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pjo g4# 31 Décembre 1882. Vingt-quatrième Annee^

JOURNAL DES BEAUX-AR

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

membre de l'academie roy. de belgique, etc. PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS. a s'-nicolas (belgique).

t.'J, étranger : 12 fr. _

:__:_._

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Les fresques de Ma-
redsous. — Paris et les Flandres en Italie. —
Pictor et Depictor. — Nouveaux livres de chez
Firmin Didot. — Deux tableaux de Volders. —
Manuel des arts pour l'Allemagne, l'Autriche et
la Suisse. — Chronique générale. — Cabinet
de la curiosité. — Dictionnaire des peintres. —
Annonces.

^eaux-Arts.

LES FRESQUES DE MAREDSOU^

■X

Quiconque a quelque peu parcouru ^otre
pays, connait les poétiques ruines de
taigle avec leurs murs crénelés, et cette ri
gorge de la Molignée, un des rares défilés
que nous possédions en Belgique. Plus d'un
archéologue a exploré cette intéressante partie
du pays de Namur sans se douter que non loin
de ces restes de la gloire militaire du moyen-
âge, des moines bénédictins, élevaient, sur
les hauteurs de Maredsous, un monastère des
plus importants dans le style ogival le plus
pur. Cette construction, commencée en 1873,
si je ne me trompe, n'est pas encore complè-
tement terminée. Il serait donc prématuré de
vouloir apprécier actuellement la valeur ar-
tistique de l'oeuvre de M. le baron Béthune.
Dès aujourd'hui on peut cependant affirmer
que l'abbaye de Maredsous est une oeuvre très
sérieuse, fort correcte ; si elle pêche, c'est
peut-être par sa trop grande simplicité, re-
proche qu'on serait heureux, il est vrai, de
pouvoir adresser plus souvent à nos archi-
tectes, trop peu sobres, en règle générale,
d'ornement et de décors. Il nous a semblé
aussi qu'il y avait un certain manque de pro-
portion entre la base et le fût des colonnes de
l'église ; mais ce défaut sera peut-être moins
sensible quand celle-ci sera achevée.

Bornons-nous, pour le moment à l'étude
des peintures murales exécutées dans le mo-
nastère. J'ai eu l'occasion de parler ici même
(1878, p. 99) des fresques peintes par les Bé-
nédictins de Beuron dans les deux sanctuaires
de la Torretta du Mont Cassin. Je disais alors
del'écleclisme artistique de cette jeune école :
« On peut leur donner tort en divers points ;
» mais on ne saurait méconnaître que leurs
» travaux sont des œuvres artistiques sé-
» rieuses. Ils cherchent un peu le beau par-
» tout où ils le trouvent, et ils n'ont pas tort :
» il semble cependant qu'ils feraient mieux

