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Journal des beaux-arts et de la littérature — 22.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.18917#0108
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— 90 —

gance du dessin, prouvent que nous sommes
en face d'un artiste de grande valeur sur le
compte duquel l'histoire est reste'e à peu près
muette jusqu'à ce jour.

J'ai fait des recherches pour percer l'obscu-
rité qui enveloppe la vie de Jean Popels; je
nesuispas arrivé à grand chose. Voici le résul-
tat provisoire de mes investigations. On le
dit né à Tournai; je ferai cependant observer
que tout concourt à en faire un anversois.
En 1629 les Liggeren citent un Grégoire Po-
pels dans la liste des francs-maîtres et fils de
francs-maîtres. En 1629-30 il paie une dette
de 23 florins 4 sous. En 1643-44 on note sa
dette mortuaire, 3 florins 8 sous. Mais voici
encore un Grégoire Popels dont la dette
mortuaire reparait en 1664-65. Peut-être y
a-t-il ici une erreur et ce Grégoire doit il être
Jean notre peintre, dont en effet on n'entend
plus parler à partir de 1664. Dans tous les
cas il doit appartenir à la famille de Grégoire
qui est peut-être son père.

Les Liggeren mentionnent Jean Poppels
en 1633-34 dans la recette des francs-maîtres.
En i636-37 il est apprenti chez François Ver-
vloet; en 1643 il est apprenti chez Adrien
Van Kessel. En i65o-5i les rôles changent :
il reçoit des élèves : Jacques Van Aerden-
burch, Pierre Van Oosten, Jean Michielsen
et Jacobus Schaly; en i653-54, élèves nou-
veaux, Willem de Roeck et Jacques Roelant;
enfin en 1663-64 ses élèves sont Mathys Ver-
meeren et Seymon Goubers.

Jean Popels fut aussi graveur. On connaît
de lui un Triomphe de Bacchus d'après Ru-
bens, cité par Basan, n° 61. Une belle épreuve
de cette planche parut à la vente Cambrelyn
(i865) et fut vendue 11 frs.

Le catalogue Weigel mentionne un por-
trait : Jacobus Stoopius Goudensis Antver-
piae mercator calcographiae admirator
fautor eximius. J. Popels pixit.Jol. A la
vente Cambrelyn cette estampe parut avec ce
titre : Portrait de Jacques Stovius, gantois^),
marchand à Anvers, grand protecteur de la
gravure. Cette épreuve superbe fut vendue
10 frs. à M. Guichardot.

Popels figure encore comme collaborateur
du Theatrum Pictorium Davidis Teniers,
etc., qui parut en 1684 chez Verdussen k
Anvers. Bartsch ni Brulliot ne le citent. Ba-
san seul donne la mention du Triomphe de
Bacchus. Quant au portrait de Stoopius ou
Stovius, de Gand ou de Gouda, rien ne dit
qu'il fut gravé par Popels, son nom étant cité
avec le mot : pinxit.

Nous aurons bien certainement un jour
ou l'autre de nouveaux détails à enregistrer
ici. Nous prions nos amis d'Anvers et d'ail-
leurs de nous y aider. En attendant nous
remercions M. le professeur Lohmeyer de
nous avoir fourni les données premières qui
nous permettront de restituer à l'art flamand
un bon peintre de plus. Puisse l'exemple
de notre aimable correspondant être suivi.

S.

LE SALON DE PARIS.
Peinture. — 4e Article.
Artistes Belges, Néerlandais, etc.

Je n'ai pas épuisé mon sujet dans ma der-
nière lettre. Les artistes belges sont nom-
breux au salon de 1880, et ce qui vaut mieux,
ils commandent l'attention. Je voudrais parler
de tous, mais je sens que je ne le pourrai
faire. Ce n'est pas, cependant, que l'espace
me soit compté dans vos colonnes, mais
quelques efforts que j'aie faits pour découvrir
toutes les œuvres exposées par vos nationaux,
le succès n'a pas répondu complètement à
mon attente. Que ceux dont je ne vais rien dire
me pardonnent : ce ne sont pas les oubliés,
ce sont simplement les introuvables.

Il y a je ne sais quoi de grandiose et de
désolé dans la composition que M. Willem
Roelofs intitule Spatules et cormorans. Le ciel
chargé de nuages, l'air humide et dense, les
oiseaux gigantesques qui flottent comme des
ombres dans l'atmosphère, répandent sur le
tableau du peintre une poésie mélancolique
d'un effet incontestable. M. Hendrik-Willcra
Mesdag a exposé Un jour de Novembre.
Schéveningne, et Hiver à la plage, deux œu-
vres dans lesquelles nous retrouvons cet
accent de tristesse qui est comme un cri de
douleurdela nature. Les malheurs de l'homme
exigent pour être racontés avec éloquence des
détails de toute sorte; il faut à ce récit dra-
matique l'expression du regard, la justesse de
la pose, le plis de l'épidémie. Plus simple,
plus saisissable au premier regard est le
deuil des grandes vagues, des horizons silen-
cieux et des plages désertes. M. Mesdag a
retracé ce deuil avec un art qui impressionne
vivement. Sunt lacrymae rerum, a dit un an-
cien avec sa plume. M. Mesdag n'est pas moins
poignant avec son pinceau.

