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tous les cercles artistiques du pays. Je fis
valoir les considérations, les motifs qui sem-
blaient être à mes yeux des preuves évidentes
de la nécessité qu'il y avait alors pour les ar-
tistes de s'entendre, de s'unir, de se fédérer,
en un mot.

Cette nécessité de s'unir s'impose de plus
en plus aux artistes belges. Quand je consi-
dère de près la question d'une fédération ar-
tistique en Belgique, se basant sur l'union des
Cercles et des So ciétés d'art, autant cette
chose rêvée excitait d'abord mon imagination
autant, après trois ans d'examen et d'expé-
riences décevantes, je trouve peu de chances
à voir triompher ce projet.

Pour que la fédération se fasse— et elle se
fera —il faut que le projet soit modifié. 11 ne
faut plus nourrir le vain espoir de voir se
grouper dans lin faisceau indestructible les
cercles artistiques du pays.

C'est un rêve, j'en conviens. Jamais les bu-
reaux des cercles locaux ne voudront abdi-
quer leur prépondérance toute locale devant
le bureau central d'une Fédération des cercles.

Je le prouve :

La première chose que j'ai faits, il y a trois
ans, c'est un appel aux bureaux des princi-
paux Cercles artistiques du pays. Je leur ai
communiqué ma lettre où j'exposais le plan
de la Fédération. Un seul a daigné me répon-
dre, celui de Gand, et l'on me fit savoir que
le bureau donnerait communication de mon
projet de fédération à tous les membres du
cercle. Au moins ces messieurs montrèrent
du savoir-vivre, mais là se borna, pour eux,
leur bonne intention. Ailleurs le silence se fit
autour de ma proposition.

Il est vrai que le motif de ce silence n'était
un secret pour personne. Plusieurs de mes
amis voulurent même réagir contre cette in-
différence affectée, et ils tentèrent d'organiser
une fédération des artistes appartenant à tou-
tes les nuances, à toutes les opinions. Les
statuts de la Société de la Fédération artisti-
que furent votés; des membres de l'Essor, de
l'Observatoire et du Cercle Artistique de Bru-
xelles,firent partie de cette fédération au petit
pied et le bureau fut constitué provisoirement.

Les procès-verbaux des séances tenues par
les adhérents à cette union artistique existent
encore. Comment cette fédération embryon-
naire n'est-elle pas devenue une institution
agissante?C'est là une question délicate.

Une fédération des artistes n'est possible
que faite en grand.

Voici, à mon avis, M. le Directeur, com-
ment on pourrait modifier le projet de la Fé-
dération des cercles artistiques : ce serait de
former une Fédération générale de tous les
artistes du royaume.

Cette Fédération artistique serait une es-
pèce de syndicat. Cette idée ne m'est pas per-
sonnelle. D'autres artistes partagent cette ma-
nière de voir. MM. les architectes de Bruxelles
ont même formé un syndicat à l'union syndi-

cale. Seulement, ce que je propose n'est pas
une union locale, mais la fédération générale
de tous les artistes des villes belges, et cela
d'une façon indépendante, en dehors de toute
influence de tel ou de tel cercle et en dehors
de toute pression d'autorité ou d'influence
quelconque.

Les statuts de cette fédération laisseraient
toute liberté de penser, d'agir au point de vue
artistique, et ne pourraient, en rien, attenter
à l'esprit, à la tendance des cercles artistiques
locaux. Cette fédération serait un lien, une
force matérielle et morale; car là se débat-
traient et seraient défendues les questions qui
doivent être chères à tous les cœurs d'artiste.
Voyez avec quel élan sont nées ces manifesta-
tions artistiques en faveur de familles frap-
pées par la mort 011 par la maladie incurable.
L'organisation de ces comités de secours est
parfaite; on y sent le cœur qui bat et qui
console; il y a dans ces comités de vrais or-
ganisateurs, or je fais appel à l'expérience de
ces hommes pratiques ; ne croient-ils pas, ne
sont-ils pas certains que, si les artistes d'un
même pays se trouvaient unis par une fédéra-
tion générale, on rencontrerait bien plus d'em-
pressement à venir en aide aux familles des
confrères malheureux?

