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30 Juin 1882.

Vingt-quatrième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l'aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Japonisme. — Le
congrès des architectes. — Iconographie,
Flore, Aglae. — Un curieux plagiat. — Cor-
respondance de Paris. — Chronique générale.
— Cabinet delà curiosité. — Annonces.

Beaux-Arts._

JAPONISME.
LES FIDÈLES RONINS, roman historique
japonais, écrit parTAMENGA SHOUNSOUI,
illustré par KEI SaI-Yei-SEU de Yedo.
Il y a beau temps que les amateurs ont
commencé à s'engouer de «japonisme » ; l'in-
comparable collection rapportée par M. En-
rico Cernuschi et installée, sous la protection
d'un Bouddha colossal, dans la princière ga-
lerie de sa villa italienne du Parc Monceaux

— toute une série de pièces a été vulgarisée
par les dessins de l'Art pour tous — possède
une réputation européenne. A chaque vente,
les bibelots japonais « anciens » s'enlèvent à
des prix fous. Tous les arts industriels du Ja-
pon ont envahi nos appartements privés, ré-
genté nos modes, transformé même certains de
nos usages.Vienne, Anvers, Londres, Paris et
Bruxelles ont vu successivement s'établir des
succursales des comptoirs fameux de brocards
et diAjia (soie damassée) de Yamashiro ; de
crêpons de Rikuzen; de laques de Tajima;
de vernis de Shimodzuke; de porcelaines,
faïences et poteries de Satsuma, Kioto, Kiyo-
midzu et « aultres lieux » ; de bronzes de
Tokio, Takaoka et Kanasawa ; d'incompa-
rables émaux cloisonnés de Nagojia en la
province d'Owari ; d'ouvrages en bambou de
Nagato; d'éventails de Kaga; d'écrans de Mu-
sashi et d'Yamashiro ; de coraux travaillés de
Tosa et enfin, de cotons, papiers et estampes
de Tokio dans la province de Musachi.

Seule, la littérature japonaise restait à peu
près pour nous à l'état de lettre close. Elle
est incommensurablement riche néanmoins,
et ses procédés, ses tropes, ses virtuosités

— quelqu'invraisemblables et étranges qu'ils
puissent apparaître à nos préjugés esthétiques
occidentaux — d'une habileté d'arrangement
suprême et d'une métaphysique aussi spécia-
lement raffinée que les parti pris de Baude-
laire, de Zola ou des frères de Goncourt.

TAMENGA SCHOUNSOUI. — Ce vocable
a pour traduction littérale : «■ Pour l'amour
de l'eau de source intarissable » — est un des

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

ÉTRANGER : 12 FR.

écrivains les plus populaires de l'île de Ni-
phon. C'est le Dumas, le Dickens, le Con-
science ou le Longfellow du Japon. Traduit
en français sur la version anglaise par M. Gaus-
seron, l'ouvrage a sans doute encore énormé-
ment perdu de sa délicate fleur d'originalité
indigène dans cette traduction d'une version
— tradittore, tradidore (traducteur, traître),
dit avec raison le proverbe italien — mais il
conserve toujours, pour nous Européens, ce
mérite; qu'il contient la plus fidèle et la plus
vivante description de la vie japonaise, la
plus curieuse évocation des moeurs, intimes
des usages, de l'existence journalière du peu-
ple japonais, à tous les degrés de l'échelle
sociale.

Certes, les noms d'une homérique lon-
gueur des personnages de ce "roman exotique
« écrit pendant les longues soirées d'hiver,
» tandis que la lampe brûlant dans la lan-
» terne de papier, éclairait, de sa lueur lai-
» teuse, les figures peintes sur Ils paravents, »
sont faits pour dérouter de lecteurs de la
vieille Europe ; mais, si ces derniers veulent
bien ne pas s'effaroucher de ces étiquettes ex-
centriques, et accepter, comme de nouvelles
connaissances, « Monseigneur Puits-de-la-
» Tortue ; le chevalier Communal et Ma-
il dame Ile-du-Pin », ils trouveront assuré-
ment un charme plein de saveur à cette belle
légende si loyalement patriotique de vassaux
fidèles à la mémoire de leur suzerain.

On aimerait lire Les Fidèles Ronins sur
ces feuilles minces et soyeuses de papier japo-
nais, enroulées autour d'un bâton de bambou
poli ou, mieux encore, d'un cylindre de bois
de Santal odorant ouvragé comme les netzké
d'ivoire. A défaut de cette suprême couleur
locale, l'éditeur Quantin a compris que cet
étrange livré ne pouvait être matériellement
présenté d'une façon banale. Il a donc repro-
duit les dessins d'un illustrateur japonais,
Kei-Sai-Yei-Seu de Yedo, et il a fait, de la
couverture même, — qui semble dessinée par
Yeizo Hirayama — une sorte de joli pastiche
archaïque des estampes dites NlSHIKI-E du
japonisme le plus « tire-l'œil » et le mieux
caractérisé. SCHOY.

LE CONGRÈS DES ARCHITECTES

a l'école des beaux-arts de paris.
Le lundi 12 juin, à deux heures, a eu lieu
dans l'Amphithéâtre de l'Ecole des Beaux-

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

A St-NICOLAS (belgique).

Arts de Paris, l'ouverture du Congrès an-
nuel des architectes, sous la présidence de
M. Bailly. On sait que ce Congrès, qui dure
huit jours, est organisé par les soins de la
Société centrale des architectes français, fon-
dée en 1840, aujourd'hui déclarée d'utilité
publique, ainsi que {'Ecole spéciale d'archi-
tecture, dirigée avec tant de supériorité par
M. Emile Trélat, laquelle a bravement tra-
versé la crise de la guerre franco-prussienne
de 1870, le siège de Paris et le règne de la
Commune.

La semaine, d'ailleurs, a été bien rem-
plie : le programme du congrès comprenait
chaque jour une conférence et une visite à
l'un des grands établissements de construc-
tion récente ou en voie de construction.

La journée du lundi a été consacrée à la
constitution du bureau et à l'organisation
des travaux du congrès.

Un architecte, M. Corroyer, a ensuite
prononcé un discours où il a exposé, avec
un réel talent, le rôle de l'architecture au
Salon en passant en revue les œuvres les
plus remarquables qui y sont exposées.

La question de savoir si Paris devait être
choisi comme centre immuable pour la réu-
nion du Congrès a été agitée au cours de la
séance. Les avis étaient partagés à cet égard.

On a fini cependant par s'entendre et il a
été décidé qu'à Paris se tiendra le prochain
grand Congrès annuel, mais des congrès
préparatoires auront lien avant dans des
villes à désigner ultérieurement.

La journée du mardi, dès neuf heures du
matin, a été mise à profit pour l'étude ap-
profondie des bâtiments de l'école normale
d'instituteurs d'Auteuil.

Mercredi, l'on a exploré le château de
Chantilly et ses nombreuses dépendances;
le départ de Paris s'effectuait à onze heures
quarante minutes avant midi.

Samedi, jour de clôture du Congrès, ses
membres ont encore, dès le matin, visité les
nouveaux bâtiments du Comptoir d'esompte
pour pouvoir assister en masse, à deux
heures de relevée, à la distribution solen-
nelle des médailles décernées à l'architec-
ture privée, à l'Ecole des Beaux-Arts, aux
écoles techniques particulières, au Cercle
des maçons, etc., etc.

Le samedi soir, à sept heures, tous les
membres du Congrès se sont réunis en un
 
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