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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0041
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N° 5.

15 Mars 1880.

Vingt-deuxième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l'aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Concours extraordinaire
pour une histoire des Beaux-Arts de 1830 à 1880.
— Avis. — Beaux-Arts et industries artistiques
à Bruxelles en 1761. — Congrès international
du commerce et de l'industrie à Bruxelles. —
Italie : Au palais San Donato. — Chronique
générale. — Cabinet de la curiosité. — Diction-
naire des peintres. — Annonces.

Belgique.

CONCOURS EXTRAORDINAIRE
POUR UNE HISTOIRE DES BEAUX-ARTS

DE l83o A 1880
ouvert par le Journal des Beaux-A rts.

Le délai de remise des manuscrits
était le ier mars. A cette date aucun
mémoire ne nous est parvenu.

Nous regrettons cet insuccès, mais
il ne nous étonne pas. Le goût des
travaux sérieux tend à disparaître de
nos mœurs au profit d'une modernité
avide de succès éphémères. Dans le
cadre modeste de notre journal et,
dans la mesure de nos forces, nous
avons essayé de réagir contre cet état
de choses. Ce n'est point notre faute
si nous n'avons pas été compris.

Nous portons à la connaissance de
nos lecteurs que ce concours n'est
pas maintenu.

AVIS.

Nous avons l'honneur de prévenir nos
nouveaux abonnés que l'Album d'eaux-fortes
1878-79 est mis à leur disposition moyennant
3 fr. 5o c. Prière de nous avertir.

BEAUX-ARTS
ET INDUSTRIES ARTISTIQUES
A BRUXELLES EN 1761.

«Je ne suis pas de ceux qui désespèrent
» du présent et jettent un regard de regret
» vers le passé. Le passé est passé mais il
» faut le fouiller avec soin, avec sincérité,
» s'attacher non pas à le faire revivre, mais
» à le connaître... pour s'en servir. »

E. Viollet-le-duc.

§ I.

Il y a quelques jours, nous eûmes occasion
de consulter un charmant petit in-8°, doré

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS.

étranger : 12 fr.

sur tranche, vêtu de « veau écaillé » couleur
d'ambre et curieusement rechampi des fleu-
rettes « tarabiscotées » du style Rocaille. Le
lacis de filigranes d'or, imprimé « aux petits
fers» par un relieur doué d'autant de goût
que de patience, semblait d'une gracilité à
défier les réseaux les plus tenus des dentelles
brabançonnes.

Ce précieux spécimen des élégances typo-
graphiques bruxelloises au « siècle charmant
de la perruque. » fut envoyé comme étrennes
en l'an 1761 par un gentilhomme de la Cour
de S. A. R. le duc Charles de Lorraine et el
Baar à la marquise de Los-Rios, dont l'hôtel
touchait la Steen-Poort ainsi que nous l'ap-
prend quelque part le texte du galant bou-
quin.

Imprimé chez J.Moris,marché aux Tripes,
A la Bible, il porte ce titre affriolant : « Le
guide fidèle contenant la description tant
ancienne que moderne de la ville de Bru-
xelles, celle'de ses faux-bourgs et de ses huit
chefs-mayeries, savoir : Vilvorden, Gaesbecke,
Rode, Assche, Merchtem, Campenhout et
Capelle : Ouvrage curieux et utile. »

§ II-

« Ouvrage curieux ; » en l'inscrivant au
front de la prolixe et indigeste compilation
qui bonde Le guide fidèle, l'éditeur soup-
çonnait-il que ce présomptueux boniment
serait, en 1880, escompté comme valable et
véridique par un concitoyen de l'avenir chas-
seur par vocation « d'aulcunes choses curieu-
ses sinon utilles. »

Le livre de Moris nous a déjà servi en
mainte occasion; dans un siècle il sera encore
« utille » à bien d'autres. Ce genre de procès-
verbaux na'ifs, d'itinéraires diffus, élaborés à
date certaine, augmentent considérablement
d'intérêt en vieillissant. Examinés, analysés,
commentés à des points de vue divers, ils
permettent aux générations nouvelles de
scruter sûrement le passé d'une nation et
d'attribuer une juste valeur métaphysique aux
propensions naturelles et aux tendances pro-
gressives des contemporains.

