N° 20.
31 Octobre 1880.
Vingt-deuxième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.
membre de l'académie roy. de belgique, etc.
Sommaire. Belgique : Dictionnaire des peintres.
Préface provisoire.— Exposition historique belge.
— Salon de Gand. — France : Exposition des
arts industriels. — Bibliographie : Technologie
du bâtiment ; chauffage et ventilation des lieux
habités. — Chronique générale. — Cabinet de la
curiosité, — Dictionnaire des peintres. — An-
nonces.
Belgique.
DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DES PEINTRES
DE TOUTES LES ÉCOLES
depuis l'origine de la peinture
jusqu'à nos jours.
Troisième édition (i).
Nous avons lancé le prospectus de
notre Dictionnaire historique des
peintres de toutes les écoles depuis
l'origine de la peinture jusqu'à nos
jours.
La publication de cette troisième
édition qui constitue un livre nou-
veau, a été retardée par diverses cir-
constances ; aujourd'hui le manuscrit
est entre les mains de l'imprimeur
qui apportera la plus grande activité
à l'impression de notre ouvrage. Une
collection de io5 belles gravures sur
bois reproduisant les œuvres types
des principaux maîtres et formant
une livraison, sera publiée soit à la
fin, soit dans le cours de la distribu-
tion de l'ouvrage.
Ce n'est pas à nous à exprimer une
opinion sur le livre auquel nous tra-
vaillons depuis 40 ans, mais il sera
permis de rappeler à nos lecteurs
qu'aujourd'hui notre Dictionnaire est
devenu le manuel tout à fait indis-
pensable de ceux qui s'occupent de
l'histoire delà peinture et des peintres.
Deux éditions ont été enlevées dans
(1) Quelques lecteurs du Journal des Beaux-Arts
ont cru que cette troisième édition se publiait à la
septième page ; c'est une erreur. Nous ne donnons
dans cette page que les peintres de l'école flamande
seule. Nous avons décidé cette publication afin de
donner un spécimen de la méthode employée pour la
rédaction du Dictionnaire.
paraissant deux fois par mois.
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.
étranger : 12 fr.
une période d'années relativement
courte ; cette circonstance est la seule
que nous rappellerons ici pour justi-
fier l'opportunité de cette nouvelle édi-
tion si considérablement augmentée.
Un point sur lequel il doit nous
être permis d'insister est celui-ci : le
labeur ardu, pénible, dispendieux et
ingrat auquel nous nous sommes li-
vrés sans autre objectif que celui de
laisser une œuvre utile, est considéré
par beaucoup de monde comme une
œuvre de compilation. Un seul cri-
tique, M. L. Lagrange, dans la Galette
des Beaux-Arts de Paris, du mois de
septembre 1866, nous a rendu à cet
égard une justice qui nous a vive-
ment touché.
Comme tous les livres d'histoire
celui-ci a été composé avec des livres,
mais nul ne saura ce qu'il nous a
fallu de patience, de recherches, de
voyages et de difficultés, pour sauver
de l'oubli, disputer à la négligence,
arracher aux sphynx des temps an-
ciens et modernes, des noms, des
faits et des secrets dont la mise en
lumière édifie et constitue l'histoire.
Ce rôle patient nous l'avons imper-
turbablement rempli pendant de lon-
gues années et après avoir amassé
ainsi tout ce qui était nécessaire à
notre œuvre, nous avons du fondre
le tout dans une sorte de synthèse
à l'usage du public. Il nous a fallu
réduire des masses de documents,
soumis d'abord à un examen, d'où
nous avouons ne pas être toujours
sortis vainqueurs, en une phrase
brève, quelquefois en un chiffre, sou-
vent en un seul mot. C'est dans la
pensée obstinée d'arriver à ce résultat
pratique que réside pour nous l'es-
sence de ce grand travail. On com-
prendra dès lors que la qualification
de compilateur nous est pénible à
accepter et nous en appelons, sur ce
point, à la bonne foi de ceux qui se
serviront de ce Dictionnaire et qui
y trouveront condensée la matière
de plus de vingt volumes. Nous avons
également à faire remarquer que ce
que M. Lagrange appelle l'originalité
ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (belgique).
du livre, c'est-à-dire, la caractéristi-
que du talent de chaque artiste, est
sans aucun doute ce qui nous a
demandé le plus de circonspection et
de réflexion. Nous ne sommes pas
arrivés à poser des formules nettes
et brèves sans avoir eu à peser mû-
rement nos pensées et nos paroles.:
Nous attendons notre récompense
de l'accueil bienveillant et loyal qui
sera fait à la présente déclaration.
