— 66
un sentiment antique qui fait grand honneur
à M. Simonds. L'artiste est anglais, mais il a
eu raison d'exposer son marbre à Paris, car
il n'a rien de la sécheresse qui distingue
malheureusement l'école anglaise de sculpture.
Nous pensons que M. Simonds ne tardera pas
à se faire un nom dans notre pays s'il veut se
mesurer l'an prochain avec nos compatriotes
sans rien sacrifier des principes qu'il applique
aujourd'hui si heureusement.
M. Leofanti ne me permettrait pas de taire
le mérite de son Christ au tombeau dont le
plâtre m'avait séduit il y a deux ans. L'œuvre
a gagné à sa transformation dernière. Il n'en
est pas de même du Monument de Crocé-
SpinelU et Sivel, victimes de la catastrophe du
Zénith, par M. Dumilatre. Le bronze est aussi
« chiffonné » que l'était le plâtre du modèle.
Un tombeau exige le silence, la gravité; des
figures sépulcrales réclament un suaire aux
plis rares et simples : sous le drap tortillé de
M. Dumilatre, Crocé Spinelli et Sivel semblent
s'agiter encore.
Je termine par le Génie de VImmortalité
que M. Chapu vient de sculpter pour le tom-
beau de Jean Reynaud. C'est une figure en
haut relief, vue de face, s'envolant les bras
tendus vers le ciel. Le Génie n'a point d'ailes,
et cependant il plane dans l'espace comme
une puissance aérienne, immatérielle. Môme
après la Jeunesse, après la Pensée, qui étaient
également des figures de haut relief, M. Chapu
a su trouver un motif dont le symbolisme ne
cesse pas d'être clair. La grâce unie à la
beauté virile, la finesse du modelé, le naturel
du mouvement fixent le regard sur cette œuvre
nouvelle, imprégnée d'une poésie pénétrante.
Henry Jooin.
LES TAPISSERIES DÉCORATIVES
du garde-meuble.
La sixième livraison de ce bel ouvrage
vient de paraître. Elle renferme les repro-
ductions suivantes : Le Labarum. — Le Ma-
réchal de Turenne. — Les Mois grotesques,
d'après G. Audran.— La Pêche miraculeuse.
— Àrthémise reçoit ses sujets. — Didon re-
çoit Enée. — Tapis de table, broderie sur
canevas. — Le Limier. — Tapis de la Gale-
rie du Louvre. — La noble Pastorale, d'après
F. Boucher.
On se ferait difficilement une idée de l'at-
trait des dix gravures de cette livraison.
L'harmonie des tonalités, la finesse et l'ex-
actitude du dessin, le moelleux des demi-
teintes, tout concourt à leur donner l'appa
rence d'originaux. Il faut attribuer tout le
mérite de cette situation à la manière ex-
trêmement soignée dont les Héliographies
Dujardin sont imprimées par Chardon, ainé.
Le texte de M. A. Darcel est des plus in-
structifs et nous pouvons y apprendre que
certaines tapisseries du garde meuble ne
peuvent que gagner â être rendues dans une
nuance monochrome. C'est ainsi que le La-
barum d'après Rubens est sans éclat malgré
les 113 couleurs qui les composent, tandis
que dans la tonalité où cette tapisserie est
reproduite nous avons absolument le carton
de Rubens. La même remarque doit pouvoir
s'appliquer à plus d'une tapisserie ancienne.
Tous ces dessins constituent de véritables
objets d'art d'un intérêt piquant. Notons
cette élégante tapisserie du Limier d'après
Oudry avec ses magniliques échappées d'ar-
bres ; Didon et Enée, composition fastueuse
d'Antoine Coypel ; la riche bordure des Actes
des Apôtres que M. Darcel attribue, à tort,
croyons-nous, à un flamand; les ingénieux
et fins Mois grotesques de Claude Audran,
etc , etc. Remarquons aussi la superbe façon
dont les artistes du temps savaient composer
les motifs destinés aux bordures.
Il reste encore quatre livraisons à paraître
pour terminer ce recueil aussi bien fait pour
les tables de luxe que pour les ateliers.
(Correspondant particulière.)
EXPOSITION DE TURIN.
