384 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Ce mot, qui signifie littéralement tablette, désignait d’abord la
table couverte de poudre sur laquelle, à l’aide d’une baguette de
géomètre, on traçait les signes de numération; puis on donna ce
nom à de vrais traités d’arithmétique. Gerbert se servait souvent de
cette table pour ses opérations ; mais, pour frapper plus vivement
les esprits et leur rendre sa méthode plus sensible, il fit dresser un
tableau divisé en vingt-sept compartiments ou colonnes dans les-
quels il disposa neuf signes exprimant tous les nombres. Il fit repro-
duire ces signes en corne, au nombre de mille, et les répartit dans
les vingt-sept compartiments (1). On les nommait en commençant
par la droite. Le premier compartiment désignait les unités, le se-
cond, à gauche, les dizaines, et ainsi de suite en décuplant toujours
la valeur de la colonne précédente.
Ces colonnes étaient groupées par trois et réunies au sommet par
des arcs dans lesquels se trouvaient des lettres indiquant la valeur
des signes renfermés dans le compartiment : I, unités, X, dixaines,
C, centaines, M, mille.
Les colonnes étaient quelquefois surmontées d’arcs de cercle plus
grands qui les réunissaient au nombre de six, de neuf. C’était pour
faciliter l’énonciation d’un nombre, parce que, dans les multiplica-
tions, souvent on désignait la place d’un chiffre par le nom de sa
colonne, au lieu d’énoncer l’ordre des unités de cette colonne. Ainsi
on disait : la sixième colonne, sextus arcus, au lieu de dire la co-
lonne des centaines de mille : centenarius millenus arcus.
La nomenclature, dans le système de Yabacus, se réduisait aux
quatre termes : unités, dizaines, centaines, mille, qu’on répétait
indéfiniment. Arrivé à l’ordre des mille, on comptait par unités,
dizaines, centaines de mille. Au delà venait l’ordre des 'mille-mille,
que l’on comptait de même ; puis on disait : mille-mille-mille et ainsi
de suite.
Les grands arcs de cercle avaient pour objet de marquer distinc-
tement les termes de cette série millénaire.
Pour remplacer le zéro, qui ne lui était pas nécessaire, Gerbert
laissait en blanc la colonne où il aurait été placé. Le chiffre de
gauche prenait toujours sa valeur de position comme si la colonne
vide eût été occupée. L’emploi du zéro fit supprimer, dans le pre-
mier tiers du douzième siècle, les colonnes désormais inutiles, et
alors on substitua aux arcs de cercle, pour marquer les tranches de
trois chiffres, des points qu’on mettait au-dessus du premier chiffre
(1) Rich. Hist.,\. III, c. 54.
Ce mot, qui signifie littéralement tablette, désignait d’abord la
table couverte de poudre sur laquelle, à l’aide d’une baguette de
géomètre, on traçait les signes de numération; puis on donna ce
nom à de vrais traités d’arithmétique. Gerbert se servait souvent de
cette table pour ses opérations ; mais, pour frapper plus vivement
les esprits et leur rendre sa méthode plus sensible, il fit dresser un
tableau divisé en vingt-sept compartiments ou colonnes dans les-
quels il disposa neuf signes exprimant tous les nombres. Il fit repro-
duire ces signes en corne, au nombre de mille, et les répartit dans
les vingt-sept compartiments (1). On les nommait en commençant
par la droite. Le premier compartiment désignait les unités, le se-
cond, à gauche, les dizaines, et ainsi de suite en décuplant toujours
la valeur de la colonne précédente.
Ces colonnes étaient groupées par trois et réunies au sommet par
des arcs dans lesquels se trouvaient des lettres indiquant la valeur
des signes renfermés dans le compartiment : I, unités, X, dixaines,
C, centaines, M, mille.
Les colonnes étaient quelquefois surmontées d’arcs de cercle plus
grands qui les réunissaient au nombre de six, de neuf. C’était pour
faciliter l’énonciation d’un nombre, parce que, dans les multiplica-
tions, souvent on désignait la place d’un chiffre par le nom de sa
colonne, au lieu d’énoncer l’ordre des unités de cette colonne. Ainsi
on disait : la sixième colonne, sextus arcus, au lieu de dire la co-
lonne des centaines de mille : centenarius millenus arcus.
La nomenclature, dans le système de Yabacus, se réduisait aux
quatre termes : unités, dizaines, centaines, mille, qu’on répétait
indéfiniment. Arrivé à l’ordre des mille, on comptait par unités,
dizaines, centaines de mille. Au delà venait l’ordre des 'mille-mille,
que l’on comptait de même ; puis on disait : mille-mille-mille et ainsi
de suite.
Les grands arcs de cercle avaient pour objet de marquer distinc-
tement les termes de cette série millénaire.
Pour remplacer le zéro, qui ne lui était pas nécessaire, Gerbert
laissait en blanc la colonne où il aurait été placé. Le chiffre de
gauche prenait toujours sa valeur de position comme si la colonne
vide eût été occupée. L’emploi du zéro fit supprimer, dans le pre-
mier tiers du douzième siècle, les colonnes désormais inutiles, et
alors on substitua aux arcs de cercle, pour marquer les tranches de
trois chiffres, des points qu’on mettait au-dessus du premier chiffre
(1) Rich. Hist.,\. III, c. 54.