Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
N° 13/^*?^ ^^y^ 'Juillet 1882. Vingt-quatrième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'academie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE : Beaux-Arts. Procession de la ligue
par Breughel. — Eglise Notre-Dame du Sablon,
découvertes. — Fouilles de Schliemann. —
Jacques Cornelis. — Volders. — Les deux Van
Ostade. — L'annuaire artistique prussien. —
Chronique générale. — Cabinet de la curiosité.
— Annonces..

Beaux-Arts.

LA PROCESSION DE LA LIGUE
(24 MAI 1590).
par Jean Breughel dit fluweelen
(de velours).

Savait-on que le peintre bruxellois, Jean
Breughel « de velours » avait peint la fa-
meuse Procession de la Ligue qui eut lieu
à Paris le 24 mai 1590, à la suite de l'émo-
tion causée par la défaite à Ivry du duc de
Mayenne.

A l'Exposition du costume, organisée par
l'Union centrale des Beaux-Arts appliqué à
l'industrie en 1876, nous avons noté deux
peintures contemporaines; l'une (n° 67) ap-
partenant à M. le duc de Valençay; l'autre
(n° 68) à M. Baur retraçant cette « montre
en armes» où, non seulement les hommes de
guerre, les bourgeois, mais les prêtres et les
moines, ayant en tête Cajetan, le légat du
Pape, descendirent dans la rue portant au
chapeau « catalan » vert, ia croix patriarchale
blanche de Lorraine en souvenir de la Saint-
Barthélemy.

Le tableau appartenant à M. le duc de
Valençay, peint par notre Jean Breughel de
Velours (i568-i625),a été gravé à la fin du
XVIIlesiècle par N. Ponce. Celà nous est revenu
à l'esprit en relisant une note du texte de
notre livre : L'art architectural décoratif et
somptuaire de Vépoque Louis XVI (1) paru
en 1868. On peut voir quelques fragments
du tableau en question reproduits dans l'une
des chromo-lithographies illustrant le XVIIe
siècle (Institutions, usages et costumes) de
Paul Lacroix, paru chez Didot (1880).

Cette note est extraite des annonces d'un
volume rarissime,en notre possession, intitu-
lé :uAlmanach littéraire, ou étrennes dApol-

(1) L'art architectural décoratif et somptuaire de
' époque Louis XVI, par Auguste Schoy architecte,
2 vol. fo 300 planches inédites Paris, Berlin et Liège
Charles Claesen, éditeur 1868. Texte français. l'ou
vrage a été traduit en allemand à Leipzig.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

étranger : 1 2 fr.

Ion etc. par M. d'Aquin de Château-Lyon.
Publié à Paris en 1789 par Mme la veuve
Duchesne, rue St-Jacques ; et Defer de Mai-
son Neuve, rue du Foin à l'hôtel de la Reine
Blanche » de l'imprimerie de Couturier, quai
» des Augustins » la voici :

«Monsieur Pons (sic) (1) graveur ordinaire
du cabinet de Mgr comte d'Artois, continue
avec le plus grand succès sa belle entreprise
des Illustres Français, d'après les des-
sins de M. Marillier. Aux portraits qui déjà
ont été mis au jour, il faut joindre Louis XII,
Boileau, Richelieu, Racine, Pujet, Ven-
dôme, Catinat et Buffon. Pleurons ce der-
nier que la mort vient de nous enlever « Phi-
losophe profond » (dit M. Pons dans sa no-
tice) « Génie étonnant, il a dévoilé à nos
» yeux les sublimes opérations de la Nature;
» écrivain éloquent ; il a su rendre intéres-
» sants et clairs les objets les plus abstraits,
» et porter dans nos cœurs les douces con-
» solations du sentiment. »