» d'imiter d'avantage l'art grec que l'assyrien
» et' l'égyptien. » 1
J'insistais sur le fini du dessin, la simplicité
isposition ; méis je signalais aussi la
du coloris, lè défaut d'études anato-
iqù'es et la roideur des poses.
Les principes artistiques des peintres de
Beuron semblent être résumés dans cette
phrase de la préface de l'album, reproduisant
les fresques du Mont Cassin et publié en 1880
par les bénédictins de Maredsous (p. 4) : « De
» l'école classique ils conservèrent le respect
» de la nature et de ses formes les plus belles;
» et, tout en prenant la réalité pour base, ils
» évitèrent le dangereux écueil du réalisme,
» en marchant pour l'inspiration sur les tra-
» ces des âges de foi. » Les fresques du mont
Cassin représentent la vie de S. Benoît et
l'histoire de l'ordre qu'il a fondé. La partie
décorative en est presque toute entière em-
pruntée de l'art égyptien. Pour les types et
la draperie, les moines de Beuron se sont ins-
pirés davantage des principes de l'art grec.
J'ignore si ces artistes ont travaillé d'après des
originaux ou s'ils n'ont eu à leur disposition
que des copies ou des gravures; toujours est-
il que, ayant perdu de vue cette règle essen-
tielle que la manière de rendre en peinture
une conception est complètement différente
de celle qui convient à la sculpture, ils ont eu
le tort de s'attacher pour leurs fresques trop
exclusivement aux modèles fournis par la
sculpture. Aussi ont-ils fait bien des fois de
la statuaire en peinture. Plusieurs de leurs
fresques, — celle, par exemple, qui repré-
sente le père de famille appelant les ouvriers
à sa vigne (pl. 17 et 18 de l'album), — ressem-
blent bien plus à des bas-reliefs qu'à des pein-
tures véritables. Le calme sculptural de la
plupart de ces œuvres est une preuve de mon
assertion; et il est arrivé aux peintres de
Beuron, ce qui du reste ne nous étonne guère,
que du moment où ils ont voulu donner plus
de vie à leurs personnages, ils sont tombés
dans la manière, sans parvenir à exprimer
par la peinture une passion violente ou un
mouvement rapide du corps. C'est le cas du
moine fugitif saisi d'effroi à la vue d'un dra-
gon (pl. 9); ainsi que du démon dans la scène
du moine orgueilleux, (pl. 10). Du reste, si les
artistes de Beuron, dans leurs fresques du
mont Cassin, ont imité l'art égyptien et grec,
ils ne sont néanmoins pas parvenu à s'en assi-

miler complètement les principes.

Les peintures de Maredsous diffèrent nota-
blement des fresques du mont Cassin.Nous
pouvons y étudier la troisième phase de
l'école bénédictine. Cetteécole formée en 1870,
travailla d'abord à Beuron. Je n'ai pu exami-
ner les œuvres qu'elle produit dans cette
abbaye; mais j'ai sous les yeux la reproduc-
tion d'une fresque de Beuron, représentant le
martyre de S. Placide. Ce travail me paraît
assez faible; on y remarque tous les défauts
que nous venons de signaler dans les fresques
du mont Cassin. C'est une bonne étude, mais
ce n'est rien de plus. Au mont Cassin, où tra-
vaillèrent pendant trois ans D. D. Luc, Gabriel
et Didier, on est heureux de pouvoir suivre
et constater les progrés de l'école. Ces trois
moines s'adonnaient déjà à la peinture avant
leur entrée au monastère : ils s'étaient formés
à Munich et à Rome. Les moines de Beuron
travaillcut actuellement à l'abbaye d'Emmaiïs
de Prague : espérons que leurs mérites y
apparaîtront avec plus d'éclat que leurs œu-
vres précédentes. — Les sujets traités à Ma-
redsous sont tout autres que ceux du mont
Cassin. Les fresques ont été exécutées par
D. André Amrhein, qui étudia à Florence, à
Rome et à Paris. Il n'y a donc pas lieu de
s'étonner des différences qu'on constate entre
les fresques de Maredsous et celles du mont
Cassin, quoique ces dernières n'aient pas dû
rester inconnues à D. André. Dans ces der-
niers temps un autre moine, D. Didier Lenz,
travaille aussi à Maredsous; mais toutes les
œuvres que nous pouvons examiner pour le
moment sont dues au pinceau de D. Amrhein.

Dans le transept nord de l'église, on remar-
que un Christ, entouré de la gloire, repré-
senté debout, tenant dans la main gauche
la croix pour sceptre; de la droite il touche à
son divin cœur. La pose ne manque ni de
grandeur ni de majesté, la draperie est cor-
recte et même assez grâcieuse, l'expression de
la tête est peut-être un peu indécise, je dirais
même vulgaire; et le cœur, entouré d'une
couronne d'épines, peint au milieu de la poi-
trine, me paraît bien réaliste. Même sans la
représentation de ce cœur, en précisant da-
vantage le signe de la main droite, on aurait
tout aussi bien compris l'idée que l'artiste
avait voulu réaliser.

Dans la bibliothèque, qui est déjà bien
riche pour ses peu d'années d'existence et
 
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