DE L'HINDOUSTAN. 59
procurent aux cultivateurs deux moissons par an. Les habitants construisent
leurs maisons avec des troncs d'arbres, tels que le teyk, le rita, espèce de
bois blanc, qui viennent en grande abondance dans leur voisinage, où chacun
peut en couper autant qu'il lui convient. Les villages habités par les chrétiens
de S. Thomé sont nombreux, propres et bien bâtis. On trouve aussi beau-
coup de Juifs blancs et noirs dans cette province; mais la ville principale des
premiers estMatatehéry, aune demi-lieue de Cotchin: les Juifs noirs habitent
Tritour, Parour, Tchenota et Maleh; ils sont méprisés par les Juifs Wancs ,
qui les regardent comme d'une caste inférieure à la leur.
La ville de Cotchin est connue dans l'Inde sous le nom de Catcha-Bender,
ou port de Catclia. En effet, son port est extrêmement sûr. Elle est située à
la pointe nord-ouest d'une petite île formée par l'embouchure de la rivière
de Kâlîcoulan au sud, et au nord par la rivière qui vient de Cranganor. Les
Hollandois, qui l'enlevèrent aux Portugais, en resserrèrent l'enceinte, afin
de la mieux fortifier. Les principaux édifices de Cotchin sont l'église et l'hôtel
du gouvernement, qui est très spacieux, très commode, et fait face à une belle
plaine. Les rues sont larges et assez propres. Enfin c'étoit, d'après leur propre
aveu, l'établissement le plus important que les Hollandois possédassent dans
les Indes orientales. De là ils entretenoient des relations très suivies avec
l'Arabie. Les sequins de Venise, qu'on y apportoit par la voie de l'Egypte,
servoient de monnoie courante. Aujourd'hui les habitants, et sur-tout les
Anglois résidant dans ce pays, font un très grand commerce avec Surate,
Bombay, la province de Malabar, le Kânara, la Chine, l'Arabie et les îles
de l'Océan oriental.
A peu de distance nord de Cotchin, par dix degrés quinze minutes de lati-
tude, est située Cranganor, capitale du petit district du même nom, autrefois
très célèbre; elle forme aujourd'hui la limite septentrionale du petit royaume
de Travancore. On attribue sa fondation aux Juifs de la tribu de Manassé,
fugitifs à l'époque de la captivité de Babylone ; ils mirent, dit-on, trois ans
entiers à venir, au nombre de vingt mille, de la Judée dans l'Inde. Ils ache-
tèrent bientôt le petit état de Cranganor, et y fondèrent une république, où
leur nombre s'accrut, suivant le voyageur Hamilton, jusqu'à quatre-vingt
mille familles, lesquelles sont maintenant réduites à quatre mille. Outre ces
Juifs, on trouve aussi à Cranganor bon nombre de chrétiens de S. Thomé,
procurent aux cultivateurs deux moissons par an. Les habitants construisent
leurs maisons avec des troncs d'arbres, tels que le teyk, le rita, espèce de
bois blanc, qui viennent en grande abondance dans leur voisinage, où chacun
peut en couper autant qu'il lui convient. Les villages habités par les chrétiens
de S. Thomé sont nombreux, propres et bien bâtis. On trouve aussi beau-
coup de Juifs blancs et noirs dans cette province; mais la ville principale des
premiers estMatatehéry, aune demi-lieue de Cotchin: les Juifs noirs habitent
Tritour, Parour, Tchenota et Maleh; ils sont méprisés par les Juifs Wancs ,
qui les regardent comme d'une caste inférieure à la leur.
La ville de Cotchin est connue dans l'Inde sous le nom de Catcha-Bender,
ou port de Catclia. En effet, son port est extrêmement sûr. Elle est située à
la pointe nord-ouest d'une petite île formée par l'embouchure de la rivière
de Kâlîcoulan au sud, et au nord par la rivière qui vient de Cranganor. Les
Hollandois, qui l'enlevèrent aux Portugais, en resserrèrent l'enceinte, afin
de la mieux fortifier. Les principaux édifices de Cotchin sont l'église et l'hôtel
du gouvernement, qui est très spacieux, très commode, et fait face à une belle
plaine. Les rues sont larges et assez propres. Enfin c'étoit, d'après leur propre
aveu, l'établissement le plus important que les Hollandois possédassent dans
les Indes orientales. De là ils entretenoient des relations très suivies avec
l'Arabie. Les sequins de Venise, qu'on y apportoit par la voie de l'Egypte,
servoient de monnoie courante. Aujourd'hui les habitants, et sur-tout les
Anglois résidant dans ce pays, font un très grand commerce avec Surate,
Bombay, la province de Malabar, le Kânara, la Chine, l'Arabie et les îles
de l'Océan oriental.
A peu de distance nord de Cotchin, par dix degrés quinze minutes de lati-
tude, est située Cranganor, capitale du petit district du même nom, autrefois
très célèbre; elle forme aujourd'hui la limite septentrionale du petit royaume
de Travancore. On attribue sa fondation aux Juifs de la tribu de Manassé,
fugitifs à l'époque de la captivité de Babylone ; ils mirent, dit-on, trois ans
entiers à venir, au nombre de vingt mille, de la Judée dans l'Inde. Ils ache-
tèrent bientôt le petit état de Cranganor, et y fondèrent une république, où
leur nombre s'accrut, suivant le voyageur Hamilton, jusqu'à quatre-vingt
mille familles, lesquelles sont maintenant réduites à quatre mille. Outre ces
Juifs, on trouve aussi à Cranganor bon nombre de chrétiens de S. Thomé,