Eh bien, ce que les comités de charité ont
fait pour quelques familles, tous les artistes
peuvent le faire pour tons leurs confrères en
se plaçant à des points de vue qui domine-
raient une masse d'intérêts. Je connais des
artistes de talent, habitant de petites villes de
province qui s'estimeraient heureux d'enten-
dre un écho de la grande voix de la famille
artistique belge, et cette voix pourrait se faire
entendre dans des assises de la Fédération.
On se réunirait à certaines époques de l'année
tantôt à Bruxelles, tantôt à Anvers ou à Gand,
ou à Liège, pour débattre les intérêts com-
muns. On serait, non seulement une famille
d'artistes, mais on deviendrait une force de-
vant l'étranger.

Ne pourrait-on pas établir une administra-
tion centrale, une gérance, dont le directeur
ne serait point un artiste, mais un homme
s'entendant à une administration artistique.

De ce centre on pourrait expédier, en bloc,
les envois pour les expositions internationales.
Les frais généraux seraient bien moindres
pour chaque artiste. Ce bureau central don-
nerait tous les renseignements nécessaires au
profit des expositions. Les frais du bureau de
la Fédération seraient couverts par une con-
tribution minime de chaque artiste (1).

J'admets que dans le principe des difficul-
tés d'exécution surgiront, mais ce n'est pas
une raison pour rester à ne rien faire alors
que tout le monde constate une crise formi-
dable, se plaint et demande un sauveur.

(1) Bien de questions pourraient être débattues
et résolues — entre autres la question de la pro-
priété artistique — celle des copies réputées origi-
nales, etc.

Je suis pour l'action. Je suis de ceux qui
pensent que les artistes doivent et savent faire
leurs propres affaires lorsqu'il s'agit de s'en-
tr'aider loyalement, fièrement et avec énergie.

Que si, laissant les considérations extrinsè-
ques, je pénètre plus avant dans la question
et si j'examine le véritable but à atteindre, j'y
aperçois la fin de ces éternelles et tristes di-
visions, de ces compétitions écœurantes qui
exposent le monde artistique, non seulement
à la risée, mais au mépris des hommes d'ac-
tion, des hommes qui savent que rien ne se
fait de durable ici bas que parla solidarité et
par l'union de toutes les initiatives.

Si vous jugez, Monsieur le Directeur, que
ce qui précède pourrait aider à la formation
de la Fédération artistique, vous pouvez en
donner connaissance à vos lecteurs et je serais
heureux que ma voix fût entendue.

Emmanuel Van den Bussciie.

Bruxelles, 1 juin 1884.

BIBLIOGRAPHIE.

Adriaen Brouwer, ein Bild seines Lebens und
sines Schaffens, von Wilhelm Bode, Vienne,
1884 ( Gesellschaft fur vervielfàltigende
Kunst).

Il a été fait mention, dans le précédent n°
du Journal des Beaux-Arts, de la monogra-
phie d'Adrien Brouwer, publiée par la Société
de gravure de Vienne. Ce travail, dont nous
avons fait connaître les belles planches, émane
de la plume du D1' Bode et mérite d'autant
mieux d'être signalé ici, que l'auteur se pro-
nonce pour l'origine flamande du célèbre
peintre de genre, et par origine nous enten-
dons à la fois l'extraction et l'éducation.

Sans récuser le témoignage de Houbraken
qui fait passer Brouwer par l'atelier de Frans
Hais, M. Bode recherche avec raison ce que le
joyeux artiste a pu retenir de l'influence de
Rubens et, certainement, ses meilleures œu-
vres virent le jour dans notre pays, dans le
voisinage immédiat du chef de l'école flamande
dont la galerie ne comptait pas moins de dix-
sept de ses peintures. C'estVan Dyck qui nous
a laissé le portrait d'Adrien Brouwer en qui
M. Van den Branden nous montre le commen-
sal de Paul Pontius à dater de 1634. Nous
savons enfin par M. de Burbure que, en 1638,
le peintre fut inhumé à Anvers même.

Le fait de l'incarcération de Brouwer à la
citadelle d'Anvers où, selon Bullart, il s'était
présenté « vêtu à la hollandaise », a pu cer-
tainement tenir à des causes plus graves, mais
nous devons pourtant faire observer que l'ana-
logie de costume n'était pas du tout aussi
complète que le suppose M. Van den Bran-
den, entre les habitants des provinces du nord
et ceux du midi des Pays-Bas au xvne siècle.
Pour peu qu'on veuille considérer les gravures
de modes du temps, on verra que non-seule-
ment les Hollandais avaient le pourpoint plus
1 court et plus ajusté, mais le chapeau trom-
 
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