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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0043
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1 35 —

le Grand Marché), elle se vendait séparément
« un escalin et deux pour ceux qui n'auront
pas souscrit». La façon dont l'architecture est
traitée nous prouve que Martin était sans
doute l'un de ces peintres d'architecture et
de monuments en ruines si à la mode au
XVIIIe siècle et dont Isaak de Moucheron,
J. P. Pannini, Giuseppe Gali Bibiena et le
chevalier Piranesi, furent les grands prêtres.

Cette planche, outre la nom de Martin
qu'elle nous signale comme graveur à l'eau-
forte, nous permet de constater diverses par-
ticularités accessoires d'intérêt local :

i° L'église abbatiale de Coudenberg ne
présente qu'une colonnade avec fronton
sculpté, sans attique ni clocher à coupole.

2° Un campanile, à double étage, avec ca-
drans, surmonte le fronton du bâtiment qui
servit de Lycée impérial au commencement
du siècle et fut, ces derniers temps, l'Ecole
militaire.

3° Le Borgendael était fermé par un gril-
lage.

4° Le fronton sculpté par Adrien Joseph
Henrion de Nivelles est des plus singuliers
sur un fond arcaturé, se montre le profil d'un
maître-autel où un prêtre célèbre la messe
au moment de la consécration. Des fidèles
agenouillés, à droite; des anges jouant de
divers instruments de musique, à gauche,
remplissent le tympan. Franchement pour ce
cas particulier, nous ne nous montrerons pas
sévère au sujet de la destruction «civique» de
cette ridicule ordonnance opérée en 1797.

4° La statue pédestre, en armure romaine
et perruque «naissante »(i) du prince Charles
de Lorraine renversée le i3 janvier 1793 par
la bande d'un montois appelé Charies(2). La
gravure de R. Cooper (1784) que nous avons
sous les yeux nous permet d'apprécier les
détails très intéressants du piédestal de cette
figure à cause d'une particularité qui prouve
combien les idées rubéniennes étaient encore
persistantes au XVIIIe siècle. Le cartel destiné
à l'inscription dédicatoire, est formé d'une
peau de lion; or, dans le chap. VI (page 3i3)
de notreHistoire de l'influence italienne sur
ïarchitecture dans les Pays-Bas, nous di-
sions précisément à propos de l'étoffage des
cartouches du grand maître anversois : « Par-
» fois Rubens emploie en guise de cartel pour
» étoffer l'écu du Brabant ou du Marquisat
» du S* Empire, la dépouille d'un lion, au
» naturel, avec le mufle à épaisse crinière,
» les griffes pendantes et la queue en sautoir.
» De cet ensemble sauvage, étrange sort un
» motif d'un étonnant effet.»

Au ravissant portrait d'Abraham Bloe-
maert (gravé en 1610 par Jacques Matham
d'après P. Morelsen) dont l'étoffage allégo-
rique est vraiment splendide, l'artiste a ajusté
une peau de chèvre ou nébride dont les cor-
nes se mêlent aux volutes du grand cadre et
qui est disposée on ne peut plus pittoresque-
ment pour servir de cartouche et recevoir les
distiques latins de Schrevelius à l'éloge de
Bloemaert.

JEAN-LOUIS KRAFFT. Né à Bruxelles en

(1) Cette statue fondue à Manheim sur un modèle
du chevalier P. A. Verschaffclt de Gand, Directeur de
l'académie de S. A. E. arriva à Bruxelles le 5 janvier
1776 et fut inaugurée le 17 suivant. Bien que la mé-
daille commémorative porte la date du 17 janvier 1776,
la première pierre de l'église de Caudenberg, à cause
du mauvais temps, fut placée seulement le 12 février.
L'église ne fut achevée qu'en 1785 par l'architecte
Montoyer né à Nivelles comme Henrion.

(2) Voir notre travail sur la Grand'Place de Bru-
xelles, publié en 1878, p. ii.

171 o, grava une série de portraits de la mai-
son d'Autriche. On lui doit un livre gracieux,
orné de cent cinquante planches intitulé :
Schat der Fabels gekosen uyt de voornaam-
ste verdicht schrijvers. Krafft mit ce volume
au jour dans le but patriotique de revendi-
quer la valeur de la langue flamande sous le
rapport de la prosodie. Il parait qu'au milieu
du xviiie siècle l'idiome thiois, si foncière-
ment national,commençait déjà à être calom-
nié par ceux qui l'ignoraient ou dédaignaient
de l'apprendre : « om de misachten van de
Nederduitsche tael te overiuijgen dat ^ij %oo
bekwaem is om verheren ^aeken kort en bon-
di g aen te wij^en als eenige andere »....
Krafft s'exprime dans toute cette préface en
flamingant convaincu.

Nous possédons de ce peintre une char-
mante eau-forte inédite, d'après un « après-
souper » de Teniers le jeune, tiré du cabinet
du Sr T'Sas, orfèvre-joaillier cité plus loin.
Il a encore gravé l'Hôtel de Ville de Mons
pour les Délices des Pays-Bas.

CASTEELS. Les Casteels constituent une
nombreuse lignée artistique dans les Ligge-
ren anversois. Hans Casteels, apprenti chez
Joes Mennes apparaît en 1617-18 et la suite
non interrompue de peintres, enlumineurs,
relieurs et peintres en bâtiments ne s'arrête
qu'à Jacques Casteels apprenti chez Petrus
Stoop « huischilder » (1764-65).

Charles Casteels « constschilder » fut reçu
à la Gilde le 29 janvier 1752.

