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N° 19

15 Octobre 1882.

Vingt-quatrième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE : Beaux-Arts : Lettres sur le Salon
d'Anvers. — A Blankenberghe. — Le musée
Plan tin. — Les dessins du Louvre. — Le manus-
crit Smeyers. — Chronique générale. — Cabinet
de la curiosité. — Annonces.

Beaux-Arts.

LETTRES
SUR LE SALON D'ANVERS.
SEPTIÈME.
Mon cher Directeur,
Je vous disais dans le P. S. de ma dernière
que j'avais reçu des lettres à propos des
miennes sur le Salon d'Anvers. Cette pluie
continue. Laissez-moi pour l'ébattement de
votre public vous transcrire le poulet reçu
l'autre jour. Cela m'est adresse', mais cela
vous concerne plus que moi.

« Monsieur le Propriétaire (?),
» Puisque vous ne parlez pas des tableaux
» de vos abonnés c'est que vous pouvez vous
» en passer (sic). Recevez donc mon désabon-
» nement. •>

Votre serviteur

***

Je supprime la signature que j'enverrai
cependant à votre bureau d'expédition pour
satisfaire à la demande de ce Monsieur.

Réponse.

O mon jeune ami (permettez-moi de vous
donner ce nom. Je dirais bien : mon frère,
mais j'aurais trop l'air d'un sermonneur)
O mon jeune ami, quelle imprudence est la
vôtre ! Vous vous plaignez de ce que je n'ai
point parlé de votre tableau. D'abord veuillez
remarquer que je n'ai pas fini. Il est vrai de
dire que l'œuvre que vous avez exposée étant
ce qu'on peut appeler une abominable croûte,
je me serais bien gardé de la mentionner.
Mon silence constitue donc un procédé qui
au lieu de vous faire désabonner au Journal
des Beaux-Arts, aurait dû vous engager à
prendre plusieurs abonnements à l'effet de
prouver votre reconnaissance. Cela eût peut-
être amolli (tout est possible) le cœur de vos
juges, ou du moins, cela aurait peut-être pu
les amener à vous donner des conseils utiles.

Vous vous êtes sans doute imaginé, ô mon
jeune ami, qu'il suffisait d'être abonné pour
obtenir le droit d'être critiqué, c'est-à-dire
loué et glorifié au-dessus de tous les autres.
J'aime votre naïve supposition ; mais je vais
vous en montrer les conséquences. Il y a

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

étranger : 12 fr.

environ 600 exposants à Anvers et 1600 nu-
méros. Permettez-moi de supposer que tous
les exposants soient au nombre de nos
abonnés. Pourquoi pas ? Vous en étiez bien,
vous. En admettant qu'il faille dès lors parler
de tous les abonnés et de leurs produits,
c'est bien le moins qu'on donne 10 lignes à
l'appréciation de l'œuvre. Ces 10 lignes
représentent le prix de l'abonnement à raison
de 90 centimes la ligne. — L'Etoile belge
coûte plus cher ; pour ses réclames elle
demande 3 fr. la ligne. — Donc 1600 œuvres
à analyser à raison de 10 lignes chacune,
cela fait r6,000 lignes. Comme chaque N°
du journal peut disposer d'environ 12 colon-
nes, ou 700 lignes, pour la revue du Salon,
celle-ci devrait durer environ douze mois.
Vous voyez que c'est insensé.

Je suppose bien que vous croyez votre
œuvre digne de passer avant beaucoup d'au-
tres dont on pourrait ne rien dire. Eh
bien, détrompez vous; si j'avais été amené
à parler de votre tableau, j'aurais logique-
ment dû parler de celui de M. Manet, ce
qui eut été pour moi le comble de la morti-
fication.

Vous n'avez ni talent, ni style, mais au
moins vous avez de la franchise. Vous ne
pouvez donc pas trouver mauvais que j'en aie
aussi. Donc, ô mon jeune ami, apprenez à
dessiner et à peindre, apprenez à lire et à
écrire et puis apprenez à penser. Quand vous
saurez tout cela, réabonnez-vous au Journal
des Beaux-Arts qui alors parlera de vous.
Votre Serviteur,

P. G.

(Qiii en fait de propriété n'a que celle
de sa canné).

Je recois aussi une lettre, très sensée celle-
là, d'un artiste de talent qui discute la petite
critique que j'ai faite de son œuvre. On pour-
rait s'étendre longuement sur la question qu'il
soulève entre l'harmonie de la palette et l'har-
monie de la donnée, mais à quoi bon? Nous
aurions, à n'en pas douter, raison tous les
deux Donc, continuons et terminons notre
examen (1).

De M. Quitton j'ai remarqué les Fari-
boles : la paysanne, est bien, fort bien et le

(1) Je reçois enfin une épitre en vers. Cela est daté
de Schaerbeeck et signé Un artiste aux abois.
L'auteur y prend la défense du sexe barbu. Je me
borne à accuser réception de cette pièce.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

chaudron aussi, mais le jeune homme! Je se-
rais en vérité bien désolé pour la jeune fille si
jamais les fariboles de ce monsieur pouvaient
exercer un certain charme sur son cœur.
M. Dauriac s'ossifie un tantinet à Arlon où
d dirige l'école de dessin. Il promettait mieux
jadis. Quant à M. Burgers, je ne sais ce qui
lui manque : peut-être a-t-il tort de peindre
des Hollandais rue de la Rochefoucauld.

Voici encore quelques dames dont les
noms sont marqués sur mon Mémento :
Mlle de Mertens avec une Marseillaise très
artistiquement peinte ; Mlle Demont-Breton
dont la Famille éminemment française a sol-
licité l'attention du public ; la Bne L. de
Weiler qui expose un tableau religieux d'une
grande tendresse ; Mlle S. Dodson, une An-
glaise de Paris qui n'a pas peur de Michel-
Ange et nous a bravement envoyé un Moïse
de large facture ; Mlle Dossieux a peint
largement une bottée de ces mélancoliques
fleurs dites de Ste Catherine ou Chrysan-
thèmes ; Mlle Lalande nous envoie des Chiens
couplés peints avec une étonnante vigueur.

M. Verheyden, qu'on oublie de temps en
temps,a soin de se faire remettre en mémoire.
Aujourd'hui il nous envoie une Récréation
d'une peinture un peu lâchée : son fils Isidore,
qui est un paysagiste de grande valeur et qui
comprend la nature,expose plusieurs œuvres
où se révèle son génie pictural, mais où le
perspectiviste est parfois en défaut comme
dans son Sous bois. M. Velghe dans ses
Fleurs et fruits montre une étonnante
maestria, exagérée toutefois, à considérer
le genre qu'il pratique et qui ne demande pas
ces audacieuses truellées que j'y rencontre.
Quant à M. Pelouze je n'ai pas su m'orienter
dans les masses compactes qu'il appelle les
Bords de l'Ellée. C'est un peu comme la
musique de Wagner, c'est beau mais on ne
comprend pas; ou bien c'est comme cette lan-
terne magique ou une chandelle allumée ai-
derait à voir.

M. Mauve est un excellent praticien, je ne
le conteste pas, mais je le soupçonne d'être
un esprit chagrin si j'en juge par le peu de
gaîté, qu'il met d'ordinaire dans ses portraits
de la nature. J'ai vu de lui de très beaux,
mais sales moutons et d'un lourd!., et les
impressionnistes de se rouler devant ces
choses-là tout comme i!s s'esclaffent devant
les animaux de Verboeckhoven. Et les mar-
 
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