VASES TROUVES A MILO.
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pollon, détails qui semblent directement empruntés aux monuments
de l’Orient. D’un autre côté, le champ parsemé de plantes et de rosaces
rappelle les étoffes et les tapisseries fabriquées en Asie, et que les
Grecs cherchaient à imiter dans leurs ouvrages de céramographie.
Quant à la manière de dessiner les yeux, il n’y a pas de distinction,
pas la moindre différence entre les yeux des hommes et ceux des fem-
mes, tandis que dans les peintures noires sur fond jaune d’une époque
postérieure, la manière dont les yeux sont indiqués sert à faire re-
connaître les femmes et à les distinguer d’avec les hommes. On
remarquera également l’absence de la couleur blanche, qui est em-
ployée la plupart du temps, dans les peintures d’une époque plus
récente, pour les chairs des femmes.
On a déjà fait observer (Voir H. Brunn, Bulletin de l'Institut
archéologique, 1861, p. 9) que la lyre, dans les mains d’Apollon, a
sept cordes, ce qui ferait supposer que la fabrication des vases de
Milo est postérieure à Terpandre, qui ajouta' plusieurs cordes à la
lyre (Olympiade 26, 676 ans avant J. C.). Ceci porterait la fabrica-
tion des vases publiés par M. Conze, comme limite extrême, vers le
milieu du septième siècle avant notre ère (650 à 670 ans environ
avant J. C.). Je suis tout à fait porté à admettre cette date pour les
vases de Milo et de Santorin d’un style analogue à ceux de Milo. Les
vases les plus anciens, soit qu’on les considère comme de fabrique
hellénique, soit qu’on leur accorde une origine orientale, n’offrent
guère des figures humaines, et la couleur rouge violacé n’y est pas
employée. Les fouilles exécutées par M. Salzman dans l’île de Rhodes
viennent confirmer les distinctions à établir entre les vases d’ancien
style, dont on commence à connaître aujourd’hui plusieurs sortes
appartenant à des âges différents.
M. Conze pose la question de savoir si les trois curieux vases qu’il
publie ne sont pas des vases de fabrique orientale, apportés par les
Phéniciens et introduits par le commerce dans les îles de l’Archipel.
Mais il rejette cette supposition et il a raison. Les sujets qu’on y voit
sont grecs. Il y aurait donc eu des fabriques locales de vases peints
dans les Cyclades à une époque très-reculée. Des ouvrages pro-
duits par des artistes phéniciens ou assyriens ont pu y être portés
par le commerce et servir de modèles aux premiers artistes indigènes.
Des étrangers venus des contrées de l’Orient ont pu apprendre aux
Hellènes les éléments des arts cultivés dans leur pays. Dès les temps
homériques, les Phéniciens parcouraient sur leurs vaisseaux la Mé-
diterranée et s’aventuraient jusque sur le grand Océan.
J. DE WlTTE.
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pollon, détails qui semblent directement empruntés aux monuments
de l’Orient. D’un autre côté, le champ parsemé de plantes et de rosaces
rappelle les étoffes et les tapisseries fabriquées en Asie, et que les
Grecs cherchaient à imiter dans leurs ouvrages de céramographie.
Quant à la manière de dessiner les yeux, il n’y a pas de distinction,
pas la moindre différence entre les yeux des hommes et ceux des fem-
mes, tandis que dans les peintures noires sur fond jaune d’une époque
postérieure, la manière dont les yeux sont indiqués sert à faire re-
connaître les femmes et à les distinguer d’avec les hommes. On
remarquera également l’absence de la couleur blanche, qui est em-
ployée la plupart du temps, dans les peintures d’une époque plus
récente, pour les chairs des femmes.
On a déjà fait observer (Voir H. Brunn, Bulletin de l'Institut
archéologique, 1861, p. 9) que la lyre, dans les mains d’Apollon, a
sept cordes, ce qui ferait supposer que la fabrication des vases de
Milo est postérieure à Terpandre, qui ajouta' plusieurs cordes à la
lyre (Olympiade 26, 676 ans avant J. C.). Ceci porterait la fabrica-
tion des vases publiés par M. Conze, comme limite extrême, vers le
milieu du septième siècle avant notre ère (650 à 670 ans environ
avant J. C.). Je suis tout à fait porté à admettre cette date pour les
vases de Milo et de Santorin d’un style analogue à ceux de Milo. Les
vases les plus anciens, soit qu’on les considère comme de fabrique
hellénique, soit qu’on leur accorde une origine orientale, n’offrent
guère des figures humaines, et la couleur rouge violacé n’y est pas
employée. Les fouilles exécutées par M. Salzman dans l’île de Rhodes
viennent confirmer les distinctions à établir entre les vases d’ancien
style, dont on commence à connaître aujourd’hui plusieurs sortes
appartenant à des âges différents.
M. Conze pose la question de savoir si les trois curieux vases qu’il
publie ne sont pas des vases de fabrique orientale, apportés par les
Phéniciens et introduits par le commerce dans les îles de l’Archipel.
Mais il rejette cette supposition et il a raison. Les sujets qu’on y voit
sont grecs. Il y aurait donc eu des fabriques locales de vases peints
dans les Cyclades à une époque très-reculée. Des ouvrages pro-
duits par des artistes phéniciens ou assyriens ont pu y être portés
par le commerce et servir de modèles aux premiers artistes indigènes.
Des étrangers venus des contrées de l’Orient ont pu apprendre aux
Hellènes les éléments des arts cultivés dans leur pays. Dès les temps
homériques, les Phéniciens parcouraient sur leurs vaisseaux la Mé-
diterranée et s’aventuraient jusque sur le grand Océan.
J. DE WlTTE.