Turin, le 27 avril 1880.
Monsieur le Directeur,
De passage à Turin, j'ai eu l'occasion d'as-
sister à l'ouverture de l'iixposition nationale
de cette ville, qui se fait pour la quatrième
fois dans un palais élevé à cette intention,
il y a peu d'années. Je ne sais si les rensei-
gnements écourtés que je vous adresse vous
sembleront utiles, mais à tout hasard, et en
toute hâte, j'ai l'honneur de vous envoyer ces
quelques lignes touchant l'art italien con-
temporain. Fortuny n'est plus, mais il a
laissé des élèves et des imitateurs, et peut-
êlre aujourd'hui toute l'école italienne suit-
elle plus ou moins ses traces. Dans tous les
cas, les meilleurs exposants, Bianchi, dans
une scène de bal, Canova, qui nous montre
un salon tout brillant de dorures, les pétil-
lantes scènes napolitaines de Campriani, les
fins petits tableaux de Quadrone (Jugement
de Paris, etc.), les études de Morelli, les
foires de Tiratelli, tout cela provient direc-
tement de ce maître. L'exposition tout
entière est dans cette gamme, un peu super-
ficielle, mais prodigieuse de talent et de
facilité; c'est un contraste frappant avec les
produits un peu lourds mais consciencieux
de notre école; les artistes Italiens semblent
avoir cependant pris le bon côté, car cette
légèreté de brosse s'adapte à tous les genres.
Le bijou du salon est la scène du divorce de
Napoléon et de Joséphine, par Pagliano. C'est
de la noble peinture d'histoire. Ensuite un
portrait du roi Humbert par Zona, des por-
traits de princesses par Bompiani, des étu-
des de femme de Gilardi, de Nittis, de Moss.j
(femme en raccourci), de Cipolli,de.Favretto,
et des enfants, par Cosola, le tout dans la
même gamme italienne, montée à un diapason
extrême, mais pourtant qui ne choque pas
encore. La guerre est représentée par
Lovatti, G. Ferrari, Lemmo surtout, Barlo-
teno, De Albertis, la marine par Bianchi,
Lova Jono, et par Michetti et Dalbono dans
des scènes de Venise vraiment séduisantes
d'aspect.
Je citerai encore en hâte les aquarelles,
les grandes pièces de G. Ferrari, celles de
Bouvier, de Calderini, de Corelli et Dalbono,
Carlandi, Detti, Thofes et Tusquets, et un
pastel de E. Galli.
La sculpture est assez faible dans la patrie
de Michel-Ange, et les dessins très peu
nombreux. J'ai remarqué de belles photo-
graphies, d'un procédé nouveau, du cav.
Allegri, et une exposition d'art industriel
fort remarquable surtout au point de vue
décoratif.
En hâte. Edgar Baes.
Autriche.
LES GRANDES PUBLICATIONS MODERNES.
LE MUSÉE DE VIENNE,
GRAVURES DE W. UNGER,
publié par MlETHKE.
Nous avons à parler des six dernières li-
vraisons de cette publication, une des plus
splendides du siècle. Il s'est trouvé un
homme, un artiste, qui, pliant déjà sous
le faix de commandes considérables, s'est
encore chargé de faire cent eaux-fortes d'après
les grands maîtres du monde artistique ! Et
ces eaux-fortes doivent refléter dans toute
leur puissance l'originalité du maître, ses
qualités, ses défauts, s'il en a, toute l'essence
de son génie et de son talent. Et cet homme
arrivé presque à mi-chemin de cette carrière,
a admirablement rempli sa tâche, sans bron-
cher, sans défaillance, doit-on dire, venant à
son heure, ponctuel, exact et se trouvant avoir
légué à la postérité un tout harmonieux dont
je ne trouve le semblable nulle part, ni à au-
cune époque. C'est là .un fait unique qui
émerveillerait davantage si la société n'était
en ce moment profondément agitée et préoc-
cupée de l'avenir qui semble se révéler à elle
dans des conditions peu faites pour la ras-
surer.
