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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0260

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9.38

VITRAUX DE BOURGES.

me paraît renfermer des traits remarquables pour letude de eette littérature ecclésiastique du xne siècle,
à la fois naïve et sérieuse; pleine d'abandon, et toujours guidée par les Pères, érudite par le fond, et
d'une aisance presque folâtre par la forme; tant on était encore familiarisé avec l'usage de la langue
latine! Mais, aGn qu'on ne prenne pas pour une doctrine universelle l'application symbolique de ce
récit au sort des Gentils et des Juifs (i), nous citerons une pièce de vers du moyen âge, qui n'y voit
qu'une leçon sur l'égalité morale des personnes devant Dieu, et sur cet avenir seul durable qui doit
compenser les inégalités éphémères des sociétés terrestres (2). Telle est aussi la doctrine que nous y
montrent ordinairement les Pères de l'Église(3); enseignement si bien fait pour consoler les affligés sur
la terre, que saint Augustin croit devoir leur recommander de ne pas s'en faire un sujet d'orgueil (4).
N'en soyons point surpris, puisque Notre-Seigneur conseille aux riches de faire la cour aux pauvres(5),
pour obtenir par leur entremise d'être admis près du grand Roi. Leçon assez importante, et trop
naturelle, d'ailleurs, à la suite des faits retracés par saint Luc, pour que nous songions à prêter une

>ata

1 ta

Quia non crediderunt Moysi nec prophetis, Ante fores ejus pauperrimus ille jac)

Nec Christo resurgenti a mortuis.» Ulceribus plenusLazarus,micasquepet 1

„ , , i ,,. n , -, , Sed frustra puisât ubi nemo misertus eg)

On voit dans 1 avant-dernicre strophe que 1 idée de représenter 1 ° entis

1 1 1 Ciausa domus fuerat,obstriictaquejanuam|

les hommes apostoliques sous la forme de chiens de berger, comme Post epulas mundi f post fercula fine not

l'a fait Simon Memmi à Florence pour les Dominicains (Cs. Va- Post finem vitœ, meritis mercede par

sari, Vita di Simone Memmi, ed. Bottari, t. I, p. 102. — Rosini, In patriarcharum numéro miser istelocJ r

Storia délia pittura, 1.1.—Etc.), n'était ni une invention du siècle *1Ie potens ardet; ardenti gutta neg(

1 ii» ii » /r *j / r» Ardet in înlerno dives sine fine sep)

de Giotto, ni la traduction puérile dun calembour a froid (Do- Etve^cit LazarumDominiper sœcula viullus

mini canes). C'était tout simplement uue réminiscence de ce Pro celebri veste, pro cœna splendidii

qu'avaient dit, entre autres, saint Grégoire (in Evangel.,homil. XL, Dives in inferno cruciatur et inferif

2 ; t. V, 367, sq.) et saint Augustin (m Ps. LXVII, 24; t. IV, 682), Illa fames Lazari nimium nimiumque bej

, t . ., , Tir- Praemia mine recipit, vultu Domini sali)

quelque sept ou huit siècles auparavant. Je le lais remarquer pour 1

que l'on s'accoutume à bien saisir ce caractère du symbolisme «o Félix anima, Domini splendore reple

chrétien qui vise toujours à une sorte de consécration puisée dans Nunc consolaris, et agis convivia lœ

quelque chose de traditionnel. De cette sorte, l'artiste ennoblis- 0 P'«dens Lazare, féliciter esuriK.

. • ^ r ' 1 1 Nam modo te satiat faciès ea quam volu

sait sa couronne en empruntant certains rayons a 1 auréole des , ,

. . O bona paupertas , qua Cbristum promeru . .

saints docteurs. Raphaël avait encore un sentiment trop délicat Eccemetisgaudensqua3seminaflendo(Ps.cxxv,6)dedrstl

de son rôle, pour ne pas comprendre cette dignité de l'art ainsi ulcéra qui catulis lingentibus exhibul.

entendu; mais après lui, on dirait que ce tact a été enlevé aux Totus ab ulceribus** vitiorum convaluf

artistes presque universellement. Cela est si vrai, que beaucoup 0 Fe,lx PauPer > modo gaudes qui doluh.

