BIBLIOGRAPHIE
Histoire de la ville d'Aumale et de ses institutions, depuis les temps anciens
jusqu’à nos jours, par Ernest Semichon, avocat, conseiller général de la Seine-
Inférieure, etc. 2 vol. i il - 8, avec cartes. Paris et Rouen, 1862.
Voici un travail qui nous paraît excellent, ce qui ne veut pas dire que
l’ouvrage soit au-dessus de toute critique. Comme livre, VHistoire de la
ville d’Aumale laisse à désirer. C’est une suite d’études variées plutôt
qu’un livre composé avec art; mais cela importe peu à l’archéologie; ou-
blions donc ces défauts, qui ne touchent à rien d’essentiel, et félicitons
M. Semichon de nous avoir donné un tableau si vrai et si saisissant des
institutions municipales au moyen âge, et cela non en homme de théorie
qui fait rentrer dans un système préconçu les faits isolés qu’il rencontre
sur son chemin, ou en avocat qui plaide une cause, mais en critique sage
et impartial, en homme de bonne foi qui cherche la vérité et ne craint
ni les contradictions apparentes ni les dangers des conclusions inatten-
dues. M. Semichon marche toujours pièces en main, lentement, comme
il le faut quand on veut marcher prudemment; il interroge chaque siècle
à part : il n’est point effrayé de trouver que le siècle dans lequel il entre
ne ressemble pas à celui qu’il quitte; il a des documents positifs; il note
en passant les différences qui distinguent chaque époque et continue patiem-
ment sa route. Il a recueilli ainsi un grand nombre de faits d’un haut
intérêt historique dont il fait sentir toute la portée dans une Introduction
de plus de cent cinquante pages. M. Semichon y fait très-clairement voir
que, dans le cours des huit à neuf siècles qui précèdent la révolution
française (il ne remonte pas plus haut faute de documents certains) les
institutions municipales se sont incessamment modifiées; qu’il est impos-
sible de porter sur le moyen âge un jugement unique; que ce qui est
vrai pour le douzième siècle est faux pour le treizième; que ce qui est
vrai du treizième n’est les trois quarts du temps plus applicable au quator-
zième ou au quinzième siècle, et qu’enfin une charte isolée à une épo-
que quelconque, ne prouve par conséquent rien qu’un fait isolé, comme
elle, et dont il n’v a, avant plus ample enquête, rien de général à con-
clure. Comment faire dans ces conditions l’histoire de la France au moyen
âge? Comment affirmer du tout ce que l’on peut à peine affirmer, le plus
souvent, d’un point unique, et pour un temps très-restreint, car toutes Jes
parties de la France au moyen âge ne marchent pas du même pas, n’o-
béissent pas aux mêmes influences? La diversité qui se manifeste en pas-
sant d’un siècle à l’autre sur un point quelconque du territoire peut se
Histoire de la ville d'Aumale et de ses institutions, depuis les temps anciens
jusqu’à nos jours, par Ernest Semichon, avocat, conseiller général de la Seine-
Inférieure, etc. 2 vol. i il - 8, avec cartes. Paris et Rouen, 1862.
Voici un travail qui nous paraît excellent, ce qui ne veut pas dire que
l’ouvrage soit au-dessus de toute critique. Comme livre, VHistoire de la
ville d’Aumale laisse à désirer. C’est une suite d’études variées plutôt
qu’un livre composé avec art; mais cela importe peu à l’archéologie; ou-
blions donc ces défauts, qui ne touchent à rien d’essentiel, et félicitons
M. Semichon de nous avoir donné un tableau si vrai et si saisissant des
institutions municipales au moyen âge, et cela non en homme de théorie
qui fait rentrer dans un système préconçu les faits isolés qu’il rencontre
sur son chemin, ou en avocat qui plaide une cause, mais en critique sage
et impartial, en homme de bonne foi qui cherche la vérité et ne craint
ni les contradictions apparentes ni les dangers des conclusions inatten-
dues. M. Semichon marche toujours pièces en main, lentement, comme
il le faut quand on veut marcher prudemment; il interroge chaque siècle
à part : il n’est point effrayé de trouver que le siècle dans lequel il entre
ne ressemble pas à celui qu’il quitte; il a des documents positifs; il note
en passant les différences qui distinguent chaque époque et continue patiem-
ment sa route. Il a recueilli ainsi un grand nombre de faits d’un haut
intérêt historique dont il fait sentir toute la portée dans une Introduction
de plus de cent cinquante pages. M. Semichon y fait très-clairement voir
que, dans le cours des huit à neuf siècles qui précèdent la révolution
française (il ne remonte pas plus haut faute de documents certains) les
institutions municipales se sont incessamment modifiées; qu’il est impos-
sible de porter sur le moyen âge un jugement unique; que ce qui est
vrai pour le douzième siècle est faux pour le treizième; que ce qui est
vrai du treizième n’est les trois quarts du temps plus applicable au quator-
zième ou au quinzième siècle, et qu’enfin une charte isolée à une épo-
que quelconque, ne prouve par conséquent rien qu’un fait isolé, comme
elle, et dont il n’v a, avant plus ample enquête, rien de général à con-
clure. Comment faire dans ces conditions l’histoire de la France au moyen
âge? Comment affirmer du tout ce que l’on peut à peine affirmer, le plus
souvent, d’un point unique, et pour un temps très-restreint, car toutes Jes
parties de la France au moyen âge ne marchent pas du même pas, n’o-
béissent pas aux mêmes influences? La diversité qui se manifeste en pas-
sant d’un siècle à l’autre sur un point quelconque du territoire peut se