« Les estampes, prises séparément, se ven-
dront trente-six sols pièce; (chez l'auteur,
rue St-Hyacinthe, n° 19). On aura dans le
prochain cahier, François Ir, Pierre et Tho-
mas Corneille, Du Quêne (sic), Le Nôtre,
La Quintinie, de Saxe et Berwic. On trouve
chez le même, LA PROCESSION DE la Ll

gué d'après Breughel de Velours;
prix 1 liv. 4 sols. L'effet en est plaisant. On
y trouve encore, les plafonds et arabesques
antiques des Bains de Livie, exécutés d'après
les dessins de Raphaël. Ces arabesques se-
ront utiles aux architectes, peintres, décora-
teurs etc. Prix 18 liv. grand papier, 12 liv.
petit papier. Grande estampe étrangère,
exécutée par M. Guttenberg ; chez l'auteur,
rue St-Hyacinthe. Le sujet du tableau est
piquant et la manière dont le graveur l'a
rendu, fait honneur à son élégant burin. On
y trouve des détails ingénieux et l'ensemble
le plus satisfaisant. diversité C'est ma
devise. »

Il résulte de ce boniment d'éditeur que la
reproduction de La procession de la Ligue
de notre Fluweelen Breughel par le graveur
Ponce, produisait « un effet plaisant. » Quel
autre terme employer en effet vis-à-vis de ces

(1) N. Ponce l'un des graveurs les plus instruits en
même temps qu'artiste distingué de la fin du xvnr3
siècle ; nous connaissons de lui Mélanges sur les
Beaux-Arts. Paris 1826. 1 vol. in-8°.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a s*-nicolas (belgique).

moines aux membres rustiques ayant lacé la
cuirasse et maniant la longue pertuisane en
soldat rompus avec la Théorie de De Ghyn;
ou de ces Prémontrés novices se servant
de la « fourquine» de leur arquebuse comme
d'un bâton de pèlerin ; ou bien encore de ces
vénérables capucins, si peu exercés aux « tra-
vaux de Mars », que plusieurs d'entre eux,
au dire de l'Estoile, « n'estant pas bien asseu-
rés de leurs bastons (arquebuses) tuèrent ou
blessèrent à droite et à gauche. »

Quant aux autres personnages ils affectent
un puritanisme calviniste bien décidé ; bien
qu'au moisdemai 1590, la terreur inspirée par
la tyrannie des Sei^e n'avait pas atteint son pa-
roxisme. Les dames se montrent avec le demi
masque de satin noir, les cheveux « en ra-
quette » et les « amas en bourrelet » autour
de la taille allongée avec « l'éventail de den-
telles » ou encore la « golille(fraise) empesée»
autour du col. « On sait que le Paris de la
Ligue avait répudié les coûteuses recherches
delà parure tant masculine que féminine,bien
avant l'assassinat de Henri III; cela résulte
du témoignage d'un contemporain (cité par
M. Quicherat) : lequel affirmait que l'on
voyait à Paris « une si grande réformation
» au retranchement du luxe qu'il est impos-
» sible de le croire à ceux qui le voient,
» jusque-là mesme que quand une damoi-
» selle porte, non seulement une frè\e « à la
» confusion » mais un simple rabat un peu
» trop long, les aultres damoiselles se jettent
» sur elle et lui arrachent son collet en lui
» déchirant sa robe. Enfin, vous ne voyez
» plus dedans Paris que du drap au lieu de
» soye, et de la soye au lieu du brocard d'or
» et d'argent. »

La Procession de la Ligue de notre
bruxellois Jean Breughel de Velours consti-
tuait peut-être une actualité allégorique
offerte aux parisiens en prévision d'événe-
ments redoutables qui couvaient [sourde-
ment en 1788. Vu effet plaisant de la Pro-
cession ligueuse,souligné dans ÏAlmanach de
M. d'Aquin de Château-Lyon, n'avait .pas
échappé comme présage réactionnaire au
parti Royaliste et Janséniste qui trahissait
ses vues détournées en faisant reproduire
une scène politico-religieuse de la fin du
XVIe siècle dont on rêvait peut-être le pen-
dant? Au fond, peu nous importe au point
de vue où nous signalons aux amateurs l'or-
 
Annotationen