., • . a i. t Sic commutavit excelsi dexterarPs.Lxxvi.iOChr

d entre eux ne saisiront même pas bien ce que je veux dire. 1

La description de l'enfer telle que la trace le Spéculum semble «Tu vero quid agis, infelicissime d

être un extrait de XElucidarium (libr. III, cap. 4 ; Anselm. Opp., ed. Pro mundi pompa modo venues sunt tibi c

cit., p. 479) attribué souvent à saint Anselme. La comparaison des Vermibus exposita nunc est caro debci

. * r> t ., , 1» Quam pavit cœna tam splendida, tam preti

deux passages me parait confirmer d une manière tres-grave 1 opi- 1

r o 1 i cruciant animam vernies qui non mon.

nion de ceux qui regardent XElucidarium comme une des pre- 0 miseri qui sic vivunt! quia sic pati|entur

mières Oeuvres d'HonoriuS. O dives, quem nunc inferni vallat abl (

(1) Ce symbolisme, reproduit par Honorius dans sa Perle de Quid prodest illic tibi purpura ! quid tibi b|yssus'
lame (libr. IV, cap. 44 ; Bibl. PP. XX, ll lS. — ffortUS deliciar., Jam nunc apparet in tempore perditij
r 1 , , , / 1 r»- rc rt ytî Mundi divitia; cujus sint conditi)
loi. 124), est expose également par Rupert (de Div.oJJic, libr. Ail,

cap. 1), et parait être une imitation de saint Grégoire le Grand (m « n01o cœnantes nimio sermone ten)

Evang., homil. XL; t.V, 367, sqq.); car saint Ambroise (t. I, l47^, Dedccet hicnimiumqueloqui,nimiumquetacjere

sq.) ne fait guère qu'en suggérer l'idée avec une certaine réserve. Tu q«emcumque juvat vestis bona, splendida m

. • , . , . 1 , j ,iv . • . ,. .■ Paupensestomemor;et, dum potes, hic modo n

Mais saint Isidore avait donne du crédit a cette interprétation, en 1 . ' • • , • F

1 Quam cito prœtereant miseri solatia m

la résumant dans ses Allégories ( t. V, 147, sq.). Et quam sint longa mala judicii tremeb

(2) J'emprunte encore cette curiosité littéraire du xne siècle à Ex alia parte debes modo prœmedit
XHortus deliciarum (fol. 120). La forme est la même que celle Civibus angelicisquam dulce sit associ
du poème de Petrus Anshelmi sur les Mystères du nouveau sacri- ?"orum te civer? faciet mundus modo v|ictus

. r ! vi 1 , 1 , , Ad quem vincendum nos armet Rex bened

fice; mais comme les vers lies en couplets par la queue ont ete
souvent employés à cette époque, le silence du manuscrit d'Ho-

henbourg me réduit à Confesser mon ignorance. * On doit s'apercevoir que cet inde loquatur répond à notre expression : Ce qu'il en dit.

I îves

osa

ensa

undi

an

Amen.

Pour bien saisir l'intention de l'auteur, quand il parle des plaies de Lazare, il faut se rappeler

« Divite de mensa quicumque venis epul ^ . que les [écrivains ecclésiastiques comparent fréquemment la lèpre au péché, et voient une figure du

Quis sit post cœnam lectus debes médit j sacrement de pénitence dans le droit de juger la lèpre qui était attribué au sacerdoce lévitique. Cs.

1 Gregor. M., in Evanzel.. homil. XL 2 C t V Ï6n\
Prx-sentem vitam convivia nostra voc 6 6 ' 2 lE" v'

... amus.
Et mors est lectus ubi post cœnam recub A •. ,T ^T

Quœdam fercula sunt quibus hic benepossumns W Augustin., lit Ps. XLVIH, 9 —l4j XXXIII, IO-l5 (t. IV,

Sed multo plura qua? sunt inimica sal " 1 4^0—4^5;222—225); Serm. XLI, de Eccli. XXII, 28 (t. V, 206, Sq.).

« Si quis in bac cœna mundo tantum satur , ~Petr- Chrysolog., Serm. LXVI, CXXI-CXXIV.—ChrysOSt., de

"l| 111* T /

Post banc in lecto non pausat, sed emei Lazaro (t. 1, 715—7-51).—Pseudo-Chrysost., de Lazaro (t. VIII,

VellePatris facere, Christi cibus esse(Joann.,iv,34)doc ^ Append., 113— 116). — Hieronym., epist. XCII, ad Julian. ( t. IV,

Post non esuriet si quis semel hoc sati P. II, 753, sq.).—Maxim. Taurin., de Capit. Evang., XIX(p. 773 —

111e cibus bonus est, Christi sunt fercula gr| t m J

Hœc faciunt nobis post cœnam mollia str)^ ^ ~ Gaudent., Prœfat. ad Benwol. — Etc., etc.

Audiat omnis homo qui mecum nunc epul)atur S. Maxime de Turin, comme Prudence, saint Paulin de Noie, etc.,

Quid cum discipulis Verbum Patris inde* loqu j donnent à Lazare le nom plus hébraïque d'Éléazar.

« Divilis exemplo subjectos a?dificl , (4) Augustin., serm. XIV, de Ps. IX, 14 (t. V, 83—85).

Quem celebris vestis et splendida cœna juv) [5) Luc. XVI, 9.
 
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