N° 14.
31 Juillet 1880.
Vingt-deuxième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.
MEMBRE DE l'aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.
SOMMAIRE. Belgique : Le catalogue illustré de
l'exposition rétrospective de l'art industriel. —
Note. — Pauline Caroline d'Arenberg, princesse
de Schwarzenberg. — France : Le musée des
instruments de musique à Paris. — Le diction-
naire d'architecture de Bosc. — Allemagne :
Geschichte der Italianische Malerei de Lupke. —
Chronique générale. — Musée national à Ams-
terdam. ■— Concours académique. — Cabinet de
la curiosité. — Dictionnaire des peintres. — An-
nonces.
Belgique.
LE CATALOGUE ILLUSTRÉ
de l'exposition rétrospective de l'art
industriel.
Ce catalogue n'existe pas et il n'exis-
tera pas. Cela a été décidé par une
opposition dé trois voix.
Jamais réunion d'objets d'art an-
cien n'a été en Belgique plus complète,
plus éblouissante; jamais occasion ne
fut plus belle d'offrir à la Belgique et
à l'Europe, un tableau plus brillant
des progrès des arts industriels depuis
l'époque mérovingienne jusqu'au XIXe
siècle; jamais en un mot ne fut don-
né plus magnifique prétexte de saisir
tout en une fois, de publier un véri-
table trésor et d'affirmer les splen-
deurs de notre pays. Eh bien, non !
Froidement, sans sourciller sans le
moindre remord, on a décidé qu'il
fallait rester petit, se croiser les bras,
ne rien faire, s'annihiler, c'est-à-dire
déclarer urbi et orbi que, si nous
avons su, grâce au concours de tous,
établir pour quelques mois la plus
belle situation qui se puisse voir,
nous sommes impuissants à publier
un livre qui l'éternisé.
C'est une humiliation cruelle qui
nous est infligée.
Et pourtant, une bonne partie de
la besogne était faite : on avait un
éditeur solide, des photographes,
des dessinateurs, des chromographes,
paraissant deux fois par mois.
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.
étranger : 12 fr.
tous les graphes voulus ; on aurait eu
du public, n'en doutez pas quand
vous voyez le catalogue San Donato
et d'autres arriver du prix d'origine
à un prix décuple ; il y avait là une
superbe affaire à réaliser.
Quels sont donc les arguments qui
ont prévalu? Nous les ignorons, mais
nous n'hésitons pas à déclarer que
quels qu'ils soient, il n'en est pas un
seul qui puisse être accepté. Nous
irons même jusqu'à dire qu'il ne serait
même pas sensé d'en produire.
Voyons : Est-ce le manque d'ar-
gent? Le gouvernement ne se serait-il
pas fait un devoir, en cas d'insuccès,
d'aider à couvrir un déficit selon nous
peu probable. N'a-t-il pas, à l'occasion
de cette même exposition, fait preuve
d'une intelligente largesse? Ne croit-
on pas que d'initiative il serait venu
au devant de l'entreprise. D'autres
influences, d'autres pouvoirs n'eus-
sent-ils pas imité cet exemple. A la ri-
gueur une souscription organisée sur
des bases spéciales n'eût-elle pas eu un
certain succès. La question d'argent,
qui semble dans l'espèce la plus im-
portante, est au fond celle qui aurait
dû embarrasser le moins et cela est
tellement vrai que nous sommes au-
torisé à déclarer que l'affaire bien
lancée eût été reprise aux promoteurs
à de brillantes conditions.
Est-ce la présomption d'incapacité
chez nos reproducteurs graphiques?
L'exposition industrielle moderne ré-
pond sur le terrain même à cette sup-
position.
Est-ce la pensée qu'il est inutile de
reproduire des objets dont la plupart
ont déjà été dessinés, gravés, etc.?