La planche 21 est le Giacomo Strada du
Titien, reproduit avec autant de maestria
que la peinture originale ayant même dans la
carnation du visage ces heurts subits familiers
au grand Vénitien. Le Saint Jean de Murillo
(n° 22) est d'une pointe grasse et colorée. La
tête est superbe et l'entourage du groupe est
d'une vigueur de ton très haute. Le Christ et
la Samaritaine (n° 23) d'An. Carrache est d'un
aspect noble et grand mais, ce n'est pas là, il
faut le dire où la pointe d'Unger se sent à
l'aise. Le S. de Vliegher, Rade aux vaisseaux
(n° 24) est une petite perle de lumière et de
vie où l'on admirera tout particulièrement
un ciel où les nuages roulent et flottent le
plus naturellement du monde. Le n° 25 est
le Portrait de Maximilien d'Albert Durer.
Cette belle et mélancolique figure est encore
un des triomphes d'Unger qui comme gra-
veur semble inspiré par Durer lui-même;
c'est sa pointe serrée et son amour du mo-
delé, c'est sa sécheresse calculée du fond et
des accessoires au-profit de la morbidesse des
chairs. Le n° 26 est encore un Titien : Danaé,
voluptueuse peinture gravée avec.un tact ex-
trême et où le pointillé est savamment mis au
service des nécessités du sujet. La Pieta est
le sujet du n° 27. C'est traité en forme d'es-
quisse. On dirait un lavis. Les teintes sont
plates et les contours fortement indiqués.
C'est une planche d'un beau cachet. Un Pay-
sage de Hobbema porte le n° 28. Décidé-
ment ce n'est pas le peintre d'Unger. Les
arbres sont finement traités, mais l'eau, le ter-
rain et le fond sont lourds. Du reste, il faut
l'avouer, les paysages de Hobbema ont en
général un caractère de sévérité officielle, où,
pour notre part, nous n'avons jamais re-
trouvé la nature.
La VIIIe livraison est consacrée à Rubens,
à cet Autel de saint Ildefonse, dont le même
Unger avait déjà fait une planche qui passe
pour son chef-d'œuvre et qu'a publiée la
Société pour l'encouragement des arts de
Vienne. Ici l'autel est divisé et chacune de
ses parties fait l'objet d'une planche. Ces
un sentiment antique qui fait grand honneur
à M. Simonds. L'artiste est anglais, mais il a
eu raison d'exposer son marbre à Paris, car
il n'a rien de la sécheresse qui distingue
malheureusement l'école anglaise de sculpture.
Nous pensons que M. Simonds ne tardera pas
à se faire un nom dans notre pays s'il veut se
mesurer l'an prochain avec nos compatriotes
sans rien sacrifier des principes qu'il applique
aujourd'hui si heureusement.
M. Leofanti ne me permettrait pas de taire
le mérite de son Christ au tombeau dont le
plâtre m'avait séduit il y a deux ans. L'œuvre
a gagné à sa transformation dernière. Il n'en
est pas de même du Monument de Crocé-
SpinelU et Sivel, victimes de la catastrophe du
Zénith, par M. Dumilatre. Le bronze est aussi
« chiffonné » que l'était le plâtre du modèle.
Un tombeau exige le silence, la gravité; des
figures sépulcrales réclament un suaire aux
plis rares et simples : sous le drap tortillé de
M. Dumilatre, Crocé Spinelli et Sivel semblent
s'agiter encore.
Je termine par le Génie de VImmortalité
que M. Chapu vient de sculpter pour le tom-
beau de Jean Reynaud. C'est une figure en
haut relief, vue de face, s'envolant les bras
tendus vers le ciel. Le Génie n'a point d'ailes,
et cependant il plane dans l'espace comme
une puissance aérienne, immatérielle. Môme
après la Jeunesse, après la Pensée, qui étaient
également des figures de haut relief, M. Chapu
a su trouver un motif dont le symbolisme ne
cesse pas d'être clair. La grâce unie à la
beauté virile, la finesse du modelé, le naturel
du mouvement fixent le regard sur cette œuvre
nouvelle, imprégnée d'une poésie pénétrante.
Henry Jooin.
LES TAPISSERIES DÉCORATIVES
du garde-meuble.
La sixième livraison de ce bel ouvrage
vient de paraître. Elle renferme les repro-
ductions suivantes : Le Labarum. — Le Ma-
réchal de Turenne. — Les Mois grotesques,
d'après G. Audran.— La Pêche miraculeuse.
