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n° 21■

15 Novembre 1880.

Vingt-deuxième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

re de l'académie ROY. de belgique, etc. PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS. a sWicolas (.belgique),

étranger : 12 fr, _

SOMMAIRE. Belgique : L'art en Norwège. —
Exposition historique. — Le salon de Gand. —
Dictionnaire des peintres. — France : L'école
d'architecture. — Allemagne : Poésie par Hub-
ner : à la Belgique. — Chronique générale. —
Cabinet de la curiosité. — Annonces.

Belgique.

L'ART MODERNE EN NORWÈGE.
APERÇU HISTORIQUE (i).

Lorsqu'en 1814 on posa les bases de la
constitution actuelle du royaume de Nor-
wège et que cet état fut ainsi entré dans une
nouvelle période historique, l'art en Nor-
wège . n'avait pas encore été développé dans
un sens national déterminé.

Les quelques artistes qui, jusqu'à cette
époque avaient travaillé en Norwège étaient,
sous ce rapport, sans importance.

Au XVIIe siècle 011 citait Salomon von Ha-
van (t eii i636 à Bergen)-. Au XVIIIe vivaient
à la fois le peintre d'histoire Blumenthal, le
portraitiste Thornberg et le peintre de genre
Peder Odnœs, artiste de talent qui s'était
formé lui-même. Vers la même époque surgit
le sculpteur Magnus Berg (né en 1666, mort
en 1739), mieux apprécié plus tard et dont
plusieurs ouvrages se trouvent dans la collec-
tion artistique de Copenhague.

Depuis lors jusqu'en 1814 le pays de la
Norwège ne possédait ni Académies, ni
écoles des arts, ni même aucun de ces établis-
sements spéciaux nécessaires à tout dévelop-
pement artistique individuel.

Bien que les côtés saillants de l'esprit et
du caractère norwégien eussent introduit déjà
à une époque reculée de l'histoire de nou-
veaux éléments dans la littérature Scandinave
(dano-norwégienne), la manifestation de cet
esprit dans le domaine des arts plastiques fut
nécessairement retardée par la force des évé-
nements.

Pendant la première période après 1814,
alors qu'on inaugurait tant de mesures im-
portantes au point de vue de la législation et
de l'économie politique, et qu'on voyait les
recherches scientifiques et les travaux litté-
raires produire leurs premiers fruits, les
intérêts de l'art se trouvaient toujours encore
relégués au second plan.

En 181 g fut fondée à Christiania la pre-
mière école artistique; dans la suite, des
établissements analogues furent créés dans

(1) Nous devons communication de cet intéressant
aperçu historique sur l'état actuel des Beaux-Arts
chez une nation dont la valeur artistique est peu connue
chez nous , à part certaines célébrités musicales, à
M. l'architecte Aug. Schoy, membre du jury interna-
tional de l'exposition universelle de Paris en 1878, qui
l'a extrait à notre intention du rapport officiel norwé-
gien. (Christiania, imprimerie de B. M. Beutzen,in-8°).

différentes parties du royaume, mais plutôt
dans l'intention de former des techniciens
que des artistes proprement dits. Toutefois,
ces institutions élémentaires ne furent pas
sans exercer une influence bienfaisante, at-
tendu que plusieurs des peintres qui se dis-
tinguèrent plus tard, y reçurent leur première
impulsion et leur éducation préparatoire.

Comme preuve de l'existence de beaux
, talents qui jusque là étaient restés engourdis,
s'ignorant eux-mêmes, apparurent à cette
époque deux artistes qui tous les deux eurent
à lutter contre des difficultés de toute nature,
et qui tous les deux se distinguèrent par un
mérite remarquable, bien qu'ils n'aient pas
eu la même influence ; nous voulons parler
du professeur Dahl, paysagiste, et du sculp-
teur Michelsen.

Johan Christian Dahl, naquit en 1788
à Bergen de parents pauvres, et entra de
bonne heure en apprentissage chez un arti-
san.

Ses talents artistiques attirèrent bientôt
l'attention, et il put, grâce à la générosité de
ses concitoyens fréquenter l'Académie de Co-
penhague. Ses grands tableaux de paysages,
qui parurent pour la première fois en 1848 et
dont les sujets étaient tous empruntés aux
beautés naturelles de sa patrie, presquïncon-
nus à cette époque, obtinrent un succès re-
tentissant.

