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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0034
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— 26 —

qui provient de la collection Robit. — Le
fameux Trompette de Ph. Woumerman. —
Le paysage, de Ruhens, gravé par Bols-
wert. --Le portrait d'Anne Cavendish de
Van DycK, cité par Smith. — L'enfant pro-
digue, de Teniers, collection Erard. — Un
homme d'armes, de Rembrandt, superbe fi-
gure que Smith mentionne avec enthou-
siasme. — Le Jeu interrompu, de Teniers,
gravé par Snyderhoef, perle citée par Smith
et Waagen, provenant de la collection Ba-
ring. — Les fameuses Noces de Cana, de
Jean Steen, signé et daté de 1676, pièce
considérable et historique.—En Gueldre,
admirable vue panoramique de Philip Ko-
ninck, quelque chose de grand et de vrai-
ment inoui comme profondeur et perspective
et encore un prestigieux Van Ostade :
La fête dans la chaumière qui a passé par
les plus grandes collections du siècle — et
encoreun Rembrandt puissant, Jeune femme,
de la collection Pourtalès —et aussi le splen-
dide portrait de Spinola par Rubens, portrait
connu et qui sort de la collection du grand
maître. — J'en passe, obligé que je suis de
regarder mon papier qui diminue à vue d'ceil.

Me voici dans un salon où je ne vois que
d'immenses vases de Chine, du Japon, rou-
leaux, potiches, vases en granit oriental;
des soupières, des salières, puis des pièces
d'orfèvrerie, des hanaps, des vidrecomes, des
pintes, des couronnes, à donner le vertige;
plus loin encore des tableaux, ceux-ci de
l'école italienne, toutes œuvres qui s'impo-
sent par leur indiscutable maestria. Dans le
boudoir je me traîne près d'un Christ à la
colonne, marbre un peu pesant du Bernin
qui est placé près d'un buste de la mère de
Rigaud, pièce majeure; je m'appuie quel-
ques moments contre un grand coffret de
Boule, je me ranime devant des bas-reliefs
pleins de vie modelés par Clodion et... je
vais prendre un peu d'air, me réservant de
finir dans votre prochain numéro.

La vente est définitivement fixée au i5
mars, mais le public sera admis, sur carte,
à l'exposition à partir du Premier mars.
Il va de soi qu'une quantité aussi inouie de
chefs-d'œuvre de toute nature ne sera adju-
gée qu'avec la lenteur qui convient à la cir-
constance. Tous les musées et toutes les col-
lections d'Europe iront certainement se re-
tremper à San Donato, les poches bourrées
de l'élément indispensable. On ne mettra
donc point à la diffusion de tant de richesses
une précipitation fâcheuse et les chargés
d'affaires ne se plaindront pas de baguenau-
der un peu dans ce palais enchanté. Du reste,
il est probable qu'avant mon dernier article
j'aurai à vous entretenir des péripéties de la
grande bataille qui va s'engager.

J. MONARI.

France.

Correspondance particulière.
CARPEÂUX

par m. ernest chesneau.

M. Ernest Chesneau vient d'écrire d'une
main délibérée un volume sur le statuaire
J. B. Carpeaux, sa vie et son œuvre. M. Quan-
tin, l'éditeur courageux de tant de beaux
livres qui ont pour but l'exaltation de l'art, a
pris le manuscrit de l'écrivain et l'a revêtu de
cette parure typographique dont lui seul a le

monopole. Ce n'est pas le type sévère des
Didot, des Hachette, des Pion que M. Quantin
met en usage dans un livre d'art, c'est le type
élégant, capricieux, plein d'humour et de
coquetterie dans la liberté de ses courbes,
c'est le caractère inventé par ce grand artiste
du xvie siècle Louis EIzevir. En songeant
parfois aux légers feuillets du critique et à ces
petits morceaux de métal qui, mis en ordre
par la main du compositeur, donnent la vie,
l'éclat, la durée à la pensée humaine, je me
souviens maigre moi de la belle devise d'Isaac
EIzevir, — un autre membre de la grande
dynastie des imprimeurs de Leyde — Concor-
diâ res parvae crescunt. Les petites choses
croissent par l'union Vive l'union du penseur,
de l'historien, avec l'éditeur obligeant et
capable qui entend sa mission. Vivent les
belles pages, les livres rayonnants, pleins de
fières pensées, de douces confidences, de
jugements ingénieux, de fine raison. Vivent
les historiens d'art et ceux qui se font les
hérauts de leur parole enchanteresse.

Donc M. Ernest Chesneau a pris place avec
la vie de Carpeaux parmi les écrivains trop
rares qui se sont occupés des sculpteurs.
Hélas, hélas ! nous allons repétant partout que
la sculpture est un art uational dans notre
pays. Nous disons volontiers que les gothiques
ont été des maîties éminemment personnels.
Nous citons Jean Goujon que la tourmente du
xvie siècle n'a pn faire dévier vers l'imitation
pittoresque. Nous constatons qu'aucun peuple,
a l'époque où régnait ce dominateur sans
rival, Michel-Ange, ne s'est pleinement affranchi
de la tutelle du pinceau .Seule peut-être entra les
nations de l'Europe, la France peut nommer
un maître demeuré grec par la méthode en
étant Français par le génie. La chaîne ininter-
rompue des saines traditions en sculpture se
poursuit depuis les gothiques jusqu'à notre
époque. Conclusion : des hommes de talent se
sont trouvés chez nous pour écrire la Vie des
Peintres de toutes les Écoles, et les sculpteurs
français sont inconnus