Consultant d'ordinaire Le guide fidèle
pour un nom ou une date, comme l'on fait
d'un dictionnaire,nous n'avions jamais atten-
tivement examiné certain chapitre spécial
d'une trentaine de feuillets, placé ad calcem.
Nous avions cependant là, à portée de la main,
tout un monde de révélations condensé dans
la nomenclature, des noms, titres, dignités et
adresses des habitants de Bruxelles vivant en
1761. On y trouvait recensé à la fois, S. E le
comte de Cobenzl, ministre plénipotentiaire,
etc., « près de la Grosse Tour, » et M. de
Lesseps, envoyé de S. M. Louis XV «der-
rière Sainte-Gudule; » le cabaret fameux en-
seigné : Les trois perdraux avoisinant la
Steen-Poort et la table d'hôte du Petit Châ-

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s*-nicolas (Belgique).

teau rue « Entre nuit et jour» où les archers
de l'Amman pratiquaient, à l'occasion, des
razzia fructueuses de vide-goussets.

Cependant, pour une cause qui nous
échappe, certaines catégories de bruxellois
sont omises dans notre livre ; les magistrats,
avocats, procureurs, notaires, architectes, par
exemple. Nous n'y trouvons pas davantage
les noms et adresses des membres — haut
placés et importants à tous égards — des di-
vers «Conseaux» résidants à Bruxelles, de-
puis le redoutable Conseil d'Etat jusqu'à la
rustique Chambre d'Uccle (1) sans oublier la
joyeuse etdésopilante^4/caA'e delà Cour avec
ses grotesques alguapls. Souvenir suranné
de la domination espagnole, cette juridiction
d'opéra-comique s'étendait à la valetaille et
« autres dépendants » du palais des Souve-
rains.

Peut-être ces renseignements sont-ils con-
signés dans quelqu'autre publication ana-
logue ? Outre l'ouvrage qui nous occupe,
Moris a successivement fait paraître, d'année
en année : i° Description de la ville de Lou-
vain, ses faubourgs, ses chef-mayeries et ses
mayeries ; 20 Description des quatre villes
et des quinze mayeries du Brabant wallon
«laquelle fait cette année la fin de l'histoire»
(1771). Les heureux détenteurs de publica-
tions bruxelloises, complémentaires de celles
que nous venons de citer, seraient bien
courtois de nous renseigner à cet égard.

§ III.

Tout naturellement, dans le fouilli de ce
Bottin embryonnaire , nous cherchâmes
d'abord les noms de ces artistes et industriels
coiffés «en catogan» ou «à la brigadière», qui,
en ces temps désastreux où notre pauvre
Belgique, rayée du tableau des nations, pour-
suivie dans ses moyens d'existence par les
désastres d'interminables guerres et l'anéan-
tissement de son commerce, résultat de la fer-
meture de l'Escaut; conservaient encore une
étincelle du feu sacré du siècle de Rubens et
ne désespéraient pas tout à fait de l'avenir. Il
fallut le cataclysme européen de la fin du
siècle pour disperser sans retour nos maî-
trises de corporation , sauve-garde séculaire
de l'art et de l'industrie des dix-sept pro-
vinces.

Ab Jove principium : enquérons nous
d'abord du domicile des artistes. Ainsi que
l'ont prouvé les découvertes si intéressantes
opérées dans les registres paroissiaux d'An-
vers par MM.le chevalier de Burbure, Rom-
bouts et Van Lerius; la connaissance des

(1) Est etiam Uccleum pagano jure Tribunal
Septenisque suis Nobile judicibus.
Dit Puteanus(Heptas III ; distichon V) dans Bruxelles
septénaire (1646). Ce tribunal étendait sa juridiction
sur plus de cent Franchises. Bourgs et Villages. Il
était composé de sept juges, qui avaient le titre d'Eche-
vins (Scabini), nommés par le Souverain.
 
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