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liques d'automne... Oh! mais il y avait une
chose tout à fait charmante dans ce château...
une troupe de paons blancs qui venaient avec
le crépuscule se percher sur les escaliers, les
perrons, les fenêtres. Non, vous ne pouvez
avoir une idée de l'effet dans la nuit tom-
bante et dans la vieille pierre et dans la
mousse des murs de ces grands et immobiles
oiseaux tout blancs. Et à l'heure où la lune
se levait, on aurait dit dans toutes les em-
brasures des fenêtres, de blanches âmes de
trépassées, habillées du satin d'une robe de
mariée. »

Un théâtre, le jour, pendant la répétition.

« Dans la salle emballée sous d'immensus
bandes de toile écrue : la pleine nuit — une
nuit dans laquelle il n'y a de lumineux que
les petits carrés de feu produits par la lu-
mière du jour, passant à travers les rideaux
rouges de la vitre des troisièmes loges, et le
scintillement de saphir du lustre, pareil à un
faisceau de stalaclites, pendant dans les froi-
des ténèbres, à la voûte d'un glacier.

» Ça et là un peu de pâleur blême sur les
cariatides des avant-scènes, sur les mytholo-
gies effacées du plafond, et sur le manche
d'une contrebasse, émergeant au-dessus de
la rampe du noir profond de l'orchestre,
voilà tout ce qu'on voit dans la salle vide,
où sur le bord du balcon de la première
galerie se promène solitairement un chat
blanc. »

Il faudrait citer toute entière la scène entre
Luzy et Blancheron et surtout le dénoue-
ment, l'agonie sardonique. Ce sont de très
beaux morceaux littéraires, pleins d'impres-
sionisme et de vie réelle.

Rebroussons chemin et parlons de la pré-
face. Elle est fort originale d'idées. Edmond
de Goncourt en vue de son prochain volume
y fait appel à une collaboration universelle,
à des confidences de toute sorte qu'on lui
ferait par lettre anonyme. Il ne s'adresse
qu'aux femmes, mais il veut savoir d'elles,
tous les secrets de leur vie, dès l'enfance jus-
qu'au temps où les passions s'atténuent. C'est
la chasse au document humain poussée dans
une nouvelle voie, c'est une battue. La boîte
aux lettres d'Edmond de Goucourt va être
encombrée; heureusement qu'il sera là pour
faire un triage sur le volet de toutes ces cor-
respondances, les étiqueter d'après la somme
de vérité qu'elles renferment et en rejeter bon
nombre au panier. Toutes les incomprises
sont capables de retremper leurs plumes dans
l'écritoire de Georges Sand, et de lui envoyer
un peu d'Indiana, coupé d'un tantinet de
Dasch et de Feuillet.

Em. verhaeren.

LES SCRUPULES DE RERNUS
par M. Emile Leclercq.
Pourquoi M.E. Lcclercq,qui est un écrivain
intelligent,suit-il ce couranUnalsain qui con-

21 —

si sic à regarder le côté de la société qui de-
mande à ne pas être vu? J'ai lu tous les
ouvrages de l'auteur et je constate qu'ils sont
comme certains paysages que je connais et que
jamais n'éclaire le moindre rayon de soleil?
Naturellement, cet auteur a le droit de cher-
cher son bien où cela lui plaît, mais nous
avons aussi le droit de lui dire que s'il des-
cendait moins bas, il serait mieux goûté. A
moins que son tempérament ne soit comme
l'estomac de certains raffinés à qui les piments
les plus corrosifs sont indispensables.

Excuse inacceptable, après tout, car nous
sommes persuadés que si la mode n'était pas
à cette littérature qui sent mauvais, M. Emile
Leclercq nous écrirait de charmantes choses
dans ce style simple et vrai qui est le sien.
Quoiqu'il en soit, voici les Scrupules de
Bernus qui nous représentent une sorte
de prince Rodolphe, brave garçon mais niais,
plus que de raison qu'une jeune personne plus
ou moins déclassée et beaucoup trop délurée,
M,le Pauline Devos, mène tout doucettement
au mariage. Pour en arriver là moins vulgai-
rement que d'habitude, l'auteur a créé une
Pauline invraisemblable, qui n'inspire au lec-
teur qu'une sorte d'indifférence mêlée de mé-
pris. Le ménage très irrégulier dans lequel
M. Leclercq conduit son lecteur,est tout bon-
nement ennuyeux et du dernier vulgaire. Rien
ne relève cette monotone histoire de tous les
jours et Bernus lui-même ne détonne pas
dans ce milieu grossier. Ce jeune avocat a
cependant des aspirations. C'est ce que M. Le-
clercq appelle des scrupules. Si cet homme
presque honnête est malheureux en ménage,
assurément c'est ce qu'il l'aura voulu.

Pourquoi dépenser tant de talent en pure
perte, car il n'est pas à supposer que la thèse
de M. Leclercq soit sérieuse et qu'il l'élève à
la hauteur d'un devoir social. Si c'est ce qu'il
a voulu il s'y est mal pris. On attend de M. E.
Leclercq une œuvre réellement forte où au
lieu de se mouvoir dans la boue il remuera
des perles.

S.

omcjue générale.

— Affaire van beers-solvay. ■— Jugement. —
« En cause de Jean Van Beers, artiste-peintre, de-
mandeur; plaidant, M. PaulJanson; contre Lucien
Solvay, homme de lettres, défendeur; plaidants,
Mes Alfred Moreau et Jules Lejeune.