D'abord, il faut constater que la cen-
tième partie à peine se trouve dans
ce cas. L'argument ne vaut donc rien,
ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s^nicolas (Belgique).
sans compter que les objets d'art déjà
reproduits sont disséminés dans des
revues où la masse du public ne va
pas les chercher. Où donc a-t-on vu
reproduits les inestimables trésors de
la collection Somsée, pour ne citer
qu'un nom? Et puis, l'idée d'unité ne
doit-elle pas, dans une création de ce
genre, dominer l'impulsion donnée?
Encore une fois qu'y a-t-il eu?
Ne serait-on pas en droit d'exiger
une explication sur un pareil déni de
justice, car c'en est un. Notre amour
propre, notre honneur, notre dignité,
l'intérêt de notre gloire artistique,
celui de notre industrie moderne qui
eût tant gagné à pouvoir étudier et
comparer, celui de l'histoire de l'art
qui se fut étonnamment élucidée à
une publication de ce genre, tout, ab-
solument tout, plaidait en faveur de
l'entreprise ; tout se réunit pour con-
damner sévèrement une abstention
dont la responsabilité devrait incom-
ber nominativement à ceux qui l'ont
provoquée.
S'il en est encore temps que l'affaire
soit reprise, fût-ce pas souscription
publique; le Journal des Beaux-
Arts ne sera pas le dernier à y pren-
dre part.
AD. S.
NOTE.
Nous avions demandé au secrétariat de l'exposi-
tion universelle une carte permanente afin de pou-
voir visiter la section de l'art industriel rétrospectif
et en rendre compte dans notre journal.
Jusqu'à présent cette carte ne nous a pas été
remise. Nous avons donc lieu, de supposer qu'elle
nous est refusée.
Le Journal des Beaux-Arts n'a cependant
point refusé d'insérer les avis et les annonces que
la commission lui a adressés en masse. Ces inser-
tions ont été faites à titre gracieux, comme on dit
aujourd'hui. Le sentiment du gracieux, à titre
réciproque, parait ne pas exister au secrétariat de
l'exposition. La Rédaction.
31 Juillet 1880.
Vingt-deuxième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.
MEMBRE DE l'aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.
SOMMAIRE. Belgique : Le catalogue illustré de
l'exposition rétrospective de l'art industriel. —
Note. — Pauline Caroline d'Arenberg, princesse
de Schwarzenberg. — France : Le musée des
instruments de musique à Paris. — Le diction-
naire d'architecture de Bosc. — Allemagne :
Geschichte der Italianische Malerei de Lupke. —
Chronique générale. — Musée national à Ams-
terdam. ■— Concours académique. — Cabinet de
la curiosité. — Dictionnaire des peintres. — An-
nonces.
Belgique.
LE CATALOGUE ILLUSTRÉ
de l'exposition rétrospective de l'art
industriel.
Ce catalogue n'existe pas et il n'exis-
tera pas. Cela a été décidé par une
opposition dé trois voix.
Jamais réunion d'objets d'art an-
cien n'a été en Belgique plus complète,
plus éblouissante; jamais occasion ne
fut plus belle d'offrir à la Belgique et
à l'Europe, un tableau plus brillant
des progrès des arts industriels depuis
l'époque mérovingienne jusqu'au XIXe
siècle; jamais en un mot ne fut don-
né plus magnifique prétexte de saisir
tout en une fois, de publier un véri-
table trésor et d'affirmer les splen-
deurs de notre pays. Eh bien, non !
Froidement, sans sourciller sans le
moindre remord, on a décidé qu'il
fallait rester petit, se croiser les bras,
ne rien faire, s'annihiler, c'est-à-dire
déclarer urbi et orbi que, si nous
avons su, grâce au concours de tous,
établir pour quelques mois la plus
belle situation qui se puisse voir,
nous sommes impuissants à publier
un livre qui l'éternisé.
C'est une humiliation cruelle qui
nous est infligée.
Et pourtant, une bonne partie de
la besogne était faite : on avait un
éditeur solide, des photographes,
des dessinateurs, des chromographes,
paraissant deux fois par mois.
