94 NOTICE GEOGRAPHIQUE
tral et le septentrional, et dans cette étendue le climat est un des plus chauds
de toute l'Inde. Il est vrai que des brises de mer viennent de temps en temps
tempérer cette chaleur dévorante, et répandre une douce fraîcheur dans l'at-
mosphère embrasée. Aux mois de mai, de juin et de juillet, des averses et
même des pluies qui durent deux et trois jours procurent une fraîcheur
salutaire, et favorisent la culture des grains. Dans une grande partie du
Rarnatic le sol est sablonneux et l'eau tellement rare, qu'on a beaucoup de
peine à s'en procurer. On la recueille dans de vastes réservoirs (tank) creusés
au milieu des champs, et qui se remplissent dans la mousson pluvieuse. Dans
les villes, les villages et le long des grands chemins, les voyageurs trouvent
de ces espèces d'hôtelleries vulgairement nommées tchoultrys et tciiâvady
dans le pays , fondées par de riches dévots ' ; un Brahmane y réside habituel-
lement et fournit aux voyageurs des vivres et une natte. Outre ces tchoul-
trys , on voit aussi une innombrable quantité de vastes pagodes surchargées
de sculptures, et des forteresses presque toutes de forme carrée, qui attestent
l'ancienne splendeur du Rarnatic. La plupart de ces forteresses tombent
maintenant en ruine à cause de la tranquillité dont jouit cette contrée sous le
gouvernement de la Compagnie. La très grande majorité de la population
professe le brâhmanisme ; les musulmans y sont peu nombreux, si ce n'est à la
cour du nabâb et dans quelques villes. En 1785 on comptoit environ 20,000
chrétiens de la communion romaine, et 40,000 des autres communions. La
population totale du Rarnatic peut se monter à cinq millions d'ames. Les
habitants n'égalent pas à beaucoup près en force corporelle ceux du haut
Hindoustân, si l'on en excepte les esclaves des castes inférieures nommées
Soudra, Pantchem Bendem, et Tchensou, Carir, ces derniers n'ont pas de
maisons et vivent principalement de fourmis blanches. L'usage du tabac en
poudre est très commun parmi les Hindous, mais il n'y a que les musulmans
qui fument; un brahmane qui se permettroit la pipe perdroit sa caste. En
général tous les usages des Hindous et leurs pratiques sont observés ici dans
la plus grande pureté, malgré le voisinage et la fréquentation des Européens;
à très peu de distance de Madras, on se croiroit transporté dans le centre de
l'Hindoustân proprement dit.
(1) Voyez sur ces hôtelleries des Indes le t. II, p. 11, 17, 22, 46, Ci, 64 et suivantes.
tral et le septentrional, et dans cette étendue le climat est un des plus chauds
de toute l'Inde. Il est vrai que des brises de mer viennent de temps en temps
tempérer cette chaleur dévorante, et répandre une douce fraîcheur dans l'at-
mosphère embrasée. Aux mois de mai, de juin et de juillet, des averses et
même des pluies qui durent deux et trois jours procurent une fraîcheur
salutaire, et favorisent la culture des grains. Dans une grande partie du
Rarnatic le sol est sablonneux et l'eau tellement rare, qu'on a beaucoup de
peine à s'en procurer. On la recueille dans de vastes réservoirs (tank) creusés
au milieu des champs, et qui se remplissent dans la mousson pluvieuse. Dans
les villes, les villages et le long des grands chemins, les voyageurs trouvent
de ces espèces d'hôtelleries vulgairement nommées tchoultrys et tciiâvady
dans le pays , fondées par de riches dévots ' ; un Brahmane y réside habituel-
lement et fournit aux voyageurs des vivres et une natte. Outre ces tchoul-
trys , on voit aussi une innombrable quantité de vastes pagodes surchargées
de sculptures, et des forteresses presque toutes de forme carrée, qui attestent
l'ancienne splendeur du Rarnatic. La plupart de ces forteresses tombent
maintenant en ruine à cause de la tranquillité dont jouit cette contrée sous le
gouvernement de la Compagnie. La très grande majorité de la population
professe le brâhmanisme ; les musulmans y sont peu nombreux, si ce n'est à la
cour du nabâb et dans quelques villes. En 1785 on comptoit environ 20,000
chrétiens de la communion romaine, et 40,000 des autres communions. La
population totale du Rarnatic peut se monter à cinq millions d'ames. Les
habitants n'égalent pas à beaucoup près en force corporelle ceux du haut
Hindoustân, si l'on en excepte les esclaves des castes inférieures nommées
Soudra, Pantchem Bendem, et Tchensou, Carir, ces derniers n'ont pas de
maisons et vivent principalement de fourmis blanches. L'usage du tabac en
poudre est très commun parmi les Hindous, mais il n'y a que les musulmans
qui fument; un brahmane qui se permettroit la pipe perdroit sa caste. En
général tous les usages des Hindous et leurs pratiques sont observés ici dans
la plus grande pureté, malgré le voisinage et la fréquentation des Européens;
à très peu de distance de Madras, on se croiroit transporté dans le centre de
l'Hindoustân proprement dit.
(1) Voyez sur ces hôtelleries des Indes le t. II, p. 11, 17, 22, 46, Ci, 64 et suivantes.