— Àrthémise reçoit ses sujets. — Didon re-
çoit Enée. — Tapis de table, broderie sur
canevas. — Le Limier. — Tapis de la Gale-
rie du Louvre. — La noble Pastorale, d'après
F. Boucher.
On se ferait difficilement une idée de l'at-
trait des dix gravures de cette livraison.
L'harmonie des tonalités, la finesse et l'ex-
actitude du dessin, le moelleux des demi-
teintes, tout concourt à leur donner l'appa
rence d'originaux. Il faut attribuer tout le
mérite de cette situation à la manière ex-
trêmement soignée dont les Héliographies
Dujardin sont imprimées par Chardon, ainé.
Le texte de M. A. Darcel est des plus in-
structifs et nous pouvons y apprendre que
certaines tapisseries du garde meuble ne
peuvent que gagner â être rendues dans une
nuance monochrome. C'est ainsi que le La-
barum d'après Rubens est sans éclat malgré
les 113 couleurs qui les composent, tandis
que dans la tonalité où cette tapisserie est
reproduite nous avons absolument le carton
de Rubens. La même remarque doit pouvoir
s'appliquer à plus d'une tapisserie ancienne.
Tous ces dessins constituent de véritables
objets d'art d'un intérêt piquant. Notons
cette élégante tapisserie du Limier d'après
Oudry avec ses magniliques échappées d'ar-
bres ; Didon et Enée, composition fastueuse
d'Antoine Coypel ; la riche bordure des Actes
des Apôtres que M. Darcel attribue, à tort,
croyons-nous, à un flamand; les ingénieux
et fins Mois grotesques de Claude Audran,
etc , etc. Remarquons aussi la superbe façon
dont les artistes du temps savaient composer
les motifs destinés aux bordures.
Il reste encore quatre livraisons à paraître
pour terminer ce recueil aussi bien fait pour
les tables de luxe que pour les ateliers.
(Correspondant particulière.)
EXPOSITION DE TURIN.
Turin, le 27 avril 1880.
Monsieur le Directeur,
De passage à Turin, j'ai eu l'occasion d'as-
sister à l'ouverture de l'iixposition nationale
de cette ville, qui se fait pour la quatrième
fois dans un palais élevé à cette intention,
il y a peu d'années. Je ne sais si les rensei-
gnements écourtés que je vous adresse vous
sembleront utiles, mais à tout hasard, et en
toute hâte, j'ai l'honneur de vous envoyer ces
quelques lignes touchant l'art italien con-
temporain. Fortuny n'est plus, mais il a
laissé des élèves et des imitateurs, et peut-
êlre aujourd'hui toute l'école italienne suit-
elle plus ou moins ses traces. Dans tous les
cas, les meilleurs exposants, Bianchi, dans
une scène de bal, Canova, qui nous montre
un salon tout brillant de dorures, les pétil-
lantes scènes napolitaines de Campriani, les
fins petits tableaux de Quadrone (Jugement
de Paris, etc.), les études de Morelli, les
foires de Tiratelli, tout cela provient direc-
tement de ce maître. L'exposition tout
entière est dans cette gamme, un peu super-
ficielle, mais prodigieuse de talent et de
facilité; c'est un contraste frappant avec les
produits un peu lourds mais consciencieux
de notre école; les artistes Italiens semblent
avoir cependant pris le bon côté, car cette
légèreté de brosse s'adapte à tous les genres.
Le bijou du salon est la scène du divorce de
Napoléon et de Joséphine, par Pagliano. C'est
de la noble peinture d'histoire. Ensuite un
portrait du roi Humbert par Zona, des por-
traits de princesses par Bompiani, des étu-
des de femme de Gilardi, de Nittis, de Moss.j
(femme en raccourci), de Cipolli,de.Favretto,
et des enfants, par Cosola, le tout dans la
même gamme italienne, montée à un diapason
extrême, mais pourtant qui ne choque pas
encore. La guerre est représentée par
Lovatti, G. Ferrari, Lemmo surtout, Barlo-
teno, De Albertis, la marine par Bianchi,
Lova Jono, et par Michetti et Dalbono dans
des scènes de Venise vraiment séduisantes
d'aspect.
