :
Palais San Donato. — Salon de Pau. — France :
Illustrations des écrits de Savonarole. — Bel-
gique : Encouragements à la céramique. — His-
toire de la gravure sous Rubens. — Chronique
générale. — Cabinet de la curiosité. — Diction-
naire des peintres. — Annonces.
SEPTIÈME
CONCOURS DE GRAVURE
A L'EAU-FORTE
ouvert par le JOURNAL des BEAUX-ARTS
POUR 1880.
SIX PRIX.
De même que les années précédentes nous
ouvrons pour 1880 un concours de gravure
à l'eau-forte. Une somme de douze cents
francs est affectée aux prix divisés comme
suit.
Histoire.
Un prix unique de 400 francs. L'auteur
pourra fournir soit un sujet inédit, soit la
copie d'un tableau flamand ancien ou mo-
derne.
Genre.
Un prix unique de 200 francs.
Paysages, intérieurs, marines etc.
Prix uniques.
Paysages.........200
Intérieurs de ville......i5o
Marines.........i5o
Fleurs, fr. nat. morte, ornements . 100
La dimension des cuivres ne pourra excé
der, en hauteur : 260 millimètres, et en lar-
geur : 190 milimètres. Dans cette limite, les
artistes sont libres d'assigner telles mesures
et telles formes qu"ils jugeront nécessaires à
leur travail.
Les artistes couronnés aux concours pré-
cédents, ne peuvent prendre part au concours
que nous ouvrons aujourd'hui qu'à la con-
dition de ne point remporter un prix égal en
rang à celui qu'ils auraient obtenu dans les
concours antérieurs. Cette observation ne se
rapporte pas-aux prix partagés. Si l'ouverture
du billet cacheté amenait un cas semblable,
le prix sera donné à la planche venant après,
dans l'ordre indiqué par le jury.
Les artistes étrangers sont admis à concou-
rir s'ils ont deux ans de résidence dans les
pays.
Les artistes devront faire remettre leurs
PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.
prix par an : belgique : 9 francs,
étranger : \% fr,
cuivres, avec deux exemplaires,, tirés, l'un
sur chine, l'autre sur papier blanc ordinaire,
à l'Administration du journal, rue de Plai-
sance, àSt-Nicolas (Flandre Orientale), avant
le i5 juin 1880 (affranchir). Toute planche
remise après cette date, sera exclue du con-
cours. Les auteurs ne pourront pas se faire
connaître, mais ils accompagneront leur envoi
d'un billet cacheté contenant leur nom et leur
adresse.
Les gravures couronnées seront la pro-
priété du Journal des Beaux-Arts qui s'en-
gage à les publier et à en remettre 25 exem-
plaires d'artiste aux auteurs. Les cuivres non
couronnés seront restitués.
Italie.
AU PALAIS SAN-DONATO.
Florence.
Mon cher Directeur,
C'est un événement qui cause un grand
émoi un peu partout, que cette vente des
objets d'art du palais de San-Donato, objets
d'art d'une nature complexe auxquels se
rattachent des souvenirs illustres. Le Journal
des Beaux-Arts se doit de donner à ses lec-
teurs un aperçu rapide des trésors de tous
ganres qui vont se dérouler aux yeux du pu-
blic. Qu'on me suive donc dans cette prome-
nade éblouissante digne des Mille et une
nuits. J'aurais voulu vous parler un peu du
Palais lui-même, mais ce n'est point là ma
mission aujourd'hui ;'j'entre de plein pied
dans la matière.
J'aurai à entremêler les grands bibelots, les
splendides meubles, les précieuses tapisseries,
les tableaux de maître, la luxueuse orfèvrerie,
que sais je encore? Ce royal fouillis de
magnificences sera vendu sur place et non
par catégorie, c'est, du moins, ce que l'on
vient de m'affirmer.