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.
étranger : 12 fr.
tous les graphes voulus ; on aurait eu
du public, n'en doutez pas quand
vous voyez le catalogue San Donato
et d'autres arriver du prix d'origine
à un prix décuple ; il y avait là une
superbe affaire à réaliser.
Quels sont donc les arguments qui
ont prévalu? Nous les ignorons, mais
nous n'hésitons pas à déclarer que
quels qu'ils soient, il n'en est pas un
seul qui puisse être accepté. Nous
irons même jusqu'à dire qu'il ne serait
même pas sensé d'en produire.
Voyons : Est-ce le manque d'ar-
gent? Le gouvernement ne se serait-il
pas fait un devoir, en cas d'insuccès,
d'aider à couvrir un déficit selon nous
peu probable. N'a-t-il pas, à l'occasion
de cette même exposition, fait preuve
d'une intelligente largesse? Ne croit-
on pas que d'initiative il serait venu
au devant de l'entreprise. D'autres
influences, d'autres pouvoirs n'eus-
sent-ils pas imité cet exemple. A la ri-
gueur une souscription organisée sur
des bases spéciales n'eût-elle pas eu un
certain succès. La question d'argent,
qui semble dans l'espèce la plus im-
portante, est au fond celle qui aurait
dû embarrasser le moins et cela est
tellement vrai que nous sommes au-
torisé à déclarer que l'affaire bien
lancée eût été reprise aux promoteurs
à de brillantes conditions.
Est-ce la présomption d'incapacité
chez nos reproducteurs graphiques?
L'exposition industrielle moderne ré-
pond sur le terrain même à cette sup-
position.
Est-ce la pensée qu'il est inutile de
reproduire des objets dont la plupart
ont déjà été dessinés, gravés, etc.?
D'abord, il faut constater que la cen-
tième partie à peine se trouve dans
ce cas. L'argument ne vaut donc rien,
ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s^nicolas (Belgique).
sans compter que les objets d'art déjà
reproduits sont disséminés dans des
revues où la masse du public ne va
pas les chercher. Où donc a-t-on vu
reproduits les inestimables trésors de
la collection Somsée, pour ne citer
qu'un nom? Et puis, l'idée d'unité ne
doit-elle pas, dans une création de ce
genre, dominer l'impulsion donnée?
Encore une fois qu'y a-t-il eu?
Ne serait-on pas en droit d'exiger
une explication sur un pareil déni de
justice, car c'en est un. Notre amour
propre, notre honneur, notre dignité,
l'intérêt de notre gloire artistique,
celui de notre industrie moderne qui
eût tant gagné à pouvoir étudier et
comparer, celui de l'histoire de l'art
qui se fut étonnamment élucidée à
une publication de ce genre, tout, ab-
solument tout, plaidait en faveur de
l'entreprise ; tout se réunit pour con-
damner sévèrement une abstention
dont la responsabilité devrait incom-
ber nominativement à ceux qui l'ont
provoquée.
S'il en est encore temps que l'affaire
soit reprise, fût-ce pas souscription
publique; le Journal des Beaux-
Arts ne sera pas le dernier à y pren-
dre part.
AD. S.
NOTE.
Nous avions demandé au secrétariat de l'exposi-
tion universelle une carte permanente afin de pou-
voir visiter la section de l'art industriel rétrospectif
et en rendre compte dans notre journal.
Jusqu'à présent cette carte ne nous a pas été
remise. Nous avons donc lieu, de supposer qu'elle
nous est refusée.
Le Journal des Beaux-Arts n'a cependant
point refusé d'insérer les avis et les annonces que
la commission lui a adressés en masse. Ces inser-
tions ont été faites à titre gracieux, comme on dit
aujourd'hui. Le sentiment du gracieux, à titre
réciproque, parait ne pas exister au secrétariat de
l'exposition. La Rédaction.