Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
N° 23

18 DÉCEMBRE 1882.

Vingt-quatrième Année.

DES BEAUX-AR

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR • M Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

-1„i,bhv tïprflgioue etc. PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS a s*-nicolas (belgio_ue).

membre de L academie roy. de BKLuiyur., ^ \ J

étranger : 12 fr. _

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Concours de gravure.
— Un pseudo-Vermeer au musée de Berlin. —
Quelques mots sur la nationalité des peintres
Clouet ou Cloet. ■— Vente André Gill. — Les
"récentes fouilles d'Athènes. — La révolution de
1789-1882. — Les origines de la porcelaine en
Europe. — Littérature. Sonnets : moyen-âge.
Devant la mer.—Chronique générale.— Cabinet
de la curiosité. — Dictionnaire des peintres. —
Annonces.

Beaux-Arts.

CONCOURS DE GRAVURE

POUR 1882.

Comme suite à la demande qui
nous est adressée par dix concurrents,
le délai fatal pour la remise des gra-
vures est porté du 3i décembre au
10 janvier prochain.

UN PSEUDO-VERMEER

au musée de berlin.

Lorsque la collection de Suermondt prit
place au musée de Berlin, quelques tableaux y
entrèrent sous des noms empruntés. Ce cas se
présente fréquemment et, d'ordinaire, au bout
de quelque temps, les œuvres finissent tou
jours par être attribuées à leurs véritables au-
teurs. Mais ici, un tableau trône encore avec
un éclat immérité et le nom qu'il porte, celui
de Jan Vermeer, est si illustre, qu'il convient
de relever l'erreur. L'oeuvre en question est
désignée sous le N° 796 (c) et le catalogue en
donne la description suivante à la page 218 :
« La Maison de campagne : Au centre la façade,
inondée de soleil, d'une maison à pignons,
badigeonnée en blanc et ornée de volets rouges:
l'ombre de deux grands arbres se joue sur les
contrevents. A droite, la muraille, toute ta-
pissée de vignes d'une construction plus élevée
que termine un toit en tuiles rouges ; à quel-
que distance, un puits, sur le devant, un peu
vers la gauche, gît un tronc d'arbre. Sur le
seuil de la maison, une femme, on voit un
homme avec un enfant sous les arbres et un
domestique, occupé au puits. »

En guise de commentaire, on lit ensuite :
« Œuvre distinguée de \z première époque du
Maître si rare, remarquable par lafinesse et
la vérité avec lesquelles est rendu l'effet de

soleil.(Sur toile,hauteur 0.47, largeur 0,39).»

Certes, le tableau est joli : on y, découvre
une heureuse étude des deux maîtres de Hooch
et Vermeer, mais quant à être une œuvre
originale de ce dernier, jamais! Déclarer
qu'un tableau est une oeuvre juvénile d'un
grand maître par le seul fait d'une certaine
ressemblance de manière, est chose aussi aisée
que hasardeuse. Si l'on veut savoir comment
Vermeer peignait une maison, que l'on aille
d'abord étudier à'fond ses belles productions,
collectionnées à Amsterdam et à la Haye, et
l'on n'aura plus de peine à se convaincre qu'il
n'est pas l'auteur de la Maison de campagne.