En 1820 sa réputation était déjà si grande
qu'il fut appelé à une chaire de professeur à
l'Académie de Dresde. A partir de ce mo-
ment, il consacra les longues et actives années
de sa vie d'artiste à sa nouvelle patrie, et, à
une époque où la peinture de paysages en-
trait dans des voies nouvelles et plus saines,
il sut contribuer puissamment à son dévelop-
pement et maintenir pendant plus d'une gé-
nération son rang parmi les maîtres contem-
porains les plus éminents.

Les traits caractéristiques des travaux de
J. C. Dahl sont dus à sa nationalité et à la
fraîcheur d'impression des sujets qu'il venait
puiser pendant les fréquentes excursions qu'il
fit dans son pays natal. Son art acquit de la
sorte pour la Norwège une importance extra-
ordinaire et d'autant plus grande qu'il voua
aux intérêts artistiques qui se réveillaient,
une sympathie infatigable et une paternelle
sollicitude.

Un grand nombre des dernières œuvres de
Dahl se trouvent en Norwège dans les col-
lections publiques et particulières. Johan
Christian Dahl mourut à Dresde, comblé
d'honneurs, en I857.

Hans Michelsen, lui aussi, fut un fils
de prolétaire ; il vit le jour en 1789, dans une
humble chaumière d'un village reculé de la
province de Trondhjem.

Ainsi que dans d'autres contrées monta-
gneuses de la Norwège, la sculpture sur bois

était fort cultivée dans son hameau. Les
bénéfices de la vente des objets de chêne et de
sapin sculpté qu'il confectionnait avec adresse,
lui fournirent les moyens nécessaires pour
aller à l'Académie de Stockholm s'instruire
dans l'art du modelage.

Ses progrès rapides dénotèrent à ses pro-
fesseurs un talent peu commun. Au moyen
d'une subvention de l'Etat, il partit pour
l'Italie en 1820 et s'en fut à Rome étudier
dans l'atelier du célèbre sculpteur danois
André Thorvaldsen.

Pendant son séjour en Italie, il termina
plusieurs travaux importants, et,' en 1833, il
produisit les statues des douze apôtres com-
mandées par le roi Charles-Jean. Ce travail,
dont le monarque fit présent à la cathédrale
de Trondhjem, témoigne d'un rare talent et
d'une étude approfondie, et suffirait à lui seul
pour sauver son nom de l'oubli.

Malgré la haute réputation qu'il avait
acquise, il ne put se créer une position indé-
pendante comme artiste et, après bien des
efforts, il se vit obligé de se retirer, découragé
et infirme, dans son village natal où il reprit
la vie de paysan.

Après bien des années, on chercha, au
moyen d'une souscription nationale , à le
tirer de la triste position dans laquelle il vi-
vait presqu'oublié de tous, en lui procurant
une série de commandes et une situation
indépendante. Il produisit en effet pendant
cette période un certain nombre de travaux
interrompus par sa mort arrivée en 1859.

Parmi les peintres norwégiens, THOMAS
FEARNLEY (né en 1802 à Fredrikshald) se
distingue de bonne heure. Il avait commencé
ses études à Stockholm sous la direction de
Fahlkrantz,maisil se rendit en 1818 à Dresde
pour y travailler chez Dabi. Plus tard, il
s'établit à Munich et réussit promptement à
s'y faire un nom parmi les paysagistes con-
temporains.

Comme J. C. Dahl, Fearnley représente la
nature de sa patrie dans son imposante
beauté. Les séjours prolongés qu'il fit en
Norwège exercèrent une influence durable,
non-seulement sur son talent personnel, mais
encore sur l'intérêt croissant apporté par ses
compatriotes à l'art de son pays natal. Il prit
l'initiative de la création d'un musée natio-
nal norwégien en faisant présenter une pro-
position à cet effet au Storthing par le con-
seiller d'Etat Riddervold, un des membres
les plus influents de la Chambre.

Le Musée Norwégien possède deux des
meilleurs paysages de Fearnley. En 1841 l'ar-
tiste retourna à Munich où il mourut en
1842.

, JEAN GORBITZ (né à Bergen 1782, décédé
i853) appartient à l'ancienne école. Il fit ses
études dans la peinture de portraits en Alle-
magne et en France, notamment à Paris, ou
 
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