L'auteur,
Adolphe Siret.
Nous recevrons avec une vive gratitude les ren-
seignements, rectifications, notes, documents, archi-
ves, monogrammes, etc., qu'on voudra bien nous
communiquer. S'il y a lieu, il sera fait usage de ces
communications dans un Appendice qui terminera le
Dictionnaire et où sera consigné tout changement que
nécessiteraient les découvertes faites pendant l'impres-
sion. Les noms des correspondants seront imprimés
sous leurs communications.
EXPOSITION HISTORIQUE BELGE.
(suite).
Jean Portaels qui a débuté par des tableaux
bibliques semble avoir déserté ce fillon si fa-
vorable aux grands talents pour se réfugier
dans le genre des abstractions sentimentales.
Il exploite, avec succès, la fibre des gracilités
un peu maladives du sexe faible et charmant.
Il paraît s'être livré d'une part à l'étude des
orages du cœur, d'autre part il cherche l'élé-
gance de la ligne dans la morbidesse des con-
tours féminins. Nous avons eu de lui de
grandes et belles pages : Le convoi dans le
désert ; les Roi* mages ; laSulamite, le Simoun,
que sais-je encore. Depuis, ses œuvres les
plus importantes, après Une loge à Pesth qui
est une véritable étude psychologique, sont
des portraits et surtout des portraits de femme
ou bien des études terminées telles que sa
Bruyère, sa Bretonne, sa Jeune Bohémienne,
etc.
La caractéristique du talent de Portaels est
avant tout la souplesse, la grâce et l'exactitude
du dessin. Son coloris, sans avoir été jamais
d'une grande énergie, a toutefois de l'har-
monie et sa touche moelleuse et facile n'est
pas une de ses moindres qualités. Depuis une
quinzaine d'années sa palette s'est un peu
éteinte et sa coloration, surtout dans les
chairs, est devenue grise et presque plombée,
notamment dans ses portraits. Heureusement
que ceux-ci se maintiennent encore, surtout
les portraits de femme, par des allures de ten-
dresse infinie. Rien ne va mieux à l'âme que
ces regards longs et doux dont il a le secret et
cette sorte d'affaissement physique due à la
rêveuse somnolence qu'il impose à ses mo-
dèles. Il sait aussi disposer avec un naturel
31 Octobre 1880.
Vingt-deuxième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.
membre de l'académie roy. de belgique, etc.
Sommaire. Belgique : Dictionnaire des peintres.
Préface provisoire.— Exposition historique belge.
— Salon de Gand. — France : Exposition des
arts industriels. — Bibliographie : Technologie
du bâtiment ; chauffage et ventilation des lieux
habités. — Chronique générale. — Cabinet de la
curiosité, — Dictionnaire des peintres. — An-
nonces.
Belgique.
DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DES PEINTRES
DE TOUTES LES ÉCOLES
depuis l'origine de la peinture
jusqu'à nos jours.
Troisième édition (i).
Nous avons lancé le prospectus de
notre Dictionnaire historique des
peintres de toutes les écoles depuis
l'origine de la peinture jusqu'à nos
jours.
La publication de cette troisième
édition qui constitue un livre nou-
veau, a été retardée par diverses cir-
constances ; aujourd'hui le manuscrit
est entre les mains de l'imprimeur
qui apportera la plus grande activité
à l'impression de notre ouvrage. Une
collection de io5 belles gravures sur
bois reproduisant les œuvres types
des principaux maîtres et formant
une livraison, sera publiée soit à la
fin, soit dans le cours de la distribu-
tion de l'ouvrage.
Ce n'est pas à nous à exprimer une
opinion sur le livre auquel nous tra-
vaillons depuis 40 ans, mais il sera
permis de rappeler à nos lecteurs
qu'aujourd'hui notre Dictionnaire est
devenu le manuel tout à fait indis-
pensable de ceux qui s'occupent de
l'histoire delà peinture et des peintres.
Deux éditions ont été enlevées dans
(1) Quelques lecteurs du Journal des Beaux-Arts
ont cru que cette troisième édition se publiait à la
septième page ; c'est une erreur. Nous ne donnons
dans cette page que les peintres de l'école flamande
seule. Nous avons décidé cette publication afin de
donner un spécimen de la méthode employée pour la
rédaction du Dictionnaire.
paraissant deux fois par mois.
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.
étranger : 12 fr.
une période d'années relativement
courte ; cette circonstance est la seule
que nous rappellerons ici pour justi-
fier l'opportunité de cette nouvelle édi-
tion si considérablement augmentée.