Je citerai encore en hâte les aquarelles,
les grandes pièces de G. Ferrari, celles de
Bouvier, de Calderini, de Corelli et Dalbono,
Carlandi, Detti, Thofes et Tusquets, et un
pastel de E. Galli.
La sculpture est assez faible dans la patrie
de Michel-Ange, et les dessins très peu
nombreux. J'ai remarqué de belles photo-
graphies, d'un procédé nouveau, du cav.
Allegri, et une exposition d'art industriel
fort remarquable surtout au point de vue
décoratif.
En hâte. Edgar Baes.
Autriche.
LES GRANDES PUBLICATIONS MODERNES.
LE MUSÉE DE VIENNE,
GRAVURES DE W. UNGER,
publié par MlETHKE.
Nous avons à parler des six dernières li-
vraisons de cette publication, une des plus
splendides du siècle. Il s'est trouvé un
homme, un artiste, qui, pliant déjà sous
le faix de commandes considérables, s'est
encore chargé de faire cent eaux-fortes d'après
les grands maîtres du monde artistique ! Et
ces eaux-fortes doivent refléter dans toute
leur puissance l'originalité du maître, ses
qualités, ses défauts, s'il en a, toute l'essence
de son génie et de son talent. Et cet homme
arrivé presque à mi-chemin de cette carrière,
a admirablement rempli sa tâche, sans bron-
cher, sans défaillance, doit-on dire, venant à
son heure, ponctuel, exact et se trouvant avoir
légué à la postérité un tout harmonieux dont
je ne trouve le semblable nulle part, ni à au-
cune époque. C'est là .un fait unique qui
émerveillerait davantage si la société n'était
en ce moment profondément agitée et préoc-
cupée de l'avenir qui semble se révéler à elle
dans des conditions peu faites pour la ras-
surer.
La planche 21 est le Giacomo Strada du
Titien, reproduit avec autant de maestria
que la peinture originale ayant même dans la
carnation du visage ces heurts subits familiers
au grand Vénitien. Le Saint Jean de Murillo
(n° 22) est d'une pointe grasse et colorée. La
tête est superbe et l'entourage du groupe est
d'une vigueur de ton très haute. Le Christ et
la Samaritaine (n° 23) d'An. Carrache est d'un
aspect noble et grand mais, ce n'est pas là, il
faut le dire où la pointe d'Unger se sent à
l'aise. Le S. de Vliegher, Rade aux vaisseaux
(n° 24) est une petite perle de lumière et de
vie où l'on admirera tout particulièrement
un ciel où les nuages roulent et flottent le
plus naturellement du monde. Le n° 25 est
le Portrait de Maximilien d'Albert Durer.
Cette belle et mélancolique figure est encore
un des triomphes d'Unger qui comme gra-
veur semble inspiré par Durer lui-même;
c'est sa pointe serrée et son amour du mo-
delé, c'est sa sécheresse calculée du fond et
des accessoires au-profit de la morbidesse des
chairs. Le n° 26 est encore un Titien : Danaé,
voluptueuse peinture gravée avec.un tact ex-
trême et où le pointillé est savamment mis au
service des nécessités du sujet. La Pieta est
le sujet du n° 27. C'est traité en forme d'es-
quisse. On dirait un lavis. Les teintes sont
plates et les contours fortement indiqués.
C'est une planche d'un beau cachet. Un Pay-
sage de Hobbema porte le n° 28. Décidé-
ment ce n'est pas le peintre d'Unger. Les
arbres sont finement traités, mais l'eau, le ter-
rain et le fond sont lourds. Du reste, il faut
l'avouer, les paysages de Hobbema ont en
général un caractère de sévérité officielle, où,
pour notre part, nous n'avons jamais re-
trouvé la nature.
La VIIIe livraison est consacrée à Rubens,
à cet Autel de saint Ildefonse, dont le même
Unger avait déjà fait une planche qui passe
pour son chef-d'œuvre et qu'a publiée la
Société pour l'encouragement des arts de
Vienne. Ici l'autel est divisé et chacune de
ses parties fait l'objet d'une planche. Ces