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confraternel banquet d'adieu dans les salons
du Grand Hôtel en s'ajournant à Tété pro-
chain. C. de P.

ICONOGRAPHIE.

Flore, gravure de Jacquet, d'après Cabanel.
Paris. Jourdan, Barbot & Cie.

J'ai depuis quelque temps, sur ma table,
quelques gravures nouvelles éditées par la
maison Barbot et Cie, ancienne maison Du-
sacq, boulevard Poissonnière, à Paris. Je me
reprocherais de ne pas en avoir parlé plus tôt
si elles n'échappaient par leur mérite intrin-
sèque à cette modernité qui tue tout ce qui
nait avec une rapidité inouie. Je crois même
que les bonnes gravures gagnent à vieillir et
à ce qu'on n'en parle ni trop, ni trop vite. Il
en est de celles-ci comme des livres vraiment
bons, ce sont ceux dont on parle le moins
qui se vendent le mieux.

Après cette sorte d'aphorisme ou de para-
doxe, comme vous voudrez, regardons en-
semble cette Flore de Cabanel qui s'avance
vers nous avec un sourire de charmeuse et
des yeux un tantinet agrandis par le peintur-
lurage à la mode. Oui, Madame.Flore (car
vous êtes une madame, M. Cabanel le prouve
vigoureusement et puis n'êtes-vous pas :
épouse Zéphire ?) vos yeux ont passé par les
mains d'un artiste-retoucheur des grâces de
la nature et cela vous donne un petit air
moderne et caponant que les statues grecques
n'ont pas. A cela près, chère Madame, vous
avez de la grâce dans la tournure. Le jupon
que vous portez en partie sur votre bras
gauche, est peut-être un peu gênant, vous
pourriez en jeter un petit bout sur la poi-
trine, mais il fait si chaud ! Et puis vous êtes
probablement seule,dans votre jardin un peu
bourgeois mais bien tenu, quoique à vrai
dire, il semble appartenir à quelque droguiste
de son métier, vu la camomille, la digitale,
la bourrache,le coquelicot et la centaurée qui
s'y développent à cœur joie. Quant à celui
qui vous a gravée, Madame, c'est un homme
habile mais quels plis pesants et gênés il a
fait tomber sur vos jolis pieds et quelle main
droite distraite vilainement attachée au bras!
sauf cela, Madame, vous êtes délicieuse et ce
que vous avez de mieux à faire c'est de re-
mercier M. Jaquet par votre plus joli sourire
et la plus belle fleur de votre bouquet.

Aglaé, gravure de G. Biot, d'après Cabanel.

Cette Aglaé rappelle vaguement la sainte
Monique d'Ary Scheffer ; si celle-ci repré-
sente rinassouvissement du ciel, celle-là fi-
gure l'inassouvissement delà terre.Les poses,
sans être identiquement les mêmes, ont dans
leur disposition une sorte de mimique que
M. Cabanal aurait mieux fait d'éviter. Quoi
qu'il en soit, cette donnée anacréontique a
tenté le burin de M. Biot qui, avec une in-
contestable grandeur et pureté de touche,s'est
complu à rendre ce que le sujet avait de poésie
langoureuse et de sentiment ionien. Le trait

est d'une sobriété toute classique et exprime
notamment dans les chairs d'Aglaé, la beauté
et la splendeur d'une irréprochable nature.
Une mollesse délicieuse et une grâce indes-
criptible au moyen de la plume,caractérisent
ce beau corps grec dont le bras frise peut être
de trop près la robusticité ; la tête serait tout
à fait jolie sans ce grand œil distrait dont le
dessin n'est pas irréprochable. Quant à l'Ana-
créon au geste épuisé et à la lèvre méprisante,
il s'efface assez convenablement au second
plan, pour que tous les honneurs reviennent
à sa compagne. Le burin de M. Biot a dans
les parties colorées de son œuvre un senti-
ment et une distinction qui feront rechercher
Aglaé par tous les amateurs fins et délicats.

UN CURIEUX PLAGIAT.
André Mantegna et D. Hopfer.
Il est universellement reconnu maintenant que, à la
glorieuse époque de la Renaissance, les rapports qui
unissaient les artistes entre eux et les maîtres à leurs
élèves, étaient tout différents d'aujourd'hui. Ils étaient
d'une nature beaucoup plus intime ; les académies
n'ayant pas encore acquis leur importance présente, { rente de la nôtre' d'envisager la propriété artistique

ce n'était pas dans leur enceinte que le novice de l'art
arrivait par degrés à se former une personnalité,
mais bien dans l'atelier du Maître, en vivant avec lui,
en travaillant sous ses yeux, en assistant à la produc-
tion de ses œuvres, depuis la première ébauche jus-
qu'au dernier coup de pinceau entrant ainsi dans les
moindres détails de la conception et de l'exécution.
Aussi les antiées d'apprentissage commençaient-elles
de bonne heure. Avait-on découvert des capacités ar-
tistiques chez un adolescent? on lui cherchait promp-
tement une place chez un maître : il est vrai qu'au
quinzième siècle on n'exigeait pas d'un même individu
la somme de connaissances variées qui constitue ce
que nous sommes convenus d'appeler une éducation
universelle.

On ne cherchait d'ordinaire à développer qu'un
seul talent, mais aussi, perfectionnait-on davantage.
La pratique avait le pas sur la théorie et il était aisé
au jeune peintre de se familiariser avec la technique
qu'il voyait sans cesse appliquer sous ses yeux : son
éducation artistique se faisait pour ainsi dire en se
jouant.

De cette liaison plus étroite entre le maître et l'élève,
devait naturellement résulter une manière, toute diffé-
 
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