130
REVUE ARCHEOLOGIQUE.
formes particulières, qui prenaient des noms différents suivant les
localités où on les adorait.
Une autre croyance non moins sublime se lie intimement au dogme
fondamental, l’immortalité de l’âme (1), et c’est à ce dogme qu’a trait
particulièrement l'usage des hypocéphales. Ce sont encore des docu-
ments originaux qui nous ont fourni des renseignements précis sur
cette partie de la doctrine égyptienne, caries liturgies, les hymnes et
les prières que contiennent les papyrus funéraires traitent non-seu-
lement des cérémonies de la sépulture, mais aussi de la destinée de
l’âme après la mort. La réunion d’un grand nombre de ces textes for-
mait un livre sacré que Champollion a nommé le Rituel funéraire,
et dont un exemplaire plus ou moins complet était placé dans chaque
sépulture. Nous en possédons de nombreuses copies, à l’aide des-
quelles le texte original peut être rétabli dans toute son intégrité. La
haute importance de ce livre funéraire pour l’étude de la religion
égyptienne est généralement reconnue aujourd’hui, et, dans ces der-
niers temps, le Rituel a été l’objet d’un examen approfondi de la part
de M. de Rougé, qui a commencé à publier les résultats de ses inves-
tigations (2).
Pour obtenir l’immortalité, le défunt devait subir des épreuves
nombreuses et avoir été reconnu vertueux par Osiris, juge suprême
de l’Occident, l’enfer égyptien. Après des pérégrinations acciden-
tées, lame et le corps se rejoignaient pour ne plus se quitter. « Son
corps ne périra pas, et son âme ne sera plus jamais séparée de son
corps, » dit le Rituel au chapitre 89(3), qui a pour titre : Chapitre de
réunir l’âme à son corps dans la région funéraire. La vignette qui ac-
compagne ce texte représente la momie couchée sur le lit de mort,
et l’âme, sous la forme d’épervier à tête humaine, volant vers elle et
lui apportant la croix ansée, symbole de la vie La même idée se
trouve illustrée dans les petits cénotaphes du musée du Louvre, où
l’on voit le défunt, couché sur le dos, accompagné de sa femme ou de
sa sœur. L’âme, sous la forme décrite plus haut, s’approche pour se
réunir au corps, qu’elle doit animer d’une nouvelle vie (4).
(1) Il faudrait plutôt dire : l’immortalité de l’homme. M. Chabas, à qui je suis re-
devable de plusieurs indications très-utiles, m’a fait observer avec raison que l’im-
mortalité du corps et môme celle de l’ombre sont affirmées dans les textes aussi
positivement que celle de l’âme.
(2) Etude su?’ le Rituel, etc., Revue archéologique, 1860, numéro de janvier et
suivants.
(3) Voir Lepsius, Todtenbuch, ch. 89, 1. 7.
(â) V. de Rougé, Notice sommaire des monuments égyptiens du musée du Louvre,
p. 92.
REVUE ARCHEOLOGIQUE.
formes particulières, qui prenaient des noms différents suivant les
localités où on les adorait.
Une autre croyance non moins sublime se lie intimement au dogme
fondamental, l’immortalité de l’âme (1), et c’est à ce dogme qu’a trait
particulièrement l'usage des hypocéphales. Ce sont encore des docu-
ments originaux qui nous ont fourni des renseignements précis sur
cette partie de la doctrine égyptienne, caries liturgies, les hymnes et
les prières que contiennent les papyrus funéraires traitent non-seu-
lement des cérémonies de la sépulture, mais aussi de la destinée de
l’âme après la mort. La réunion d’un grand nombre de ces textes for-
mait un livre sacré que Champollion a nommé le Rituel funéraire,
et dont un exemplaire plus ou moins complet était placé dans chaque
sépulture. Nous en possédons de nombreuses copies, à l’aide des-
quelles le texte original peut être rétabli dans toute son intégrité. La
haute importance de ce livre funéraire pour l’étude de la religion
égyptienne est généralement reconnue aujourd’hui, et, dans ces der-
niers temps, le Rituel a été l’objet d’un examen approfondi de la part
de M. de Rougé, qui a commencé à publier les résultats de ses inves-
tigations (2).
Pour obtenir l’immortalité, le défunt devait subir des épreuves
nombreuses et avoir été reconnu vertueux par Osiris, juge suprême
de l’Occident, l’enfer égyptien. Après des pérégrinations acciden-
tées, lame et le corps se rejoignaient pour ne plus se quitter. « Son
corps ne périra pas, et son âme ne sera plus jamais séparée de son
corps, » dit le Rituel au chapitre 89(3), qui a pour titre : Chapitre de
réunir l’âme à son corps dans la région funéraire. La vignette qui ac-
compagne ce texte représente la momie couchée sur le lit de mort,
et l’âme, sous la forme d’épervier à tête humaine, volant vers elle et
lui apportant la croix ansée, symbole de la vie La même idée se
trouve illustrée dans les petits cénotaphes du musée du Louvre, où
l’on voit le défunt, couché sur le dos, accompagné de sa femme ou de
sa sœur. L’âme, sous la forme décrite plus haut, s’approche pour se
réunir au corps, qu’elle doit animer d’une nouvelle vie (4).
(1) Il faudrait plutôt dire : l’immortalité de l’homme. M. Chabas, à qui je suis re-
devable de plusieurs indications très-utiles, m’a fait observer avec raison que l’im-
mortalité du corps et môme celle de l’ombre sont affirmées dans les textes aussi
positivement que celle de l’âme.
(2) Etude su?’ le Rituel, etc., Revue archéologique, 1860, numéro de janvier et
suivants.
(3) Voir Lepsius, Todtenbuch, ch. 89, 1. 7.
(â) V. de Rougé, Notice sommaire des monuments égyptiens du musée du Louvre,
p. 92.