» Attendu que le demandeur poursuit la réparation
du préjudice que lui aurait causé l'article du défen-
deur inséré dans la Gazette du 24-25 août 1881 ;

» Attendu que la responsabilité du défendeur ne
peut être engagée que s'il y a faute de sa part, c'est
à dire s'il a excédé les limites d'une critique hon-
nête et loyale ;

» Attendu que le peintre qui produit ses tableaux
dans une exposition publique invite par cela même
la presse à s'en occuper et à donner son avis sur les
œuvres ainsi exposées ;

" Attendu que les critiques, selon leurs vues per-
sonnelles et divergentes sur la mission de l'art, sur
l'imitation de la nature, sur le rôle de la couleur et
du dessin, ont le droit de discuter les tendances de
l'artiste, de constater l'effet produit par son œuvre,

d'analyser les procédés techniques employés pour
produire cet effet ;

» Attendu que le défendeur a signalé l'impossibi-
lité, d'après lui, d'expliquer, sans admettre l'emploi
de la photographie, certaines particularités de des-
sin et le fini d'exécution atteint par l'artiste ; qu'il a
présenté, par suite, comme un fait constaté par lui,
que le peintre avait fait usage de procèdes photo-
graphiques.

» Attendu que cette opinion, suggérée par l'appa-
rence extérieure des tableaux exposés et tout parti-
culièrement de la Lilly, a été partagée plus ou
moins par d'autres organes de la presse ;

» Que la bonne foi du défendeur doit être admise
en ce sens qu'il n'a fait qu'exprimer, dans des ter-
mes un peu vifs, une conviction sincère qu'il s'était
formée par l'examen des tableaux en eux-mêmes,
abstraction faite de la personnalité de leur auteur;

« Attendu que l'emploi de la photographie dans la
peinture est sujet à discussion ; que certains critiques
le considèrent comme un abaissement de l'art, in-
digne du véritable artiste; que d'autres, à tort ou
raison, n'y voient qu'un moyen mécanique de venir
en aide à la réalisation des idées du peintre, le ta-
lent particulier de l'auteur pouvant toujours se ré-
véler dans son œuvre avec son cachet personnel ;

» Attendu que la manière de voir du défendeur peut
diminuer la valeur esthétique des œuvres du deman-
deur, en leur enlevant jusqu'à un certain point le
mérite de la difficulté vaincue; mais qu'elle n'est
pas de nature à porter atteinte à son honneur, resté
intact au milieu dn brait soulevé par la presse au-
tour des tableaux exposés par lui ;

« Attendu qu'il résulte de ce qui précède qu'en
émettant dans son journal une opinion sur les pro-
cédés employés par l'artiste pour l'exécution des
tableaux soumis à l'appréciation du public, le défen-
deur n'a fait qu'user du droit incontestable de la
critique ;

» Par ces motifs, le tribunal, entendu M. Timmer-
mans, substitut du procureur du roi, en son avis
conforme, déclare le demandeur non fondé en son
action, l'en déboute et le condamne aux dépens. «

M. Van Beers s'est pourvu en appel.

— M. Edward Du Jardin, dont le corps profes-
soral de l'Académie Royale des Beaux-Arts d'An-
vers célébrait naguère le jubilé de quarante années
d'exercice, vient de faire paraître une remarquable
gravure sur pierre destinée à perpétuer le souvenir
de la manifestation nationale en l'honneur d'Henri
Conscience. Cette gravure est la reproduction
agrandie de la première illustration que M. Du Jar-
din fit pour l'édition princeps in-12 du roman de
Loteling. Elle représente Conscience assis au foyer
du paysan flamand en écoutant le récit, roman d'a-
mour et de sacrifice, de cette victime de la con-
scription devenue aveugle, sauvée et guérie, grâce
au dévouement d'une jeune fille campinoise.

■— La commission directrice de l'Exposition gé-
nérale des beaux-arts de 1881 vient de compléter
la liste des lots de la tombola par l'achat des œu-
vres suivantes -.Aubépines, tableau de Mme Van
der Linden-De Vigne ; un buste en bronze, par M.
Van Biesbroeck ; Myosotis, tableau par M1Ie Fi-
scher ; Y Industrie, panneau décoratif, faïence par
Ad. Demol; Promenade sur les remparts, peinture
sur porcelaine, par Mlle Perrignon de Frénoy ; plat
en faïence, par M. P. Delin et quelques gravures.

Le tirage au sort de la tombola a eu lieu au pa-
lais des beaux-arts, rue de la Régence. Voir plus
loin.

— Voici le résultat du tirage de la tombola de
YEssor qui a eu lieu mercredi : le n° 733 gagne le
tableau de F. Charlet, le n° 3339 id. de Devleesch-
ouwer ; le n° 4606 id. de Vries, le n° 2518 id. de
Hamesse, le n° 5426 id. de Herbo, le n° 2768 id.
de Lynen, le n° 3882 id. de Mayne, le n° 4313 id.
de Permeke, le n° 3016 id. de Taverne, le n° 3772
id. de Van Damme, le n° 3695 id. de Van Gelder,
le n° 4332 id. de Van Leemputten, le n° 3732 id!
de Van Rysselbergho, le n° 2409 id. de Wytsman.'

— Trois libraires de Berlin ont été cités devant
le tribunal correctionnel pour avoir mis en vente la
traduction en allemand du roman de Nana. Le tri-
 
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