Revue archéologique (6.1862)

NOTE

SUR UN HYPOCÉPHALE

Les tombeaux de l’antique Égypte nous ont conservé une foule
d’objets curieux, parmi lesquels ceux qui ont rapport aux cérémo-
nies de la sépulture méritent surtout de fixer notre attention, à cause
du jour qu’ils jettent sur les croyances religieuses. Grâce aux progrès
rapides que la science du déchiffrement a accomplis depuis quelques
années en France et en Angleterre, on peut, au moyen de l’interpré-
tation des inscriptions qui couvrent presque tous les monuments de
l’ancienne Égypte, préciser d’une manière certaine l’usage d’un grand
nombre de ces objets dont la destination nous était restée obs-
cure jusqu’ici. L’hypocéphale est de ce nombre. Mais avant de passer
à l’explication de l’exemplaire qui va nous occuper, il est nécessaire
de jeter un coup d’œil rapide sur les rites funéraires de ce peuple ori-
ginal, et de dire un mot du grand principe qui y domine.

Dans son remarquable discours prononcé à l’ouverture du cours
d’archéologie égyptienne au collège de France (1), M. le vicomte de
Rougé a eu le mérite d’appeler le premier l’attention du public sur la
véritable croyance des anciens Égyptiens; mais c’est surtout dans son
savant travail sur le Rituel funéraire (2) que l’on trouve exposé, d’a-
près des textes hiéroglyphiques très-précis, le fond et la substance de
la doctrine égyptienne. C’est là que cet éminent égyptologue a établi
d’une manière décisive que cette doctrine repose tout entière sur la
notion d’un Dieu unique, existant par lui-même dès le commence-
ment, et s’engendrant lui-même éternellement, les autres divinités
dont la mythologie égyptienne est remplie n’étant d’ailleurs que les
attributs de cet être suprême personnifiés et symbolisés sous des

(1) Voir le numéro du Moniteur du 2 mai 1860.

(2) Étude sur le Rituel funéraire, etc., Revue archéologique, 1860, numéro de
janvier et suivants.

VI. —Septembre 1862.

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