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pseudo-Vermeer de la galerie de Berlin, je ne
connais aucun tableau de van der Laen dans
un musée public (1).

Je viens d'apprendre que le tableau men-
tionné plus haut comme faisant partie de la
collection Otterbeek- Bastiaan, appartient
maintenant à Frédéric Didier et Ce d'Amster-
dam et qu'il a été rentoilé et restauré. (Gazette
des Beaux-Arts de Leipzig — Traduit par
A. P. pour le Journal des Beaux-Arts.

A. Bredius.

QUELQUES MOTS

a propos de la nationalité des peintres
clouet ou cloet (2).

Les renseignements sur ces peintres distin-
gués sont peu nombreux, et le catalogue du
Musée du Louvre en donne les détails connus.
Suivant lui, le premier du nom serait Jean
Clouet le disant né a Bruxelles (rien ne le
prouve), mais on sait d'après une quittance
de lui datée de 1475 qu'il était occupé par le
Duc de Bourgogne étant à Bruxelles. Il lui
naquit un fils nommé François, 2° du nom (3),
celui là on a la certitude qu'il n'était pas de
la Tourraine, car étant venu en France, il fut
attaché au roi François I, comme peintre et
valet de chambre, et dans son brevet on le
dit non natif du royaume; il demeurait à
Tours, car, vers 1300, il lui naquit un tils dans
cette ville, François Clouet dit Jeannet, 3P du
nom, le plus célèbre delà famille.

Mais en feuilletant le glossaire de M. De-
laborde, j'ai trouvé, un Charles Cloet de Tours
qui, à la date de 1353, travaillait pour le roi
Jean de France, et certe il était dans les cé-
lèbres, car son travail lui était largement
payé. Je cite

« == pour 1/2 X1J pièces d'enlumineure, mis
dessous les étaux du dit faudesteuil, dont il
y en a xi armoiries aux armes de France ivj
prophètes tenans rolleaux et est le champ d'or
et iiij grans histoires Salomon, etc. et furent
faiz par la mai î Pierre Cloet de Tours pour
ce iiij xxxvj écus. »

Voilà donc nne famille qui de longue date
était connue à Tours. Cet ancien Cloet peut
être le grand-père du prétendu 1er du nom,
qui lui aussi, vers la fin de sa vie, retournait
dans cette ville. La tendance de cette famille à
faire sa demeure dans la capitale de la Tou-
raine, et son nom ne se trouvant dans aucune
gilde flamande, donne lieu à croire qu'elle
était originaire de la Tourraine.

B.

(1) C'est facile a comprendre : tous les Vancler-
laen sont débaptisés et vendus au profit de
Vermeer (N. d. 1. R.).

(2) Cette note que nous adresse un de nos abonnés
n'est pas de nature à élucider l'histoire des Clouet,
mais elle nous paraît utile à connaître.

(3) N'est-ce pas Jean ou Jehannet qui est né à
Bruxelles ? Dans tous les cas ce François nous est
inconnu.

VENTE ANDBÉ GILL.

L'état du malheureux fantaisiste, poète ori-
ginal et naïf autant que dessinateur humoris-
tique et pantagruélien, ne laisse plus aucun
espoir de guérison.

A la requête de l'Administration centrale des
Hôpitaux de Paris, le mobilier, les tableaux,
les sculptures, esquisses, dessins, bibelots et
meubles garnissant l'atelier du Boulevard
d'enfer vont être prochainement vendus.

Cet immense atelier, baigné de lumière
aveuglante, si touffu, si plein de recoins en
dépit de ses mètres carrés de surface; fut,
quelques années, le rendez-vous du tout Paris
jeune, artistique et vibrant. Celui qui écrit mé-
lancoliquement ces lignes, lesquelles malgré
tout ont un reflet d'épitaphe, parvenait par-
fois, à peine «d'extirper » — c'était son mot --
d'un amoncellement d'antiquailles, le grand
garçon, aussi franc travailleur qu'entêté im-
pressionniste. Gill, en effet, accueillait tout le
monde, en bon enfant, mains ouvertes, Ira los
montes du chaos des bahuts flamands, du fouil-
lis des tentures en velours ciselé de Gênes;
des replis ployés, contre-ployés et sous-ployés
de ces immenses paravents en laque du
Coromandel aux végétations inouïes, bos-
suées de bas-reliefs dorés, dont il raffolait.
À l'heure présente, la Lesché moderne où
vrombissait l'essaim d'artistes et d'aimables
désœuvrés est bien appauvrie, le brouhaha
infernal s'est fait morne silence ; les uns après
les autres, les assidus de l'atelier ont cessé de
venir, tandis que les inestimables bibelots
s'en allaient aussi, un à un, empruntés, don-
nés, vendus —la plupart, hélas, vendus — pour
conjurer l'effondrement ou faire face aux né-
cessités impérieuses des derniers jours.