Nous sommes en possession d'une suite
de douze planches, oiseaux et fleurs, publiées
en 1726 par un artiste du nom de Pierre Cas-
teels. Les dessus de porte étaient fort goûtés
par la mode régnante et formaient un acces-
soire obligé d'un lambris de style « Rocaille. »
Un peintre de fleurs,d'ornements et d'oiseaux
devait avoir quelque chance d'employer fruc-
tueusement ses pinceaux dans les salons de
la nombreuse noblesse, titrée ou non, dont
le Guide fidèle nous apprend la résidence à
Bruxelles.

Pierre Casteels était né à Anvers en 1684,
il peut aussi bien que Charles, précité, avoir
été le Casteels demeurant près le Mey Boom.

Jean-Baptiste Thibeau, alias : Thi-
baut. Cet artiste nous est connu à la fois
comme peintre d'histoire et architecte-déco-
rateur. Nous en avons parlé ailleurs (1) à
propos de la relation illustrée des fêtes célé-
brées à Bruxelles en 1735 en mémoire d'une
translation d'hosties profanées par certains
Juifs au xive siècle, due au continuateur
anonyme de P. de Cafmeyer chanoine de
Ste-Gudule.

La plupart des arcs de triomphe et déco-
rations architecturales — en trompe-l'œil ■—
élevés à cette occasion furent dessinés par
J. B. Thibaut et gravés par J. Harrewijn et
J. L. Krafft dont nous venons de parler.

Les arcs de triomphe de Thibaut sont_cu-
rieux à étudier; on y sent poindre à la fois le
Zopfstil viennois de Fischer von Erlach et le
Rococo du Chevalier Servandoni intronisé à
Bruxelles en 1746 aux Hôtels d'Arenberg et
d'Ursel par cet architecte favori deLouisXV.
Ils offrent cependant encore assez d'affinités
avec le style loyolite pour se rattacher, aussi
bien que ses tableaux,à la filiation des formes
de l'Ecole de Rubens.

Comme pureté relative de style italo-fla-

(1) Histoire de l'influence italienne sur l'architec-
ture dans les Pays-Bas, mémoire couronné par l'Aca-
démie en 1873, chap. VII, p. 453.

mand nous citerons de Thibaut, l'arc dressé
près de l'église St-Nicolas, celui de la Chaus-
sée de Flandre et principalement celui en pur
style Rubens de la 2me période élevé par les
« Intendants du Rivage. »

Le même recueil nous apprend qu'à cette
occasion Philippe de Herzelles, député au
Conseil de Brabant et Recteur de l'Univer-
sité de Louvain commanda à J. b. Thibaut
une grande toile représentant le Triomphe
de lEucharistie. Cette composition que l'on
a reléguée il y a une trentaine d'années dans
les combles de la collégiale bruxelloise était
inspirée d'une toile connue de Rubens. Elle
a eu la singulière fortune d'être reproduite
comme image de sainteté par de nombreux
aqua-fortistes du xviiie siècle.

A part ce tableau, Mensaert nous apprend
que Thibaut exécuta cinq des grandes toiles
des Mystères du Rosaire dans l'église des
Dominicains. Thibaut grava lui-même à
l'eau-forte les planches 19 et 20 de la descrip-
tion illustrée du jubilé de 1720 par P. de Caf-
meyer ; la première, d'après Cortens, repré-
sente les archiducs Albert et Isabelle hono-
rant les Hosties, la seconde, d'après Eyckens,
l'inauguration de la fameuse balustrade d'ar-
gent due à la munificence du cardinal Infant
Ferdinand d'Autriche, pour l'intronisation
duquel Rubens peignit en 1635 les superbes
arcs de triomphe de la Prompa introitus.

Quant à lavende, van beyst, TlM-

mermans, Van der Haeghen et Mesu-
rolle nous ne possédons aucune particu-
larité sur ces artistes.

Dans les listes de maîtres de Moris, l'ordre
observé est celui de l'ancienneté d'Inscription
aux Registres des corporations. Vraisembla-
blement, les derniers cités sont de jeunes
maîtres. Admettant cette supposition le
Thibaut en question serait peut être le
fils de Jean-Baptiste réputé peintre de ta-
lent vingt-cinq années avant l'époque ou pa-
rut le Guide fidèle. Nous avons tenu à con-
signer cette réflexion dubitative.

Nos Gildes de St-Luc n'avaient plus douze
années à vivre quand fut publiée la liste qui
nous occupe. En vertu du règlement du
20 mars 1773, sur les instances d'André Lens,
l'impératrice Marie Thérèse dispensait désor-
mais les artistes, tant maîtres qu'apprentis,
de l'obligation de se faire inscrire aux Lig-
geren des corporations de peintres. Quelques
artistes de valeur acceptèrent cependant en-
core les fonctions à'Opperdeken ou chef-
doyen ; ainsi firent, à Anvers, tes peintres
Van Regemorter et Ommeganck.

(A suivre). A. schoy.

CONGRÈS INTERNATIONAL
DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE

A BRUXELLES.

L'Union Syndicale organise à l'occasion des
fêtes qui célébreront le cinquantième anniver-
saire de l'indépendance de notre pays, un
Congrès international du Commerce et de l'In-
dustrie, auquel sont conviés pour la première
fois tous ceux qui s'intéressent au développe-
ment de notre activité commerciale et indus-
trielle.

Il est impossible de choisir une époque pl g
favorable pour mettre à exécution un proje
pour la réussite duquel les adhésions les plu
flatteuses sont déjà acquises.
 
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