La mer est la vraie muse des Néerlandais.
Je me hâte d'ajouter que ce n'est pas la seule.
Les Grecs en ont créé neuf, chacun peut
donc à son gré se réclamer de l'une des neuf
sœurs, mais aux muses antiques qui person-
nifiaient les facultés intellectuelles, il convient
d'ajouter d'autres symboles. L'art est sans
doute une grande force, mais qu'est-ce que
l'art sinon une représentation de la nature.
Un livre, une toile, ce n'est que la syllabe
balbutiée, mais le poème dans sa majesté
souveraine, Dieu l'a gravé dans la création.
Or, votre terre fortunée des Flandres est trop
voisine de la mer pour que ses spectacles
n'attirent pas vos peintres. Et plus naturelle-
ment que les Français, les Belges et les Néer-
landais sont peintres de marines. N'est-ce pas
indirectement à la mer que M. Gustave Walc-
kiers est redevable de son curieux tableau
Canal aux charbons, à Anvers? Après tout,
l'immensité n'est pas de rigueur lorsqu'on
veut surprendre la mer dans son influence sur
les mœurs ou la richesse d'une nation.

Une toile très remarquée c'est le Bal masqué
de M. Charles Hermans. Les débardeurs, les
pierrots, les odalisques, que sais-je, toute la
foule bigarrée,rieuse et folle de ces fêtes men-
teuses est là, parsemée d'habits noirs et de
chapeaux dernière mode. M. Hermans a sans
doute fait preuve dans ce vaste tableau de
beaucoup d'étude et de travail. Il y a d'excel-
lentes parties dans les groupes nombreux et
variés qu'il a disposés sous nos yeux; nous
admettrons même que des croquis ont été
pris sur nature à quelque bal masqué du théâ-
tre de Bruxelles, mais M. Hermans en demeu-
rant exact n'est pas resté vrai. Ses person-
nages manquent d'entrain. Ils ne s'agitent pas,
ils posent. Or, on reste malaisément immo-
bile et grave sous la livrée de la folie. Tous
ces rubans, ces oripeaux, ces fleurs, ces gazes
transparentes, c'est la robe de Nessus : elle
dévore, elle communique la fièvre à tous les
membres et sur la toile de l'artiste je ne vois
que des attitudes 1 M. Hermans voudra s'y
reprendre, et cette fois, ce n'est pas un bal
masqué — chose vulgaire et futile — qui
lui servira de thème pour donner la mesure
de son talent, mais une page historique.

Une œuvre sans prétention, mais non sans
mérite, c'est VIntérieur de M. Alfred Verhae-
ren. Le Portrait de Mademoiselle Maria Dérivis
est exécuté par M. Portaels dans une gamme
excellente. Mais la nature me réclame :
M. Coosemans m'invite à faire halle dans les
Sapinières de Kinroy, au pays de Limbourg,
M. Alfred de Knyff me fait asseoir sous le
Vieux Saule dont la silhouette pittoresque l'a
séduit, M. Keymeulen m'appelle à son tour
devant ce petit coin de Paysage forestier dans
lequel il a mis tant de style. L'intérieur de
bois dans Vile de Walcheren et les Environs de
La Haye par Mademoiselle E. Beernaert sont
des pages très remarquables où le coloris ne
le cède pas à un sentiment personnel d'une
grande distinction. Certaines parties de
^Intérieur de bois nous ont rappelé la vigueur
de Decamps unie à la grâce aérienne et
fluide de Diaz ou de Corot. Nous nous pro-
mettons de suivre les travaux de Mademoiselle
Beernaert aux prochains salons.

Parlerai-je d'un transfuge des Flandres?
M. Alma-Tadema qui habite Londres, après
avoir pris les leçons d'un de vos maîtres en
renom, a su peindre quatre panneaux repré-
sentant les Saisons avec les tons les plus har-
monieux, les plus fondus de sa riche palette.
Nous devons des éloges à M. Neuhuys pour
son tableau de la Moisson. M. Stocquart et
M. Corneille Van Leemputten, le premier,
pour sa Sortie de Vétable, le second pour ses
Moutons au pâturage, méritent qu'on signale
leurs œuvres.

J'ai parlé dans une lettre précédente du
Soir d'été, de M. Van Beers. Je voudrais être
aussi satisfait du Charles-Quint, exposé par
le même artiste. La vérité de l'étoffe est réelle
dans l'habillement du futur empereur, mais
 
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