Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
N° 10

31 Mai 1882.

Vingt-quatrième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M Ad. SIRET.

membre de l'academie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE. Beaux-arts : Les arts décoratifs à
lAcadémie royale d'Anvers. — Les belges au
salon de Paris. — Salon de 1882, peintres fran-
çais. _ Glossaire archéologique de M. V. Gav.

— Chronique générale. -- Cabinet de la curiosité.

— Annonces.

Beaux-Arts.

LES ARTS DÉCORATIFS

A L'ACADÉMIE ROYALE DES BEAUX-ARTS

D'ANVERS.

L'enseignement des arts décoratifs consti-
tue la question du jour, la grande préoccu-
pation de ceux qui veulent doter notre pays
d'institutions pouvant rivaliser avec le Ken-
sington-Muséum de Londres YOsterreichis-
chen Muséum fur kunst und Industrie de
Vienne et Y Union centrale des Beaux-Arts
de Pans. Le but à poursuivre c'est de donner
une nouvelle impulsion au goût national des
flamands, de le diriger et de le maintenir
dans une bonne voie, de faire prédominer le
sentiment du beau dans toutes les créations
de l'ouvrier, même les plus usuelles, afin
d'encourager les constants efforts et l'habi
leté progressive de l'artiste et de l'industriel.

Nous avons voulu dans l'expectative de la
réorganisation projetée constater l'état actuel
de l'enseignement des Arts décoratifs à l'A-
cadémie anversoise en parcourant avec atten-
tion les sections spéciales de la Galerie ou-
verte rue de Vénus aux expositions annuelles
des travaux des élèves.

Laissant de côté, a l'art pour l'art » apa-
nage de quelques privilégiés, nous avons
constaté avec plaisir dans les ateliers spéciaux
et les cours d'art appliqué et décoratif un en-
seignement solide, pratique et rationnel ainsi
que des progrès constants obtenus.

Les programmes imposés par les profes-
seurs, affichés à côté des études des élèves des
classes reglémentaires et des ateliers spéciaux
de perfectionnement, révèlent un souci loua-
ble de côtoyer le mouvement européen mo-
derne et de faciliter les adaptations de l'art,
dans ses acceptions idéalistes les plus relevées,
aux intensités vitales du monde tourbillon-
nant sans cesse sous les rafales de l'âpre lutte
pour l'existence : struggle for life.

*

Nous commencerons par l'atelier et les

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

étranger : 1 2 fr

classes de modelage ornemental dirigés par
un spécialiste d'un talent et d'une compétence
indiscutables, M. F. Lalmand. Le grand
panneau décoratif, Motifs pris dans le règne
végétal de M. François Van Velsen d'Anvers,
est d'un jet singulièrement hardi et prime-
sautier ; cependant. la teinte de la terre
glaise n'est pas de nature à affirmer les con-
tours ou à provoquer des repiqués brillants
tels qu'en offre l'épeuve coulée en plâtre
amoureusement caressée par Pebauchoir. L'in-
terprétation de la nature est ici franchement
réaliste, excellent système qui empêche les
débutants de tomber dans le maniérisme.
Seulement gardons-nous, en fait d'ornemen-
tation de trop chercher à provoquer les ap-
plaudissements enthousiastes des botanistes
au grand désespoir des Callimaque de l'ave-
nir, en quête de quelque merveilleuse trans-
formation des galbes épineux de l'acanthe.

M. F. van Velsen expose seul dans l'ate-
lier de M. Lalmand. Dans les classes régu-
lières, le modelage d'après nature (plantes)
forme l'enseignement supérieur ; le panneau
de M. Auguste Van Mechelen d'Anvers (mé-
daille d'excellence), nous fait bien augurer de
ses succès futurs, celui de M. Joseph Van
Ostayen de Lierre n'est pas non plus sans
mérite. Dans l'enseignement moyen (mode-
lage d'ornement d'après l'estampe) M. Gus-
tave Van Put d'Anvers a réussi, d'après une
photographie, à reproduire ou, pour mieux
dire, a largement interprêté l'un des plus élé-
gants motifs du fût de la Colonne du Con-
grès à Bruxelles. Dans cette classe, signalons
MM, Louis Mortelmans, Alphonse Recour-
don et Paul De Moor qui ont bravement
triomphé de leur bloc de glaise. Les con-
cours de MM. Joseph Pira et Ferdinand
Mombach sont encore digne d'attention. La
Classe que dirige M. F. Lalmand nous sem-
ble bien vivante et imprégnée suffisamment
de modernité pour envisager franchement
Yexcelsior du progrès.

La décoration architecturale a pour pro-
fesseur M. A. Schoy. Dans l'atelier spécial
dirigé depuis dix années déjà, par cet archi-
tecte « flamingant, » on remarque quatre
études fort intéressantes véritable synthèse
de l'enseignement du maître, strictement
pratique et moderne dans ses programmes et

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

n'admettant d'inspiration archaïque qu'au-
tant qu'elle soit tirée de l'art national.

Signalons d'abord une très intéressante
aquarelle de grandes dimensions donnant
l'aspect général d'une Salle de réunion pour
une Chambre de Rhétorique. Exposée dans
la Salle des concours annuels ordinaires, de
la classe, œuvre d'un jeune architecte d'ave-
nir, M. Henri Wiertz(Prixd'Excellence d'Ar-
chitecture en 1880) cette Salle présente une
application heureuse de nos industries cé-
lèbres de la Renaissance Flamande du
XVIe siècle : Tapisseries, Cuirs, Cuivres re-
poussés, Fers forgés, Vitraux, etc., dont no-
tre pays entier a salué avec fierté la résur-
rection cà l'Exposition de Bruxelles lors du
cinquantenaire de l'indépendance. Les figu-
res laissent sans doute à désirer comme cor-
rection et comme galbe, mais les tapisseries
sont très spirituellement égratignées de traits
au tire-ligne, procédé dont nous recomman-
dons l'application intelligente qui se fait dans
cet atelier à la sérieuse attention des orgueil-
leux aquarellistes de s l'art pour l'art. s>

Les vitraux manquent peut-être d'inten-
sité de ton; il y avait là une gamme brillante
à exploiter sans nuire à l'harmonie générale
et surtout un judicieux contraste à faire va-
loir. Somme toute, lavis décoratif, très atta-
chant et dont la valeur est d'autant plus
grande que, l'on se trouve devant un intérieur
néo-flamand, composé de pied en cap; cette
pittoresque Chambre de Rhétorique, qui fe-
rait la fortune d'un « peintre d'intérieurs »,
existant seulement dans l'imagination de
M. Wiertz.

Les trois autres compositions occupent l'un
des panneaux de la salle, à droite de l'entrée
rue de Vénus : elles sont peintes à l'huile,
sur des toiles de plus de deux mètres carrés
de superficie. Ce sont des études à'A rcs triom-
phaux, destinés aux réjouissances publiques,
traitées à l'échelle du vingtième de la gran-
deur d'exécution. Toutes les trois sont inspi-
rées de thèmes contemporains traduits dans le
style de la belle renaissance flamande avec le
correctif toutefois d'une liberté synthétique
complète admettant les manières caractéris-
tiques des maîtres les mieux famés, Pieter
Van Aelst, Vredeman De Vries, Cornelis de
Vriendt, Théodore de Bry, etc. A première
vue, on peut constater que ces jeunes gens
ont été accoutumés dès l'abord a exploiter ju-
 
Annotationen