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N° 8.

30 Avril 1882.

Vingt-quatrième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: m. Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

membre de l'académie roy. de Belgique, etc. PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS a s'-nicolas ^Belgique).

étranger : 12 fr.

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Dictionnaire historique
des peintres. — Avis. — Exposition du cercle
artistique. — Exposition des aquarellistes. —
Le peintre Volders. — Le portrait de Léon XIII
par Lauwers. — Michel Florencio^Van Langren.
— Galerie du Vt0 du Bus de Gisignies. — Chronique
générale. — Cabinet de la curiosité.—Annonces.

Beaux-Arts.

DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DES PEINTRES.

La quatrième livraison de notre Diction-
mire historique des peintres sera distribuée
dans quelques jours. La cinquième est sous
presse.

Ainsi que nous l'avons annoncé, l'ouvrage
aura 7 livraisons. La dernière se compose des
litres, tables, préface et gravures. Celles-ci,
au nombre de 105, sont tirées; nous m pou-
vons les distribuer actuellement parce que la
place qu'elles doivent occuper ne pourra être
indiquée qu'après l'impression du livre.

L'ouvrage sera terminé avant la fin de l'an-
née.

Immédiatement après la mise en vente, le
prix sera augmenté dans une notable propor-
tion, l'édition étant à peu près épuisée et le
livre ne devant pas être réimprimé du vivant
de l'auteur.

Les artistes vivants cjuï auraient des
renseignements à nous transmettre
pour le Supplément sont invités à nous
les l'aire parvenir avant le 125 juillet
de la présente année.

EXPOSITION DU CERCLE ARTISTIQUE.

Réussie, l'exposition du Cercle.

Meunier avec sa Descente des mineurs dans
la fosse, s'affirme grand peintre, sûr désor-
mais de sa voie. Cette page est décisive.

Jusqu'ici, il n'avait essayé que par mor-
ceaux l'œuvre qu'il rêvait, il plantait ses ja-
lons. Le public attendait la coordination de
ces fragments. Or, voici un ensemble, un tout,
un tableau — un tableau superbe. Toute une
classe de travailleurs y est caractérisée dans
son humanité robuste, brutale, entière. La
scène est bien saisie, les types sont plantés
en pleine vie, ils sortent non pas de l'imagi-
nation, mais d'une prise sur le vil, d'une
étude laborieuse faite dans leur milieu même.
Gestes, poses, physionomies, sont rendus
avec la force, qui sort de la sincérité. Pas un
détail théâtral. Cette peinture a toutes les
qualités des choses puissantes. A remarquer
surtout, le mineur d'avant-plan debout, un
autre assis a droite, la mine vague, le regard
usé. Dans le coin du ciel vespéral, dos tons

admirables; sur le sol, des reluisances de
pluie attrapées. Un immense échalfaudage do-
mine tout de pittoresque grandiose, avec
des poutres et des planches traitées violem-
ment, à rudes lignes. Quant à la couleur, elle
est savante dans ses tons gris et bleus; quant
au dessin, il a je ne sais quoi de simple qui
rappelle les allures sculpturales. Voilà l'ave-
nir pour le tableau : plus d'énormes machines
à fulgurences d'opéra, plus d'archéologie à
personnages, mais une vision nette de scène
moderne, chauffée d'observation crue (1).

En face deux toiles d'Henri de Braekeleer,
ce prince du beau coloris.Morceaux délicieux.
Quelle tranquillité dans ces vieilles maisons
habitées par les humbles. On entendrait, voler
une mouche. Le Ménétrier surtout attire. Il
est là, penché sur sa musique, tout attention,
les yeux, l'esprit, le corps entier absorbés
par le déchiffrage des notes. Mêmes qualités,
quoique moins vives, dans l'Ouvrière.