Je crois, par contre, pouvoir affirmer que
je connais ce dernier, et, fort du suffrage de
M. de M. Philippe van der Kellen, directeur
du Cabinet des Estampes et l'nn des meilleurs
connaisseurs des Pays-Bas, je me hasarderai à
le nommer. C'est D. J. van derLaen,néà Zwolle
en 1759 et mort dans la même villeeu 1828 ou
29. Tous les doutes qui pouvaient me rester, à
cet égard, ont été dissipés lors de ma dernière
visite à Zwolle où j'ai eu l'occasion de voir
quantité de ses ouvrages. Quelle hérésie de
vouloir faire passer pour un Vermeer, un ta-
bleau du 18, ou même du 19me siècle! Mais
que l'on se donne donc la peine de regar-
der les productions de van der Laen ! La
meilleure de toutes celles que je connaisse
a été vendue à Amsterdam il y a environ un
an (t). Elle représente la vue d'un canal. Au
premier plan, à l'ombre se déroule la nappe
liquide au delà de laquelle apparaît le pignon
d'une maison, bâtie dans le style hollandais
du 17e siècle, à droite l'on aperçoit, à tra-
vers une grande porte (réminiscence de de
Hooch) une cour inondée de soleil. A gauche
un arbre, peint à la manière du tableau de
Berlin (2). Devant la maison , un cavalier,
monté sur un beau cheval blanc, cause avec
une femme qui regarde à la porte. Le cheval
et les personnages portent; toujours chez van
der Laen un cachet plus ancien que le paysage,
principalement que la facture des arbres, par

(1) Vente : Otterbeek Bastiaans, 31 Janv. 1882,
n° 26, peint sur toile : hauteur 140 es; adjugé
pour 162 fl, à M. Bnndten, marchand de tableaux
à Amsterdam.

(2) Les arbres et le ciel de ce dernier tableau
portent bien directement le cachet du 18° siècle.
Qu'on les compare à ceux peints par Vermeer
dans sa « Vue de Delft » à la Haye.

exemple : cette bizarrerie est très remarquable.
L'effet de lumière du tableau est très beau : il
est clair que l'auteur a vu et étudié de Hooch et
Vermeer. L'œuvre est signée : D. J. van der
Laen, inv. et fecit.

Ce n'est que dernièrement, en feuilletant
d'anciennes livraisons du Nederlandsche Spec-
tator, que je tombai par hasard sur nne
notice de Vosmaer concernant une vente de
tableaux faite à Harlem (5) en 1874. Qu'y
vois-je? « Van een zeer weinig bekend meester
uit het laatst der vorige eenw, D. van der
Laen, was er een stadsgezicht in den trant
van van der Meer (Vermeer), krachtig van
kleur en zoneffect, een man, die in de geschic-
denis onzer kunst der 18e eeuw een goed
plaatsje verdient. »

Le tableau fut adjugé pour 180 fl. Mais à
qui? Il doit exister encore bon nombre d'oeu-
vres de Van der Laen à Zwolle. J'y ai vu, chez
uu de ses parents, M. L. C. Zebinden, une
« Vue de ville en hiver » qui a du mérite et
deux paysages de moindre valeur,

M. J. D. Jordaens possède aussi deux pay-
sages de ce maître et M. le Doyen Spitzen,
un. Mais toutes ces productions sont plus
faibles que celle décrite plus haut. M. Zebin-
den de Zwolle, qui a connu personnellement
le peintre, dont il était même le parent éloigné,
faisait à son sujet la remarque très juste
qu'une des particularités qui le distinguent est
la manière exagérée dont il accuse la poitrine
dans toutes ses figures de femme. En général,
ses personnages ont un cachet à part et sur
lequel il est impossible de se méprendre : on
reconnaît, au premier coup-d'oeil, ce maître
qui est, en définitive, un des meilleurs de son
temps : il avait étudie chez Hendrik Meyer à
Leyde, d'après van Eynden et van der Willi-
gen, après que ses parents eussent essayé en
vain de le mettre au collège, Plusieurs de ses
tableaux ont paru aux expositions d'Amster-
dam en 1813, 1816 et 1818. N. van der Meer
grava en 178b, d'après les dessins de van der
Laen, les illustrations du poème de Julia, par
Feyth. Enfin, c'était un homme très considéré,
qui occupait plusieurs places honorifiques
à Zwolle (Van Eynden et van der Willigen,
III, 95).

Pour finir, je dois avouer que, à part ce

(3) Vente : Quarles van Uffard, Haaiiem
Mars 1874.
 
Annotationen