Le plus vivant des maîtres sculpteurs qui
aient occupé l'opinion pendant les vingt
dernières années, Carpeaux a du moins ren-
contré une main d'ami pour raconter ses
douleurs, ses triomphes, son œuvre. Parti des
rangs du peuple, Carpeaux dut gravir péni-
blement le premier versant de l'existence. Il
était pauvre. Etre pauvre et vouloir être
artiste, c'est faire alliance avec la faim pour
longtemps. D'autres ne craindraient pas de
dire, « pour toujours. » Quoiqu'il en soit, le
besoin fut son premier initiateur dans la vie.
L'adolescent choisit un maître. C'est à Rude
qu'il demanda de l'instruire. Rude était un
proscrit, mais l'ostracisme ne l'avait pas aigri.
Les élèves de Rude étant peu favorisés dans
les concours, le maître les supplia de le
quitter. Carpeaux passa quelques années chez
Duret, juste assez pour gagner le prix de
Rome après quoi Dante et Michel-Ange le
prirent à leur école. II paraît qu'en ce temps-
là Dante et Michel-Ange faisaient peur. Car-
peaux, ayant modelé son groupe d'Ugolin, fut
blâmé. Le jeune maître revint en France
savoir ce qu'on disait de lui. Mais au lieu
d'écouter, il prit son ciseau. Le buste de la
princesseMathilde, IaPalombella, le Triomphe
de Flore, le Prince impérial, la Rieuse, le
Pêcheur napolitain, la Danse, Watteau, le
portrait de Charles Gounod et celui'd'Alexan-
dre Dumas, sortirent de ses mains vaillantes
avec le sceau d'une individualité inégale, mais
toujours remarquable. L'ampleur, la grâce,

le mouvement, l'expression intense ou suave
trouvaient chez cet artiste nourri aux grandes
œuvres de la Renaissance italienne un relief
original, saisissant, parfois vraiment séduc-
teur.

Chemin faisant, entre deux succès, Carpeaux
s'était marié. La fortune lui avait souri, mais
un mystère que nous devons respecter, plane
sur la vie privée de l'artiste. Il était dit qu'au
déclin de sa courte existence Carpeaux n'aurait
qu'une muse :. la douleur. Ils se connaissaient
de longue date. L'artiste, sur le point de mou-
rir, chercha dans le marbre une pensée :
Vamour blessé fut sa dernière œuvre.

Les réticences qu'il ne nous coûte pas de faire
au cours de cette lettre étaient un écueil pour
l'historien de Carpeaux. M. Chesneau nous
pardonnera de le lui dire, son ouvrage plein de
faits, riche de documents,écrit avec non moins
de goût que de science, a je ne sais quoi d'ina-
chevé. On sent que certaines phrases ont été
tronquées. Il y a des syllabes de moins dans
son discours. Ce n'est pas la faute de l'écri-
vain. Il avait, on le voit, accumulé de nom-
breuses pièces, il avait pratiqué son modèle,
il l'aimait, et de tous points compétent pour
bien dire... il s'est aperçu qu'il ne pouvait tout,
dire. C'est aiors que, se souvenant de Vasari
dont les pages sur ses contemporains sont si
précieuses pour nous, M. Chesneau n'a pas cru
devoir attendre. Il nous a livré ce qu'il pouvait
publier de la vie du jeune maître, il nous a dit
ce qu'il pense de son œuvre, et pêle-mêle sont
tombés de ses mains les documents que d'au-
tres n'auraient pas su trouver et qu'un jour nos
petits-fils mettront en œuvre.

Il faut féliciter M. Chesneau de ce qu'il vient
de faire. Son livre prendra place près des
Gaffieride M. Jules Guiffrey, qui, ayant le droit
de tout dire sur une famille d'artistes, n'a rien
omis. Son ouvrage où nons puisons chaque
jour est de ceux qui fixent un sujet dans l'his-
toire. Le monument est définitif et durable. Je
cherche quels écrivains se sont occupés de nos
sculpteurs. Léon Lagrange a écrit la vie de
Pierre Puget. M. Eyries a racconté Simart.
Girardon, Pigalle, Falconet, Milhomme, Pra-
dier sont redevables de quelques brochures à
leurs contemporains, mais où est le livre sur
Jean Goujon, les Coustou, Coyzevox, Houdon,
Rude, Barye? Nous l'attendons.

Henry JOUIN.

LE SALON DE PAU.
(suite).

Dameron a envoyé quatre toiles, dont une
digne d'être admirée, c'est son Chemin de be-
deau à Cernay-la-ville, ce tableau qui en 1879
a été au Salon de Paris, est traité largement,
un effet d'automne dans toute sa splendeur; il
est fâcheux que l'artiste ait envoyé une si
grande toile, c'est sans doute pour courir la
chance d'être achetée par la Commission du
Musée ; j'en doute, car d'autres noms sont en
avant, et les amateurs n'ont pas d'ordinaire-
ment des emplacements assez vastes pour y
loger une pareille toile.Comme toujours le ba-
ron D es Routin a envoyé une petite toile de
genre, une véritable étude, son Enfant au
masque est gracieux, cebambin tenant dans ses
mains une autre figure que la sienne, est heu-
reux et il ne changerait pas ce masque contre
un gâteau. L'idée était bonne si elle avait été
mieux rendue et moins à l'état d'ébauche.

De même que Théodore Hannon a obtenu
un succès légitime avec ses aquarelles, de
 
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