Un joli Verhas. Au milieu, trop blanc de
ton, et à certains endroits trop décoratif
de dessin ; pourtant la gamine est bien campée
dans la flore des dunes, avec des plaines à
villages derrière elle. Il y a mérite à faire
vivant, quand on adopte le genre gracieux de
M. Verhas, où si aisément la convention rem-
place la nature. Baron envoie deux paysages
sincères, mais lourds. C'est solide jusqu'à
paraître pesant, chisteux, bâti avec des blocs
de couleurs. Où la légèreté des vrais ciels,
la souplesse des vraies herbes, la porosité de la
vraie terre? Ne sortirons-nous jamais du gris?
A cette heure, le brouillard n'est-il point en-
core levé? M. Courtens lui-même n'échappe
pas entièrement à son influence, bien que son
Dégel soit une très belle œuvre. Cette nature
là est vue et traitée par un artiste, la glace
crevassée, fondue, coulante, tous les objets
dégoûtant d'eau, sont traduits sur la toile en
toute réalité et produisent impression. Hey-
mans fait lumineux; son paysage a une pro-
fondeur infinie, son ciel est léger, son eau un
peu métallique. Ce n'est certes pas la meil-
leure toile que je connaisse de lui, mais certes
est-elle supérieure à son exposition de 1881.
Verwée par contre est moins heureux, ses
tableaux ont des crudités regrettables, sa
couleur est moins belle qu'à l'ordinaire, ses
animaux sont gauchement peints. Cluysenaer,
son voisin de salon, étale à la rampe un beau
portrait de M. F.; l'autre, celui delà petite
fille, est dur et sans distinction.

Deux bons paysages de Coosemans, avec
des tons de feuilles mortes très réussis. Le
chemin creux où passent des bestiaux, entre
des alignements de taillis tristes, est un excel-
lent coin de nature. Le vieux Chêne et Beau
temps de de Knyff sont également de superbes

(1) Nous entendons laisser à nos rédacteurs là
responsabilité de leurs opinions. Nons affirmerons
les nôtres au moment voulu. N. D. L. R.

morceaux. Il y a dans le second comme
un souvenir de Paul Potter, traitant les sites
joyeux et ensoleillés, les vaches sont peut-
être trop massives, trop lourdement accrou-
pies dans une pose de sphinx en porcelaine,
mais l'ensemble séduit par sa couleur, jeune!
fraîche, distinguée. L'autre tableau, le vieux
Chêne, est traité grandement. Mais trop de
mise en scène. Pourquoi ce cadre dans un
cadre? Cette prairie entourée d'abord d'un
pittoresque encadrement de branches, ensuite
du traditionnel cadre doré? Songe-t-on encore
au vieux chêne et l'esprit n'est-il pas tout en-
tier saisi par la perspective?

Charmants les deux Orepin, la vue de Buy
et le Canal de Willebroeçk. Le Départ pour l'a
promenade d'Agneessens est fait avec cette
forte dose de personnalité que cet artiste met
dans toutes ses œuvres. La gamme de ses ta-
bleaux quoique ne sortant presque jamais des
bruns assourdis, a néanmoins des séductions
savantes; sa facture est nette. Et puis, par des-
sus tout, il sait trouver l'expression parfois
intense. M. Fontaine a réussi le portrait
de Mme P. Une peinture sans vie, le portrait
de Mlle B.,lui fait pendant, cela tient du jouet,
du mannequin; c'est une mauvaise mécanique
coloriée. Cela est signé Maeterlinck.

Les nature-mortiers ont de belles œuvres à
la rampe ou à la frise. Georgette Meunier
arrange fort pittoresquement Après les hon-
neurs. Les couleurs sont belles, la toile fait
impression. L'épée a des reluisances extraor-
dinaires, l'habit est d'une soie exquise. Mais
ici comme chez M. Desbordes on sent trop
l'influence du maître, qui dirige ces mains fé-
minines. Verhaeren étale une haute toile d'as-
pect décoratif. Le fond-Stevens en a de pareils
— est d'une tonalité pleine de distinction, le
vase et les fruits sont solidement peints. Il y a
dans tout cela une saveur délicieuse et l'amour
des belles colorations harmonisées. Les Fleurs
et les Poissons de Bellis attirent. Cet artiste a
le secret des propres nature-mortes luisantes,
où le vert domine avec toutes ses désinences,
où il éclate pour se différencier dans des tons
brouillés de noir ou relevés de jaune. Ensor
continue a nous donner des loilçs pleines de la
préoccupation de Manet, où se retrouvent
d'excellentes qualités de touche et de brosse.
Déjà, lors de l'exposition de l'Essor, j'avais eu
l'occasion de signaler le talent du jeune peintre
dans la peinture des accessoires. Son tableau
est une preuve de sa marche en avant.

Le liepos de M. Frédéric fait songer à des
teintes photographiques. Son triptique, éton-
nant d'habileté, s'impose par des marques
de talent évidentes. Le volet de droite est
certes le mieux réussi. Ce paysage boueux,
roussi, flétri d'automme, est remarquable.
Dans le panneau central, la silhouette de saint
François d'Assise est fort bien prise et se dé
tache vivante sur le fond blanc. Mais chez
 
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