Ce qui reste dans l'atelier d'André Gill, suffit
toutefois amplement pour provoquer un der-
nier pèlerinage d'attraction de la part du
monde artiste et constituer une vente fort
intéressante pour les dessus de panier du
clan bibeloteur.

D'abord, plusieurs tableaux à peu près ter-
minés : parmi ceux-ci, une vraie toile de
maître, Les Lilas, « Dimanche d'une famille
de prolétaires » peinture plein air, aussi lu-
mineuse que morale. Nous y avions vu tra-
vailler Gill, le Journal des Beaux-Arts du
15 février dernier en acclamait le succès cer-
tain au prochain Salon de Paris. L'artiste —
hallucination ou pressentiment étranges — la
délaissa tout à coup pour brosser d'inspira-
tion cette page horripilante : Un fou dans son
cabanon. Le tableau préféré obtint à la fois la
vogue populaire et la sanction artistique. Be-
produit dans le catalogue illustré, il fut payé
douze mille francs par M. Belloc le richissime,
banquier américain.

Hélas, à cette heure triomphale si impatiem-
ment attendue, le pauvre Gill était redevenu
le modèle de sa navrante page !

Au nombre des oeuvres quasi finies mettons
la Dispute à l'Assommoir, sujet brutalement

réaliste rappelant certaines compositions de
notre regretté De Groux. Parmi les études,nous
savons plus d'un qui voudra posséder, à beaux
deniers comptants, l'une des Virginies — Gill
appelait ainsi une demi douzaine de jeunes
filles noyées peintes d'après nature—tenues
en réserve pour ce tableau de suprême maî-
trise dont il parlait parfois avec une sorte de
mystère. N'oublions pas deux renversants con-
trastes qualifiés « pendants, » un portrait d'en-
fant à moitié nu sur un, moelleux tapis de...
neige, juxtaposé à un sylphe aérien baigné
d'éther lumineux lutinant des papillons et des
libellules.

Près du lit de l'artiste se dresse la fameuse
maquette du Panorama : Les hommes du jour,
annoncé en plein paroxisme de l'épidémie pa-
noramique—laquelle des ateliers avait envahi
la Bourse — par les plus éclatantes fanfares de
la presse parisienne, comme chef-d'oeuvre gé-
nial vivant, vécu, appelé à faire le tour des
deux hémisphères

C'était sur le succès d'exph itation de cette
« modernité » gigantesque que le pauvre Gill
fondait ses rêves chimériques de fortune et
d'honneurs. Chacun sait qu'un beau jour les
boursiers abandonnèrent la spéculation,comme
trop aléatoire et, le grand rieur parisien, la
fin lettré au vers misanthropique, demeuré
gros Jean, comme devant : ne réussit pas à se
consoler et perdit la raison.

Quelle leçon muette pour les jeunes, les
présomptueux et les intempérants qu'un tête
à tête avec ce panorama mort-né, des Hommes
du jour ! Quelles réffexions philosophiques
surgissent implacables,si delà maquette ina-
chevée leurs regards tombent sur l'esquisse du
Fou dans son cabanon !

Betournons aux bibelots échappés au nau-
frage : au fond de la pièce, sur le manteau
d'une vaste cheminée s'étalent d'inestimables
statuettes, des faïences, une paire de chenêts
monumentaux en fer martelé ; les bustes en
terre cuite, signés : Carrier-Belleuse, de « ten-
dresses » jadis triomphantes et célèbres, Léonide
Leblanc et Alice Griez, faisant face à une po-
chade inénarrable ayant pour thème le faciès de
la Vierge rouge de Belleville. Un superbe bahut
de chêne sculpté, surmonté du buste d'André
Gill ; des sièges. Une table, des canapés, et,
dessus tous ces meubles des amoncellements de
pochades et d'esquisses, une collection complète
des journaux illustrés par Gill avec toutes les
épreuves mutilées, modifiées, châtrées ou sai-
sies sous le second Empire et les originaux
de celles qui ont donné lieu à des poursuites
judiciaires. Voilà de quoi décider les moins
entreprenants des «brie-à-bracquistes»,et des
« bibeloteurs » à tenter l'ascension de la véri-
table échelle de meunier qui conduit à cette
claire et retentissante thébaïde qui vit les
Happy days du sympathique Aristophane pic-
tural d'An tan.

Sciioy.
 
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