Un point sur lequel il doit nous
être permis d'insister est celui-ci : le
labeur ardu, pénible, dispendieux et
ingrat auquel nous nous sommes li-
vrés sans autre objectif que celui de
laisser une œuvre utile, est considéré
par beaucoup de monde comme une
œuvre de compilation. Un seul cri-
tique, M. L. Lagrange, dans la Galette
des Beaux-Arts de Paris, du mois de
septembre 1866, nous a rendu à cet
égard une justice qui nous a vive-
ment touché.
Comme tous les livres d'histoire
celui-ci a été composé avec des livres,
mais nul ne saura ce qu'il nous a
fallu de patience, de recherches, de
voyages et de difficultés, pour sauver
de l'oubli, disputer à la négligence,
arracher aux sphynx des temps an-
ciens et modernes, des noms, des
faits et des secrets dont la mise en
lumière édifie et constitue l'histoire.
Ce rôle patient nous l'avons imper-
turbablement rempli pendant de lon-
gues années et après avoir amassé
ainsi tout ce qui était nécessaire à
notre œuvre, nous avons du fondre
le tout dans une sorte de synthèse
à l'usage du public. Il nous a fallu
réduire des masses de documents,
soumis d'abord à un examen, d'où
nous avouons ne pas être toujours
sortis vainqueurs, en une phrase
brève, quelquefois en un chiffre, sou-
vent en un seul mot. C'est dans la
pensée obstinée d'arriver à ce résultat
pratique que réside pour nous l'es-
sence de ce grand travail. On com-
prendra dès lors que la qualification
de compilateur nous est pénible à
accepter et nous en appelons, sur ce
point, à la bonne foi de ceux qui se
serviront de ce Dictionnaire et qui
y trouveront condensée la matière
de plus de vingt volumes. Nous avons
également à faire remarquer que ce
que M. Lagrange appelle l'originalité
ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (belgique).
du livre, c'est-à-dire, la caractéristi-
que du talent de chaque artiste, est
sans aucun doute ce qui nous a
demandé le plus de circonspection et
de réflexion. Nous ne sommes pas
arrivés à poser des formules nettes
et brèves sans avoir eu à peser mû-
rement nos pensées et nos paroles.:
Nous attendons notre récompense
de l'accueil bienveillant et loyal qui
sera fait à la présente déclaration.
L'auteur,
Adolphe Siret.
Nous recevrons avec une vive gratitude les ren-
seignements, rectifications, notes, documents, archi-
ves, monogrammes, etc., qu'on voudra bien nous
communiquer. S'il y a lieu, il sera fait usage de ces
communications dans un Appendice qui terminera le
Dictionnaire et où sera consigné tout changement que
nécessiteraient les découvertes faites pendant l'impres-
sion. Les noms des correspondants seront imprimés
sous leurs communications.
EXPOSITION HISTORIQUE BELGE.
(suite).
Jean Portaels qui a débuté par des tableaux
bibliques semble avoir déserté ce fillon si fa-
vorable aux grands talents pour se réfugier
dans le genre des abstractions sentimentales.
Il exploite, avec succès, la fibre des gracilités
un peu maladives du sexe faible et charmant.
Il paraît s'être livré d'une part à l'étude des
orages du cœur, d'autre part il cherche l'élé-
gance de la ligne dans la morbidesse des con-
tours féminins. Nous avons eu de lui de
grandes et belles pages : Le convoi dans le
désert ; les Roi* mages ; laSulamite, le Simoun,
que sais-je encore. Depuis, ses œuvres les
plus importantes, après Une loge à Pesth qui
est une véritable étude psychologique, sont
des portraits et surtout des portraits de femme
ou bien des études terminées telles que sa
Bruyère, sa Bretonne, sa Jeune Bohémienne,
etc.
La caractéristique du talent de Portaels est
avant tout la souplesse, la grâce et l'exactitude
du dessin. Son coloris, sans avoir été jamais
d'une grande énergie, a toutefois de l'har-
monie et sa touche moelleuse et facile n'est
pas une de ses moindres qualités. Depuis une
quinzaine d'années sa palette s'est un peu
éteinte et sa coloration, surtout dans les
chairs, est devenue grise et presque plombée,
notamment dans ses portraits. Heureusement
que ceux-ci se maintiennent encore, surtout
les portraits de femme, par des allures de ten-
dresse infinie. Rien ne va mieux à l'âme que
ces regards longs et doux dont il a le secret et
cette sorte d'affaissement physique due à la
rêveuse somnolence qu'il impose à ses mo-
dèles. Il sait aussi disposer avec un naturel