Entrons et traversons le péristyle en jetant
un regard sur le Triton de bronze florentin
qui sert de lave-mains pour arriver aux por-
tières tissées d'or du XVe et du XVIe siècles,
ainsi qu'aux tapisseries du flamand François
Van den Hecke, signées de son monogramme ;
longeons ce panneau où rayonnent, c'est le
cas de le dire, des chaises, des tables, des
sophas, des consoles, etc. du temps de
Louis XV et de Louis XVI, tous d'une ri-
chesse presqu'aveuglante: puis des bronzes et
des bustes reproduisant les traits des princi-
paux membres de la famille Bonaparte par
les premiers artistes de l'époque; plus loin je
remarque un mortier qui doit vous intéres-
ser : il est de cuivre avec des rinceaux d'un
excellent travail d'artiste. Tout au pourtour
administration et correspondance
a s'-nicolas (Belgique),
on lit cette inscription : peeter van den
ghein heft my geghoten mccccclvi,
puis des vases de chine, des coupes en mala-
chite, des colonnes en marbre de Sienne,
puis de vastes tableaux de Morelli et
d'O'Connel. tableaux modernes qui ont grand
air Dans la salle de concert qui fait suite,
nous nous trouvons en présence de cinq ta-
pisseries qui viennent du grand Trianon et
qui sont de ravissantes pastorales sur les des-
sins de Boucher; autour de la salle sont ex-
posés des morceaux d'étoffe d'une richesse et
d'une rareté excessive y compris des rideaux,
une magnifique jupe génoise, des satins, des
soies, etc. Aux murs des appliques de Dela-
fosse, de Caffieri, des torchères de Thomire,
puis encore des tapisseries uniques, notam-
ment un panneau de satin bleu brodé d'or,
d'argent et de soies diverses ayant fait partie
d'un ameublement de Charles V, puis un
fragment de la célèbre tenture de l'apparte-
ment de Marie-Antoinette au grand Trianon,
puis une garniture de lit d'enfant avec armoi-
ries et monogrammes, puis encore des détails
d'ameublement du caractère le plus artistique
et le plus opulent. Ce n'est plus à proprement
parler une exhibition d'objets à vendre que
je parcours, c'est un musée du caractère le
plus étrange et le plus émouvant : à chaque
pas les yeux et les souvenirs s'ouvrent, l'art
et l'histoire nous éblouissent et une sorte de
vertige s'empare de tout votre être. Mais con-
tinuons.
Dans la grande cage de l'escalier d'hon-
neur notons les portières qu'on disait d'or
flexible, des tables en malachite, des vas-
ques, des fanaux, curieusement sculptés, de
gondole vénitienne, encore et toujours des
bustes, des plus grands maîtres, David (d'An-
gers), Rauch, fiartholini, etc., des vases
dont un de Clodion, en marbre blanc, mer-
veille d'élégance et d'ingéniosité, et encore
des tapisseries rares dont neuf de K. Van
Mander (le fils) (1619), représentant des ba-
tailles d'Alexandre, le tout d'une admirable
conservation. Les gaines de marbre rouge,
les vases de Sèvres, les colonnes en labrador,
des fers forgés, des sièges et banquettes sculp-
tés, des haut et bas reliefs, des raretés de tout
genre debout contre les lambris sont là qui
étonnent et émerveillent.Dans le grand foyer
j'aperçois une chaise à porteurs Lous XV sur
fond d'or, avec bronzes dorés à jour, des
glaces de Venise, des peintures exquises de je
ne sais qui, une petite merveille de boîte hu-
maine ; dans la salle de bal des meubles et
des tentures de tous genres et de toutes les
époques. J'y trouve les modèles les plus élé-
gants et les plus raffinés de Fart de la déco-
ration. Dans le salon impérial... mais je sens
qu'il me faut quitter ce milieu où se déploie
tant de grâce, de richesse, de coquetterie et
de génie; les tableaux nous réclament. Mar-
chons y directement,