FORTIFICATIONS ANTIQUES, ETC.
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enfin qu’une autre voie, dite le chemin de la Reine et venant d’Ar-
genteuil, coupait la pointe des monts de Sanois pour gagner le village
actuel d’Épinay.
Que nous supposions maintenant des bandes armées passant de la
vallée d’Argenteuil dans celle de Montmorency, elles étaient de
suite arrêtées par la tour en terre : terrena turris, de l’époque gallo-
romaine, que l’on voit encore dominant la Seine et le chemin de la
Reine, à l’extrémité du contre-fort des monts qui séparent les deux
vallées.
Si, au contraire, ces bandes venaient des environs de Pontoise
par la voie antique, elles avaient le choix de deux chemins au-des-
sous d’Eaubonne, l’un passant sur le plateau d’Épinay, l’autre sur
celui d’Enghien. Alors commençaient pour elles les obstacles que
l’art et les accidents topographiques avaient semés sur leur route.
Si elles préféraient suivre la longue et étroite colline qui existe
entre la Seine et les marécages, elles allaient bientôt se heurter
contre un fort que la carte de Gassini qualifie de donjon, et place au
lieu même où la route de Montmorency vient se joindre à celle qui
traverse le village d’Épinay.
Une fois ce premier obstacle franchi, elles en trouvaient un autre
beaucoup plus considérable à la Briche, où s’élevait une forteresse
dans l’angle que forme la Seine avec les étangs et la rivière qui cou-
lait dans le marécage. Le nom de la Briche est le même que ceux de
la Bresche et de la Bretesche, signifiant un fort au moyen âge. Ce
castellum a servi de demeure à Dagobert Ier, qui en avait fait sa
villa. Il est devenu, depuis cette époque et après avoir subi diverses
transformations, fief principal d’Épinay jusqu’à la révolution
de 1789. Tant il est vrai que les bonnes positions militaires ont été
recherchées dans tous les âges et par tous les peuples.
Il pourrait même se faire que le fossé existant à l’ouest du château
de la Briche appartînt à l’ancienne fortification, et, qu’en y faisant
des fouilles, on le trouvât à fond angulaire comme celui de Berri-
au-Bac que l’établissement du moyen âge avait utilisé.
Que nous supposions maintenant que les hordes étrangères, au
lieu d’aller d’Eaubonne à Épinay, se soient engagées sur la voie de
Saint-Denis, qui passait entre Montmorency et Enghien, elles étaient
arrêtées de suite à la Barre-de-Deuil par un rempart gazonné, dont
les traces sont encore visibles depuis le marais d’Omnesson jusqu’à
celui de Deuil. On sait d’ailleurs que la dénomination de barre, en
terme de fortification, dérive du mot gallo-romain barium, signifiant
forteresse ou rempart.
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enfin qu’une autre voie, dite le chemin de la Reine et venant d’Ar-
genteuil, coupait la pointe des monts de Sanois pour gagner le village
actuel d’Épinay.
Que nous supposions maintenant des bandes armées passant de la
vallée d’Argenteuil dans celle de Montmorency, elles étaient de
suite arrêtées par la tour en terre : terrena turris, de l’époque gallo-
romaine, que l’on voit encore dominant la Seine et le chemin de la
Reine, à l’extrémité du contre-fort des monts qui séparent les deux
vallées.
Si, au contraire, ces bandes venaient des environs de Pontoise
par la voie antique, elles avaient le choix de deux chemins au-des-
sous d’Eaubonne, l’un passant sur le plateau d’Épinay, l’autre sur
celui d’Enghien. Alors commençaient pour elles les obstacles que
l’art et les accidents topographiques avaient semés sur leur route.
Si elles préféraient suivre la longue et étroite colline qui existe
entre la Seine et les marécages, elles allaient bientôt se heurter
contre un fort que la carte de Gassini qualifie de donjon, et place au
lieu même où la route de Montmorency vient se joindre à celle qui
traverse le village d’Épinay.
Une fois ce premier obstacle franchi, elles en trouvaient un autre
beaucoup plus considérable à la Briche, où s’élevait une forteresse
dans l’angle que forme la Seine avec les étangs et la rivière qui cou-
lait dans le marécage. Le nom de la Briche est le même que ceux de
la Bresche et de la Bretesche, signifiant un fort au moyen âge. Ce
castellum a servi de demeure à Dagobert Ier, qui en avait fait sa
villa. Il est devenu, depuis cette époque et après avoir subi diverses
transformations, fief principal d’Épinay jusqu’à la révolution
de 1789. Tant il est vrai que les bonnes positions militaires ont été
recherchées dans tous les âges et par tous les peuples.
Il pourrait même se faire que le fossé existant à l’ouest du château
de la Briche appartînt à l’ancienne fortification, et, qu’en y faisant
des fouilles, on le trouvât à fond angulaire comme celui de Berri-
au-Bac que l’établissement du moyen âge avait utilisé.
Que nous supposions maintenant que les hordes étrangères, au
lieu d’aller d’Eaubonne à Épinay, se soient engagées sur la voie de
Saint-Denis, qui passait entre Montmorency et Enghien, elles étaient
arrêtées de suite à la Barre-de-Deuil par un rempart gazonné, dont
les traces sont encore visibles depuis le marais d’Omnesson jusqu’à
celui de Deuil. On sait d’ailleurs que la dénomination de barre, en
terme de fortification, dérive du mot gallo-romain barium, signifiant
forteresse ou rempart.
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